PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Pourquoi des jeunes de chez nous partent-ils faire la guerre en Syrie ou se font-ils exploser, ici, dans des attentats suicides? Face au phénomène du radicalisme violent coexistent la tentation de ne rien faire, voire du déni, ou celle de croire que le sécuritaire suffira. Pour notre part, nous avons choisi de tenter de mieux comprendre pour désamorcer, prévenir et, au-delà de l’urgence, construire une société plus inclusive.
Ce numéro a été conçu pour aider les travailleurs sociaux, et tous ceux qui se sentent concernés, à déjouer les pièges des amalgames et à réinvestir dans des actions préventives.
Longtemps, nous avons hésité à consacrer un numéro de l’Observatoire à la question du radicalisme violent. N’allions-nous pas encore alimenter la surmédiatisation d’un phénomène qui ne concerne, directement, qu’une petite minorité de jeunes? N’allions-nous pas risquer d’encore attirer les regards inquiets sur une population musulmane déjà fortement stigmatisée?
Nous avons néanmoins fini par franchir le pas. Parce que, à diverses occasions, nous avons pu constater que les travailleurs sociaux se posent de nombreuses questions sur ce sujet complexe et sensible, tout en évitant de trop "s’en mêler" car craignant la maladresse, l’erreur d’interprétation, l’amalgame... Parce que, aussi, la prévention du radicalisme, à condition qu’elle soit clairement dissociée de la répression et du contrôle - ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas -, implique d’en revenir à certains fondamentaux du travail social.
Nous avons construit ce dossier en nous appuyant sur les rencontres co-organisées par le Centre Régional d’Intégration de Charleroi (CRIC) et le Centre Régional de Verviers pour l’Intégration (CRVI), en collaboration avec la Direction Générale Opérationnelle de l’Action sociale de la la Région wallonne (DGO5), "Prévention du radicalisme violent. Osons en parler", programmées en octobre et novembre 2015.
Celles-ci nous ont servi de point de départ - vous retrouverez plusieurs orateurs conviés à ces journées dans nos contributeurs - mais nous avons aussi étoffé ce dossier, que nous avons conçu en deux parties, en nous appuyant notamment sur les avis pertinents de Thierry Tournoy, Directeur du CRIC et de Daniel Martin, Directeur du CRVI.
La première partie pose cette terrible question : pourquoi des jeunes de chez nous se laissent-ils séduire par les discours de Daesh et partent-ils faire la guerre en Syrie ou se font-ils exploser dans des attentats suicides ici, en Europe? Pour y répondre, nous avons sollicité une palette de contributeurs qui, par leur expertise, décortiquent ce qui se joue derrière cet embrigadement criminel des jeunes dans le radicalisme violent.
La seconde propose des pistes et des réflexions sur ce qu’il y a lieu de mener, d’inventer, de soutenir comme actions pour prévenir cette radicalisation. Si les travailleurs sociaux ne peuvent certes agir sur la variable géopolitique ni révolutionner notre contexte sociétal actuel, ils peuvent jouer un rôle important dans divers domaines : aider le jeune à se construire comme sujet et comme acteur de son devenir; reconstruire le lien décousu entre celui-ci et la société, sa famille, l’école...; consolider son esprit critique et sa résistance morale face aux tentatives d’endoctrinement; promouvoir l’interculturalité et le vivre-ensemble; lutter contre les inégalités et les discriminations;... Et, au-delà de l’urgence, participer par leurs convictions et leurs idéaux à une société davantage inclusive et porteuse de signes positifs, d’émancipation, d’espoir.
En mobilisant l'ensemble des sciences humaines et sociales autour de quinze questions simples et directes, ce dossier apporte un regard circonstancié sur les racines et les processus conduisant à la violence, faisant voler au passage quelques stérétotypes
"Selon les évaluations d'Europol [...]on compterait pas moins de 5000 ressortissants européens ayant rejoint le théâtre de guerre du Proche-Orient, dont un nombre significatif de mineurs"
Paru dans la revue Journal du droit des jeunes, n° 351-352, janvier-février 2016, pp. 25-30.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Justice-Délinquance, Terrorisme, Jeune, Réinsertion sociale, Violence, Islam, Politique
"Sid Abdellaoui est professeur des Universités, docteur en psychologie, expert auprès des Tribunaux, vice président de l'Association française de criminologie."
Paru dans la revue Journal du droit des jeunes, n° 350, décembre 2015, pp. 9-17.
Mots clés : Justice-Délinquance, Terrorisme, Législation, Réforme, Nationalité, Guerre
Le premier ministre justifie le projet de loi de révision constitutionnelle relatif à l’état d’urgence et la déchéance de nationalité des « binationaux » condamnés pour des « actes de terrorisme » par la formule « Nous sommes en guerre ». S’il est vrai que la France est en guerre sur des théâtres extérieurs (Mali, Syrie, Irak...), le « front intérieur » est, lui, sous la menace « d’actes de guerre » commis par des individus se réclamant de telle ou telle mouvance « islamiste radicale et guerrière ».
Avant d’aborder la question de la »binationalité » pouvant justifier la déchéance de la nationalité française et les conséquences pouvant affecter plus de trois millions de citoyens, il convient d’examiner le texte qui devrait être soumis aux deux chambres du Parlement avant d’être soumis à l’approbation du Congrès rassemblant députés et sénateurs aux trois cinquièmes de leurs voix.
Dimanche 22 novembre, je me suis rendu place de la République et devant le Bataclan. Une salle où j’ai vécu des concerts qui ont marqués mon histoire musicale, ma culture. J’en suis revenu ému et sonné. Devant les traces de la violence qui étaient encore visibles par endroit, et la force des témoignages déposés là, ce sont des sentiments étranges qui m’ont traversé.
La violence du massacre fait renaître des interrogations
J’ai écrit cette année deux articles directement consacrés à la question du terrorisme et du secret professionnel en travail social. Le premier, un mois après la série d’attaques de janvier s’intitulait « Radicalisation religieuse, terrorisme, secret professionnel, secret partagé… Après Charlie, raison garder ! » Le deuxième, il y a quelques semaines seulement, « Secret professionnel : quand ceux qui veulent (tout ?) savoir usent de la culpabilisation et de la menace ».
Paru dans la revue Journal du droit des jeunes, n° 347-348, septembre-octobre 2015, pp. 9-10.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Justice-Délinquance, Terrorisme, Adolescent, Instruction judiciaire, Syrie, Paris
Le Monde du 18 septembre 2015 nous apprend cette information « En janvier 2014, leur équipée avait frappé les esprits. Deux adolescents de 15 et 16 ans, étaient partis de leur propre chef en Syrie, en douce. Les parents avaient alerté la police et les médias. Au bout d’un peu plus de deux semaines, A. et Y. étaient revenus d’eux-mêmes en France et avaient été mis en examen. L’instruction a été bouclée...