PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue L'Information psychiatrique, vol. 86, n° 7, septembre 2010, pp. 635-640.
Mots clés : Psychiatrie, Classification, Diagnostic, HISTOIRE
Emiettement, dédifférenciation, numérisation, le DSM fait subir à la clinique psychiatrique un curieux traitement, le prix d'une prétendue « fiabilité », soit d'un passage revendiqué à la science. On se propose d'éclaircir l'énigme du succès mondial de cette entreprise en en restituant le contexte historique et épistémologique : la crise terminale des années 1920-1930, qui vit l'effondrement des postulats fondateurs de la clinique psychiatrique, en particulier le concept organisateur d'entité morbide et la métaphore médicale structurante du normal et du pathologique. Savoir consistant mais épistémologiquement informe, la clinique psychiatrique se survivait depuis, mais en étant bien sûr hors d'état de répondre aux attentes de précision d'une société toujours plus encadrée juridiquement et administrativement. Le DSM est le résultat de cette impasse : un semblant qui conjugue le fantasme d'une réponse scientifique dans un contexte non de progrès mais de régression de la connaissance à la jubilation d'une revanche médicale sur Freud.
Une mésinterprétation de l'antipsychologisme de Weber a pu faire croire que la théorie wébérienne de l'action considère l'action déterminée par des affects comme une simple forme déficitaire de l'action rationnelle. En réalité il importait à Weber de délimiter le champ du "compréhensible" et le statut méthodologique et épistémologique de la démarche compréhensive - dans la mesure où l'explication sociologique passait nécessairement, selon lui, par une compréhension des motivations de l'action.