La confrontation aux troubles du comportement n'est jamais simple à gérer. Mais le fait de mieux connaître ces troubles permet d'adopter de meilleurs comportements et d'apaiser ceux qui en souffrent ainsi que l'environnement qui les subit. Des techniques susceptibles de les prévenir, de les accompagner, et pourquoi pas, de les solutionner... encore faut-il que les professionnels soient sensibilisés et formés pour apporter une réponse juste et adaptée à chaque situation, forcément différente. Mais il faut être préparé et avoir réfléchi à ces situations complexes.

Le jardinage constitue une excellente thérapie non médicamenteuse. La plupart des personnes âgées accueillies en institution ressentent du plaisir à travers ce rendez-vous, tout en travaillant souvenirs, estime de soi et lien social. Les résidents atteints de troubles cognitifs en sont les plus grands bénéficiaires. Bien-être et qualité de vie sont améliorés par l'activité jardinage qui constitue une passerelle entre l'intérieur et l'extérieur, entre présent et passé. Une telle animation s'accompagne cependant d'une réflexion collégiale et de mesures de sécurité inévitables.

En institution, lorsqu'une équipe de soins accompagne une personne âgée atteinte de démence, il est parfois difficile de concilier sa singularité avec les contraintes du collectif. C'est ainsi que les soignants observent, décryptent, proposent, ajustent et réajustent. La créativité et une approche novatrice du soin réduisent l'inadéquation entre les pratiques soignantes et les besoins des personnes atteintes de démence. C'est en tout cas le choix de l'Ehpad de Comines (59).

A la Maison des Anciens, à Echirolles, en Isère (38), l'animatrice Hélène Vega, accompagnée de bénévoles, imagine des animations pour les résidents touchés par la maladie d'Alzheimer. Elle travaille depuis plusieurs séances sur le thème de la maison en mettant en place une activité multisensorielle. Après la cuisine où des objets anciens avaient été collectés, elle a décidé de leur remémorer une pièce emplie de souvenirs : le grenier.

Face à une multiplicité des acteurs et à une spécialisation des métiers lancée par les différents Plans Alzheimer, le risque de fragmentation et de rupture est bien réel. L'hétérogénéité observée sur le territoire n'offre pas les mêmes chances pour les professionnels et pour les personnes accompagnées mais des initiatives existent visant justement à créer des synergies et à renforcer la continuité recherchée par tous. En coordonnant mieux l'intervention des différents intervenants du domicile, les aidés seront de fait mieux accompagnés, mais pas seulement. Les professionnels ont aussi à y gagner.

Parce qu'une maladie dégénérative bouleverse le connu, défait les rituels et peut abaisser le seuil de tolérance par le stress et l'angoisse apportés, l'intervenant au domicile doit sûrement porter un autre regard sur sa prestation. Celui-ci peut, par un accompagnement bien approprié, apporter des outils simples qui évitent, dans la mesure du possible, la mise en place d'une crise et d'une culpabilisation, tout en écoutant et laissant vivre les émotions pour, in fine, soutenir le projet de vie de la cellule familiale.

Intervenir au domicile d'une personne n'est pas simple et notamment lorsque celle-ci est atteinte de la maladie d'Alzheimer ou d'une maladie apparentée. L'intervenant est bien souvent perçu comme un étranger, voire un intrus par la personne qui a besoin d'aide. Il se trouve généralement seul à faire face aux situations problématiques ainsi qu'à la détresse de la personne aidée comme celle de l'aidant. La réalité de terrain montre aussi que les intervenants à domicile ne disposent que de très peu de temps pour se réunir entre eux et pour se former. Mais se former à quoi ?

L'intervention chez les personnes souffrant de troubles cognitifs peut parfois être source de stress pour les aidants. C'est pourquoi une connaissance des fonctions cognitives reste utile et améliore parfois les relations inter-individus. Les professionnels de santé peuvent avoir ce rôle pédagogique auprès des particuliers afin de les "éduquer" à l'adoption de conduites positives et valorisantes envers leurs proches, favorisant ainsi le bien-être psychologique du binôme aidant/aidé.

Alors que nous abordons le "quinquennat" durant lequel le nombre de personnes atteintes de maladies d'Alzheimer et maladies apparentées (MAMA) en France risque d'atteindre le chiffre symbolique d'un million, et en l'absence de révolution dans le domaine pharmacologique par l'arrivée d'un traitement curatif, force est de s'interroger sur le quotidien des personnes vivant aujourd'hui avec la maladie. Que pouvons-nous leur proposer ?

Accompagner des personnes âgées démentes, c'est avant tout pour une équipe savoir se mettre à l'écoute, élargir son champ d'observation aux plus petits détails du quotidien qui sont autant d'indices d'un bien-être ou d'une souffrance pour des résidents désorientés, qui ne savent plus se dire. L'observation est une activité trop souvent laissée dans l'ombre, tant les professionnels sont formatés dans un schéma d'action permanente. Or, l'observation est une manière de "considérer avec attention des choses, des êtres, des évènements".