PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Le harcèlement psychologique dans les institutions scolaires est un phénomène mal connu en France, en dépit de sa médiatisation et de ses effets délétères : des symptômes réversibles du traumatisme jusqu’aux passages à l’acte suicidaires. Nous avons été confrontés à la difficulté de définir le harcèlement psychologique. En quelques mots, nous pourrions qualifier ce processus d’agressions psychologiques, construit sur un lien sadomasochiste, alimenté par une communication teintée de perversion. L’installation d’un climat de terreur peut être rapide et créer chez les victimes des sentiments de crainte, d’humiliation, de honte, de culpabilité. Nous avons tenté de lire le harcèlement psychologique en milieu scolaire de manière plus clinique, sous l’angle des théories psychanalytiques du traumatisme, de l’adolescence et du groupe. Paradoxalement, le groupe peut tant représenter un lieu de protection et une voie de valorisation narcissique pour les adolescents, qu’être source de danger pour certains adolescents vulnérables.
Article de Jean Maisonneuve, Jean Pierre Pinel, Jean Claude Rouchy, et al.
Paru dans la revue Connexions, vol. 2, n° 104, 2015, pp. 9-148.
Mots clés : Travail social : Métiers, Courants de pensée en sciences humaines, Groupe thérapeutique, Thérapie de groupe, Conduite de réunion, Méthodologie, Psychosociologie, Création, Culture, Réfugié, Dynamique de groupe, Intervention sociale, Psychothérapie, Médiation
Ce numéro revisite tant les aspects historiques que méthodologiques de la conduite de groupe. Il présente des exemples de conduite de groupe avec des patients (analyse de groupe, psychothérapies, groupes à médiation...) et des interventions en institution dans une perspective de changement.
De par leur légitimité scientifique et leur capital social et culturel, les médecins français ont détenu durant des siècles le monopole du savoir sur les femmes, alors considérées comme des mères « par nature » et réduites à leur seule faculté de génitrices. Au début du XXe siècle, cette vision de la femme est plus que tenace dans le milieu médical, bien décidé à enrayer la baisse de la natalité et le péril vénérien par une incitation générale des femmes à la « bonne » maternité. Ainsi, se basant sur la légitimité de leurs découvertes, les médecins, qui semblent souvent se muer en anthropologues moralistes, vont s’accaparer la gestion de la vie reproductive et sexuelle des femmes en cherchant par tous les moyens à optimiser leur fonction maternelle. Ce faisant, ils contribuent à la définition et à la normalisation de leur fécondité ainsi qu’à la stigmatisation de ce qui va à l’encontre de leur capacité à enfanter.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 39, n° 3, septembre 2015, pp. 343-364.
Mots clés : Justice-Délinquance, Insécurité, Perception, Peur, Isolement, Nuit, Risque, Danger, Transport, Milieu urbain, Sociologie
Cet article analyse les caractéristiques de la peur du crime dans les transports en commun. Basé sur les études réalisées sur ce thème, il identifie trois catégories de facteurs induisant ce phénomène. La première, de nature sociale, insiste sur la perception du risque suscitée par l’isolement et certaines catégories d’usagers. La seconde est liée aux modalités de fonctionnement des transports en commun, dont certaines caractéristiques renforcent la peur des voyageurs. La troisième porte sur l’architecture et plus spécifiquement sur le cloisonnement et ses différents effets selon le nombre d’usagers.
L’histoire de Miguel, un enfant de 6 ans, illustre l’intérêt de l’approche systémique, et plus spécifiquement du travail transgénérationnel dans le cas des « phobies scolaires ». Le travail thérapeutique a consisté en une prise en charge en centre de jour avec des séances psychothérapeutiques individuelles et familiales. L’inclusion de la grand-mère maternelle est devenue cruciale dans le processus thérapeutique car elle a permis de révéler en quoi le symptôme, qui se manifestait comme une « phobie scolaire », venait révéler un trauma trangénérationnel qui n’avait pas été travaillé.
Article de Senad Karavdic, Barbara Bucki, Michèle Baumann
Paru dans la revue Pensée plurielle, n° 38, 2015, pp. 9-22.
Mots clés : Souffrance psychique, Santé mentale, Milieu rural, Usager, Accès aux soins, LUXEMBOURG
Notre propos s’inscrit dans une compréhension des mécanismes présents dans la déconstruction des souffrances psychiques. Avec l’appui du RE.SO.NORD (REseau du centre SOcial de la région du NORD) du Luxembourg, un diagnostic sur les souffrances des personnes habitant les communes rurales a été réalisé auprès des professionnels de première ligne des domaines de la santé et du social qui les côtoient au quotidien. Vingt-six professionnels ont participé à des entretiens au cours desquels ils ont décrit les souffrances multiples de leurs clients. Elles sont apparues comme les effets d’une dérive et montrent comment les processus d’amplification des souffrances psychiques (anxiété permanente, dépression, etc.) et d’accumulation des facteurs sociaux et familiaux (perte d’emploi, séparation familiale, etc.) peuvent aboutir à l’émergence d’états de santé mentale critiques.
Dans cette logique de gradation paroxystique, les problèmes de santé mentale viennent s’agréger à un ensemble de comportements délétères. Cette gradation illustre un état que les clients atteignent lorsque les sphères intime et sociale se dégradent de concert. La souffrance paroxystique représente alors cet état au cours duquel les personnes semblent avoir comme perdu face à leurs souffrances et ne parviennent plus à s’en relever. Les professionnels reconnaissent un manque d’information et d’incitation à la consultation médicale que leurs clients redoutent par crainte d’une stigmatisation. Ils admettent l’existence d’un manque de coordination et d’accès aux soins de santé primaires et manquer d’aides pour ceux qui souffrant et leurs aidants familiaux afin de les préparer à devenir des acteurs capables de mobiliser leur « capabilité de santé ».
Paru dans la revue Revue française de sociologie, vol. 56, n° 3, juillet-septembre 2015, pp. 525-560.
Mots clés : Enfance-Famille, Adoption simple, HISTOIRE, Famille, Législation, Filiation, Famille recomposée, Droits de succession, 1900-2015, 19ème siècle
Parallèlement à l’adoption dite « plénière », il existe en France une adoption « simple », qui ajoute au lien de filiation de l’adopté avec sa famille d’origine un nouveau lien, supplémentaire. De nos jours, cette adoption consiste le plus souvent, pour un beau-parent sans enfant, à adopter son bel-enfant majeur, auquel il est attaché, pour lui transmettre son patrimoine. Or, cette adoption simple, mal connue des sociologues de la famille, est aujourd’hui plus fréquente que l’adoption plénière. En utilisant les statistiques historiques du ministère de la Justice sur l’adoption simple depuis le XIXe siècle, nous retraçons l’histoire de cette institution depuis son introduction en droit français en 1804. L’objectif est de mieux connaître ce qu’est l’adoption simple, mais aussi de comprendre les raisons de son essor depuis les années 1970 et ce que cela révèle des transformations sociodémographiques et culturelles de la famille sur le long terme.