PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
L’épidémie de Covid-19 a connu une intensité particulière en Guadeloupe, avec des taux très importants d’incidence et de mortalité. Sa survenue dans une population présentant de nombreux facteurs de risque, une situation socioéconomique précaire, et un système hospitalier fragile, relève d’une situation de syndémie.
L’épidémie virale s’est doublée d’une épidémie psychique avec une forte augmentation du recours aux services de la psychiatrie publique se traduisant par l’accroissement du nombre de nouveaux patients, des actes de soins ambulatoires, du recours à l’hospitalisation, tant en psychiatrie générale qu’infanto juvénile. La défense contre l’angoisse générée par l’épidémie, les mesures de restrictions de déplacements et de relations sociales, a pris de multiples formes et relève de facteurs et mécanismes pluriels, chez les adultes, les mineurs ou les professionnels de santé.
Une forte résistance à la vaccination s’est manifestée, illustrant les limites de la démocratie sanitaire. L’opposition au vaccin s’est reliée notamment au scandale écologique et sanitaire de l’usage du Chlordécone, l’opposition à un produit chimique devenant opposition à l’état, mais aussi à toute forme d’autorité. Cette politisation de la santé est aussi portée par un syndicat à visée indépendantiste. La défiance à l’égard de ce qui vient de l’extérieur, ainsi que les enjeux identitaires et culturels ont participé aussi au retard à la vaccination, le repli sur la pharmacopée traditionnelle associant une identité faite de résistance et une appartenance protectrice. Le repli sur des identités de confrontation entre « pro » et « anti » remet en question l’identité relationnelle qui est celle de la créolisation.
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 3, juillet-septembre 2021, pp. 275-292.
Mots clés : Santé-Santé publique, Santé, Immigré, Foyer de vie, Vieillissement, Travailleur immigré, Personne âgée, Espace, Société, Exclusion sociale, Précarité, Lieu de vie, Non-recours
Cet article explore les inégalités de santé au sein de la population immigrée vieillissante résidant en foyer de travailleurs migrants. Le propos se focalise sur cette population afin de saisir les spécificités du foyer comme lieu de vie, ses effets sur l’état de santé et le recours aux soins des travailleurs immigrés âgés. On observe des indicateurs plus défavorables dans la population vivant en foyer au regard de celle résidant en habitat classique : couverture de santé moins étendue, recours moindre aux médecins spécialistes, plus forte proportion de personnes précaires, etc. Cet état des lieux relevant de constructions sociales et territoriales ne donne pas les mêmes chances de vieillir en bonne santé aux immigrés résidant en foyer. On note particulièrement l’influence de facteurs comme le cadre social et spatial du lieu d’habitation, le réseau social, le rapport à la ville, les politiques communales, etc. La santé est un révélateur du quotidien vécu par cette population, mais également de leur intégration par les pouvoirs publics dans la société française. L’analyse géographique proposée, par l’étude des interactions respectives entre espace, société et santé, présente ainsi l’intérêt de révéler des mécanismes d’exclusion sociale.
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 3, juillet-septembre 2021, pp. 69-87.
Mots clés : Santé-Santé publique, Précarité, Inégalité, Milieu rural, Politique sanitaire, Stéréotype, Santé publique, Accès aux soins
L’étude menée sur la communauté d’agglomération du Libournais (Gironde) revêt une portée heuristique pour saisir les ressorts de l’engagement des acteurs publics locaux dans la lutte contre les inégalités sociales de santé. Si l’on se réfère au modèle des déterminants sociaux de la santé, le cadrage du problème à traiter apparaît ici très sélectif car ces inégalités sont essentiellement appréhendées sous l’angle des obstacles faits aux droits et aux soins. Existent aussi des représentations faites de préjugés ordinaires à l’endroit de certains groupes sociaux doublées d’un phénomène de « sanitarisation du social ». Consistant à « traduire » au nom de la « santé publique » des problèmes sociaux en phénomènes sanitaires, ce processus de médicalisation permet de saisir les formes localement adoptées du travail d’invention de la santé publique. Si elles conduisent à transformer les multiples signes de la précarité en risques sanitaires et à les inscrire dans l’espace public pour en faire des objets de politique, cette traduction s’opère sans que ces autres catégories de problèmes (chômage, habitat indigne, troubles à l’ordre public, isolement, etc.) ne soient appréhendées comme des déterminants sociaux des inégalités en santé. Un tel travail d’inférence empêche la conduite d’une action globale et partenariale en ce domaine et obère la structuration de parcours coordonnés de santé.
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2021, pp. 255-274.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Sport, Association, Jeune, Territoire, Statistiques, Inégalité, Représentation sociale, Milieu rural, Précarité, Culture
Malgré un taux de participation élevé et une forte attraction des pôles culturels et sportifs, les 15-30 ans pénètrent encore insuffisamment le monde associatif si on tient compte de leur nombre total dans la société française. Cet article analyse la variation des engagements incluant les simples participations et les prises de responsabilités sur le territoire d’un département français. Il exploite plusieurs niveaux d’observation pour considérer l’analyse locale des faits et s’appuie par conséquent sur des matériaux allant des statistiques générales à des datas plus fines et de première main. Nos résultats permettent de dresser une typologie des associations enquêtées (types fataliste, protecteur, éducatif). Ils soulignent par ailleurs l’existence d’« oasis » et de « déserts » associatifs, c’est-à-dire les conséquences comme les causes parmi d’autres de nettes disparités parmi les 15-30 ans. Dans ce cadre, les lieux de vie constituent des marqueurs sociaux aussi puissants que les conditions sociales d’existence.
Paru dans la revue Vie sociale, n° 34-35, 2021, pp. 253-269.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Enfant placé, Famille naturelle, Pratique éducative, Assistance éducative, Tiers, Confiance, Pauvreté, Précarité, Statut social, Témoignage, Expérience, Saint Martin
Dans le cadre d’un programme de recherche portant sur les enfants confiés à un proche (epcp) dans un département d’outre-mer, cet article se fonde sur une recherche menée à Saint-Martin fin 2020. Ces dispositifs d’aide éducative en protection de l’enfance semblent généralement répondre aux besoins de la population, enfants, tiers comme parents. La mise en œuvre dans cette petite île est très spécifique, avec des particularités que l’on retrouve dans la plupart des territoires d’outre-mer (l’insularité comme ressource, l’héritage du confiage traditionnel, les migrations comme élément déclencheur, la prégnance de la matrifocalité…) ou qui sont propres à Saint-Martin (un territoire insulaire et divisé, une organisation territoriale originale qui créent des synergies, la création d’une aide spécifique comme « appel d’air », le facteur communautaire, la permanence des tiers et des référents, l’engagement des élus…).
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 31, printemps 2021, pp. 211-225.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Appartenance sociale, Atelier, Confiance, Compétence, Comportement social, Corps, Développement, Emploi, Estime de soi, Exclusion sociale, Insertion professionnelle, Méthodologie, Narcissisme, Observation, Politique sociale, Précarité, Psychanalyse, Psychisme, Réinsertion professionnelle, Réinsertion sociale, RSA, Sociologie
Cet article s’intéresse aux actions déployées dans des ateliers dits de « remobilisation vers l’emploi » à destination de bénéficiaires des minima sociaux. Par l’observation directe de ces dispositifs et par des entretiens, l’article analyse les normes et idéologies d’inspirations managériales psychologisantes qui s’y déploient. L’article détaille la manière dont l’obligation à la réinsertion passe par une action sur le corps conçu comme porteur des empêchements des sujets, mais aussi comme réceptacle à modeler et à transformer pour atteindre des effets sur le comportement et le psychisme. En mobilisant la sociologie et la psychanalyse, l’article décrit les dispositifs mis en place dans ces ateliers. L’hypothèse principale de l’article – et les enjeux critiques qu’elle engage – est que notre société lutte contre une défaillance intolérable et irreprésentable de soi qu’elle situe dans le corps et le psychisme, mais qu’elle origine aussi dans les appartenances considérées comme des freins à la réinsertion.
Article de Gilles Seraphin, Marianne Modak, Chantal Zaouche Gaudron
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 138, 1er trimestre 2021, pp. 111-119.
Mots clés : Petite enfance-Périnatalité, Pauvreté, Précarité, Jeune enfant, Aide financière, Politique sociale, Etablissement d'accueil du jeune enfant
Paru dans la revue Empan, n° 121, mars 2021, pp. 77-85.
Mots clés : Travail social : Métiers, Travail social, Implication personnelle, Responsabilité, Famille, Migration, Précarité, Adaptation, Protection de l'enfance, Intervention sociale, Créativité, Posture professionnelle, Éthique
L’accueil de famille migrante en situation de précarité juridique et sociale convoque les travailleurs sociaux à l’articulation du positionnement professionnel et de l’engagement de soi. Il les invite au(x) bricolage(s).
Paru dans la revue SAS Sciences et actions sociales, n° 14, Année 2021, pp. 9-27.
Mots clés : Alimentation, Migration, Aide alimentaire, Immigration, Pays d'accueil, Cuisine, Précarité, Culture, Tabou, Droit d'asile
La culture culinaire d’une région intègre les héritages du passé et expériences du présent, et est à l’image de ses ressources et contraintes. Si les voyages sont propices à la découverte de nouvelles saveurs, le contexte migratoire est souvent associé au maintien des habitudes alimentaires du pays d’origine, marquant le rattachement à l’identité nationale. Vu le flux important de demandeurs d’asile en France, leur grande précarité et dépendance des dispositifs d’aide, cet article questionne, par la mobilisation de données collectées via une enquête immersive au sein d’une association d’aides alimentaires, les modalités d’adaptation de cette dernière aux demandes d’un public émergeant.
Étudier une facette d’une société suppose d’être attentif à son quotidien, notamment à l’occasion du travail. Aujourd’hui, le travail s’est imposé comme une valeur centrale dans nos sociétés contemporaine et est devenu une source importante de la construction de l’identité. Il connaît de profondes mutations notamment dans le secteur de relation clientèle. Notre étude longitudinale se fonde sur des méthodes de collectes de données qualitatives dans deux centres d’appels dakarois ainsi que sur la méthode de l’analyse de contenu. Elle montre que le travail de téléconseillers se dénature, se métamorphose à cause des conditions dans lesquelles il s’exerce sur fond de rationalisation et d’intensification. Le travail de téléconseillers dans les centres d’appels ne fait plus rêver comme à ses débuts, il y a 20 ans ; l’euphorie a fait place au désenchantement. Derrière les technologies et les délocalisations, se cachent des heurts et malheurs du travail affectant le travailleur et sa société : acculturation, mauvaise gestion des ressources humaines et des conditions de travail.