Les Etats généraux du travail social ont peu impliqué les travailleurs sociaux. Suite à un projet de fusion des diplômes contesté, le rapport de la députée Brigitte Bourguignon a débouché sur un plan d'action gouvernemental encore imprécis. Le risque d'une réflexion axée exclusivement sur le travail social, dans un contexte de poussée du néolibéralisme, est de négliger la question essentielle qu'est l'action sociale, c'est-à-dire, pour partie, l'articulation entre politiques sociales et travail social.

Cette contribution vise à apporter un témoignage de l'origine, du fonctionnement, des actions et des revendications de la commission Action travail social, qui regroupe étudiants et professionnels du social et médico-social dans le cadre de la Nuit debout parisienne. Collectif visant à fédérer ceux qui luttent ou veulent lutter à la fois contre la "loi travail" et son monde et contre l'anéantissement du social, la commission Action travail social entend porter un regard et une action critiques au service d'une société plus libre et solidaire. L'objectif de cette contribution est de témoigner, à travers mon engagement au sein de la commission Action travail social-Nuit debout Paris, et ainsi, participer à porter un regard critique sur les menaces spécifiques faites aux secteurs du social et du médico-social dans le contexte actuel.

Le Collectif des associations citoyennes dénonce la mise en place par les pouvoirs publics des contrats à impact social, instaurant ainsi un nouveau mode de financement de l'action sociale qui remet en cause ses fondements et sa finalité. Le principe est que des fonds privés financent des associations, avec une obligation de résultat, ce qui met fin au principe de l'inconditionnalité de la solidarité nationale. La remise en cause de ce principe apparaît en filigrane à la fin du plan en faveur du travail social et du développement social, par le projet de mise en place de l'évaluation de ce dernier construite sur la base d'indicateurs d'investissement social.

Pour l'auteure élue au SUFAP-FSU, et animatrice d'un blog syndical, si le rapport Bourguignon avait bien cerné le contexte difficile pour l'exercice du travail social, soumis à des exigences institutionnelles entraînant une perte de sens de ses pratiques, le plan d'action en faveur du travail social, malgré quelques éléments positifs, suscite des inquiétudes importantes quant à l'évolution à venir du travail social.

La Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants considère que le plan d'action en faveur du travail social et les cent huit préconisations de Sylviane Giampino sont de nature à contribuer à l'évolution effective des missions et pratiques du travail social et de l'accompagnement du jeune enfant et de sa famille. Cependant, elle déplore et s'inquiète de la contradiction actuelle entre la reconnaissance officielle des compétences techniques des travailleurs sociaux, qualifiées de très poussées, et l'absence persistante de concertation : ceux-ci ne sont toujours pas associés aux travaux de la Commission professionnelle consultative, concernant la réforme des diplômes. La Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants s'interroge sur la réalité des moyens qui seront attribués à la mise en oeuvre de ce plan d'action et des préconisations de la mission Petite enfance.

Retour sur la démarche des Etats généraux du travail social et la mobilisation qu'ils ont suscitée pendant deux ans chez les militants de l'Association nationale des assistants de service social. Cet engagement, sur le plan national et local, a nourri des débats riches et intenses, producteurs d'une réflexion sur la place de notre métier dans et pour la société. Au terme de cette démarche, l'Association nationale des assistants de service social se trouve face à de nouveaux enjeux et y répondre contribue à la défense de la profession.

Le regard que porte France ESF sur les Etats généraux du travail social reste critique mais confiant. Le manque de représentants de travailleurs sociaux dans les travaux initiaux a été souligné, rendant l'objectif de "refonder le travail social" moins crédible et faisable, et demandant de poursuivre la réflexion sur une nouvelle identification du travail social pour mieux le construire. Prêt à investir encore des instances réflexives comme la Commission professionnelle consultative et le Haut Conseil du travail social, France ESF compte donner une place aux spécificités de l'ESF.

Les Etats généraux du travail social se sont clos sur un bilan mitigé. Trop peu en phase avec la réalité du terrain, ils ont montré la difficulté d'être à l'écoute des professionnels et des usagers. C'est dommage car un tel processus aurait pu aboutir à un résultat probant mais de véritables pans du travail social ont été laissés de côté. Maintenant, il va falloir que les associations professionnelles se mobilisent pour faire des propositions constructives et, surtout, qu'elles reprennent de beaucoup plus près les préoccupations des éducateurs spécialisés, des assistants de service social.

L’enjeu de cet article revient à montrer que la profession d’assistant social est menacée dans ses fondements philosophiques par la naissance d’un éventuel travailleur social unique et déréglementé. Ce projet représente en effet un affaiblissement de l’idée de profession, c’est-à-dire du rôle politique et démocratique joué par l’assistant social. C’est au contraire dans la réaffirmation d’une posture professionnaliste que repose un renouvellement possible de la profession d’assistant social.

Les Etats généraux du travail social et le plan d'action en faveur du travail social et du développement social qui en résulte indiquent vouloir revaloriser le travail social par, notamment, une réforme des formations impliquant une coopération avec l'Université. Nous livrons ici quelques réflexions sur les conditions de constitution d'une discipline de travail social, qui sont plus des questions sur un sujet sans doute majeur pour l'avenir du travail social. Ce texte est un parti pris quant à la question des savoirs du travail social.