Contraception, interruption volontaire de grossesse, procréation médicalement assistée_ sous couvert de progrès scientifique, les exigences qui pèsent sur la mère, comme sur l'enfant, sont exacerbées. Notre culture occidentale s'en trouve modifiée. Quel impact cela a-t-il sur la détresse de l'enfant et la nécessité de l'accueillir en institution quand sa survie est menacée ? Voyages, lectures vont me permettre de situer la fonction maternelle en d'autres lieux, d'autres époques. Ce périple nous permettra de nous interroger sur la manière dont cette fonction organise notre société et nos institutions aujourd'hui.

Le placement administratif ne doit-il pas être accompagné par une réflexion sur la « place » ? Qu'est-ce que donner une place à un enfant placé ? La spécificité des jeunes placés en mecs n'invite-t-elle pas à une exigence éthique ? La réflexion éthique et sa mise en acte ne seront-elles pas les fondements des nouvelles mecs engagées sur la voie de la désinstitutionnalisation ?

Acteur du placement, le juge des enfants ne méconnaît pas la souffrance et les enjeux de la séparation. Témoin de la profonde mutation des mecs, il doit vouloir, et pouvoir, soutenir la multiplication des prises en charge éducatives innovantes, le développement des projets personnalisés et le rôle plus important redonné aux parents.

Les maisons d'enfants à caractère social, souvent issues des orphelinats, ont été longtemps considérées comme un lieu de substitution par rapport aux familles. Dans les années 1980, leur place était quasiment inexistante dans le travail éducatif en internat. C'est avec la dimension éloignée des représentations parentales que la pratique éducative dans les placements s'y développait. L'accompagnement des enfants y était souvent pensé sans lien avec elles, parfois pensé contre elles. Aujourd'hui, un changement est amorcé dans le secteur de la protection de l'enfance. Mon propos vise à rendre compte, à partir de mon expérience, des moments clés qui permettent d'associer les parents dans la prise en charge à des étapes « charnières » comme l'admission, le séjour, la sortie.

Les enfants des mecs doivent être pensés non seulement en termes de causalité événementielle, mais aussi de façon éthique. Ils nécessitent une approche psychopathologique élargie faisant appel à la pensée complexe (E. Morin). Cela permet d'appréhender et de clarifier les processus éducatifs à l'ouvre dans les démarches institutionnelles, tout en questionnant notre militantisme pour l'enfance.

Voilà une dizaine d'années que la question de la diversification des pratiques est posée dans le champ de la protection de l'enfance. Cette période a vu se développer, d'une part, des contributions scientifiques discutant et explorant ce contexte et, d'autre part, un certain nombre d'initiatives professionnelles en ce sens. La question qui se pose alors est la suivante : dans quelle mesure diversification des pratiques et innovations socio-éducatives viennent-elles discuter, mettre en question, réviser ou modifier les adossements théoriques des professionnels en maisons d'enfants à caractère social ?

La décentralisation de l'Aide sociale à l'enfance en 1984 dans le cadre de l'acte I de la décentralisation a suscité les pires craintes des acteurs de ce secteur. La vérité des chiffres de l'engagement des conseils généraux en matière de protection de l'enfance met en évidence, vingt-cinq ans après, que ces craintes n'étaient pas fondées. Si la protection de l'enfance n'a pas eu à souffrir de la réforme politico-administrative de la décentralisation, va-t-elle être la victime de la tourmente financière dans laquelle nous sommes pris depuis 2008 ? L'histoire n'est pas une téléologie. Rien n'est écrit d'avance. Mais les acteurs de la Protection de l'enfance doivent en faire la preuve par les 3E, par ordre d'importance : effectivité, efficience, efficacité.

Fidèles à leur histoire, les mecs accueillent les enfants en difficulté familiale et sociale. Les grands internats familialistes ont évolué vers une logique de professionnalisation. Les lois 2002 et 2007 ont orienté les projets d'établissement vers la personnalisation des parcours, la lisibilité des interventions et l'aide à la parentalité. Les mecs sont aujourd'hui en première ligne pour engager un travail de réassurance et de transmission au profit des enfants confiés, en intégrant les interrelations familiales. Leur avenir passe par le management des équipes et le décloisonnement des pratiques. La révolution est en marche !

A partir d'une démarche de recherche-action, l'article cherche à montrer que l'évaluation des pratiques dans le champ social peut être autre chose qu'une pression à la normalisation. Elle peut être un point d'appui pour une démarche réflexive.

Longtemps, l'institution a été dénoncée comme un espace d'assujettissement des individus. A l'heure de la désinstitutionnalisation, on redécouvre sa dimension humanisante. Sans se départir d'une approche critique, l'institution peut aussi être envisagée comme l'espace de la mise en ouvre d'un projet d'humanité. Pour ce faire, il y a au moins deux écueils à éviter : d'une part, rêver de restaurer à l'identique les institutions d'antan et, d'autre part, idéaliser les nouvelles formes institutionnelles, souples et partenariales, censées échapper aux pesanteurs des institutions classiques. Cette contribution s'emploie à dégager quelques orientations qui pourraient contribuer à faire exister de nouvelles formes institutionnelles capables de garantir la prise en compte de la singularité des personnes, tout en redonnant sens et consistance au collectif et au vivre ensemble.