Pour les adultes, associer jeu et apprentissage n’est pas spontané. Le jeu est affilié au loisir, tandis que l’apprentissage relève du travail, de l’école, bref, du sérieux. Les pédagogies actives ont redonné à l’enfant un rôle de découvreur investi dans une dynamique d’exploration au détriment de celui, passif, de receveur d’un savoir à assimiler. Cette approche est aujourd’hui courante dans le champ de la petite enfance : jouer est dorénavant considéré comme le travail du tout-petit, qui apprend de ses expérimentations. La motricité est l’agent de ses actions car, en bougeant, l’enfant va dialoguer avec le monde, l’apprendre.

Les enfants ne jouent pas avec rien, mais un rien peut leur permettre de le faire s'ils ont la liberté de s'en saisir comme ils le souhaitent. Ainsi pourrait être défini le jeu heuristique : une activité de découverte inventée par le tout-petit à partir d'objets qu'il investit par lui-même afin de les explorer au niveau sensoriel ou de les utiliser à sa manière. L'inviter à s'approprier des éléments autres que des jouets n'est certes pas nouveau, mais ce mouvement prend aujourd'hui de l'ampleur.

Si les enfants jouent régulièrement avec des jouets, cette activité n’implique pas nécessairement des objets manufacturés. Il est possible de leur en proposer des modalités bien plus riches, justement parce qu’elles ne reposent sur aucun artefact conçu pour être ludique. Intégrer dans sa pratique professionnelle des moments avec moins de jouets s’avère souvent synonyme d’émerveillement et d’ouverture de multiples possibilités d’exploration.

L’autonomie est une notion clé des projets pédagogiques des établissements d’accueil du jeune enfant et fait partie des objectifs visés par les professionnels pour le tout-petit. Ce processus à la fois physique et psychique passe par différentes étapes. Grâce à la présence contenante des adultes, l’adaptation de l’environnement, des propositions éducatives organisées autour de temps forts du quotidien, l’enfant partira peu à peu à la conquête de son indépendance.

Aucun enfant ne joue pour apprendre mais parce que le jeu qu’il crée l’intrigue, l’amuse ou l’intéresse. Ce faisant, celui-ci lui permet bien d’apprendre. Dans les métiers de la petite enfance, nous devons toujours nous demander ce que chaque enfant fait en jouant. Ainsi, nous le comprenons et l’accompagnons au mieux. Voyons ce que fait Ernest.

Selon l'historien Philippe Ariès, le XVIIIe siècle a vu la naissance du sentiment de l'enfance. […] Qu'apportera le XXIe siècle à l'enfance en général et à la petite enfance en particulier ? Nous pouvons déjà constater que la petite enfance occupe une position majeure dans la société actuelle, d'où une idéalisation de cette période de la vie qui a pour conséquence la déception des parents devant une réalité qui s'avère bien différente de ce qu'ils imaginaient. […] Les professionnels le savent, mais se laissent aussi embarquer dans une vision idéale de leur métier. […] Certains luttent, réfléchissent ou créent. […] Des professionnels prennent des risques et contournent les diktats pour inventer d'autres organisations basées sur des pédagogies spécifiques aux tout-petits, ou d'autres modèles de formation, plus motivants. Gageons que ce sont les précurseurs de ce que sera le XXIe siècle pour la petite enfance.

(…) Cela fait vingt ans que nous avons changé de siècle. Il est temps de se retourner et de se demander ce qui a changé pour les jeunes enfants et pour ceux qui s'en occupent. Avons-nous progressé dans la considération et la pris en charge des plus petits ? Savons nous utiliser les connaissances actuelles sur leur développement pour les soutenir ? Avons-nous créé des lieux susceptibles de les accueillir à la hauteur de ce qu'ils pourraient attendre ? Sommes-nous capables de former des professionnels aptes à les accompagner avec affection, bienveillance et justesse ? De nombreuse questions, que l'on peut résumer en une seule : qu'avons-nous fait de nos rêves de la fin du siècle dernier, ceux qui visaient à faire de la petite enfance un domaine professionnel particulier, à la fois d'excellence et spécifique, à la croisée du social, de l'éducatif et du médical ?

Lieu phare de la petite enfance, le multiaccueil peut être considéré comme le berceau même de l'expression créative. Si le quotidien à la crèche est rythmé par des repères stables, il est aussi un vivier de nouveautés par la multitude de découvertes qu'il propose. Pour accompagner au mieux ces opportunités, les professionnels peuvent développer une culture de la créativité dont les avantages infuseront autant dans le domaine personnel que dans celui de l'éducation.

Naissance d'un métier
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Former les AEPE à accompagner les enfants dans leurs jeux

- Un précieux outil de compréhension
- L'observation comme pilier du projet d'accueil
- Le rôle de l'observation dans l'accueil individuel
- L'observation pour aller au plus près des relations parent-enfant
- Des médiations pour faciliter l'observation
- Intérêt d'une intervention extérieure pour observer et analyser la pratique professionnelle
- L'observation, levier d'évolution des pratiques en centre de loisirs maternel
- Comprendre les paradoxes de l'observation pour en prévenir les dérives