L’émotion en travail social se décline dans différents contextes mais reste présente quelle que soit la distance professionnelle qu’on voudrait y mettre. L’émotion de l’usager et la nôtre, travailleurs sociaux, peuvent même être des atouts précieux dans la relation d’aide. Vecteur de communication de l’indicible parfois, elle nous montre à voir notre humanité. À partir de là, la relation d’aide véritable peut advenir.

Le récit de vie de Thierry Renaut, délégué au Conseil national des personnes accueillies et/ou accompagnées (CNPA) et son expérience du travail social.

Cet article, co-produit par des formateurs de l’Institut méditerranéen de formation (IMF) et des représentants du Conseil régional des personnes accueillies et/ou accompagnées (CRPA) est une réflexion sur la question de la participation des personnes accueillies et/ou accompagnées à la formation des futurs travailleurs sociaux. Plusieurs expériences se sont déroulées sur le site de Marseille. Riches de sens pour tous les participants, elles ont été restituées lors de la conférence européenne EASSW-UNAFORIS à Paris, en juin 2017. L’émergence d’autres questions soulevées lors de ces journées renforce notre intérêt à poursuivre la dynamique engagée. En effet, un des enjeux pour les instituts de formation n’est-il pas de développer la co-formation grâce au croisement des regards et à la participation des personnes concernées ?

Par le biais de leur engagement respectif, Laurence Poutrain-Mari, Sébastien Frutieaux et Christophe Blanchard ont fait de la formation et de la valorisation des compétences des personnes fragilisées un des points de convergence de leur rencontre. A travers un entretien croisé, ils reviennent chacun sur les enjeux de la formation des travailleurs sociaux et, plus globalement, interrogent la réelle prise en compte des désirs des personnes accompagnées.

Confronter les apprenants à un engagement concret sur un territoire est une étape importante de la formation car « pour changer le monde, il faut d’abord le comprendre ». Changer le monde, dans le sens de contribuer au changement des pratiques sociales, c’est aller au-devant des publics dans les quartiers, les espaces publics, afin d’apprécier autrement la relation avec l’autre ; c’est une rencontre avec l’individu et non avec ses problèmes sociaux.

L’obligation à la « participation » a envahi tous les discours, alors même que les expériences participatives se sont souvent avérées décevantes. Il faut questionner un usage aussi consensuel d’une notion au contenu flou qui autorise toutes les interprétations, Les institutions d’action sociale auraient intérêt à préciser leur conception de la participation en s’inspirant de différents courants de réflexion qui l’envisagent dans une finalité démocratique.

Réfléchir à l’expression « participation des personnes accompagnées » implique de revenir sur le sens de chacun des termes avant de poser quelques hypothèses sur sa signification politique. Qu’arrive-t-il aujourd‘hui au travail social et aux professionnels concernés quand la façon de les désigner est désormais arrimée au terme d’« accompagnement », alors que la « participation » devient plus que jamais le maître-mot de l’action publique ? Et que signifie, en l’occurrence, le mot « personnes » dans cette nouvelle équation ? En effet, si le syntagme « participation des personnes accompagnées » semble, à première vue, chargé d’intentions louables, il concourt essentiellement à l’imposition de nouvelles normes en faisant apparaître, d’un côté, ce qui serait condamnable et, d’un autre ce qui serait souhaitable face aux questions sociales contemporaines. En articulant analyse des discours et rappels socio-historiques, cette contribution propose un éclairage sur les variations de légitimité du travail social en tant qu’outil politique de la démocratie.

Au Québec, les transformations du réseau de la santé et des services sociaux axés sur l’efficacité et les données probantes tout comme la refonte du système professionnel ont fragilisé l’intervention clinique en travail social. Ainsi, les travailleurs sociaux se retrouvent dans un contexte de pratique de plus en plus structuré et normé qui entraîne des paradoxes et fragilise leur santé mentale. Cet article s’intéresse aux défis que les travailleurs sociaux doivent relever pour continuer à faire de l’intervention clinique.

Les projets de refonte du travail social se heurtent aux mouvements de résistance, par exemple des défenseurs de la clinique qui voient dans la nouvelle gestion publique sa mise en danger. Or cette clinique est bien vivante, ici et ailleurs, comme au Québec où elle est associée aux notions de co-construction et de complexité. Ce texte propose un détour par cette province du Canada pour mieux décrier le côté rebelle d’une approche qui suppose la rencontre, l’expérience, la découverte, le plaisir de penser et de travailler ensemble, etc.

La relation clinique est une relation d’aide dans laquelle la position éthique est forte. La démarche éthique est volontaire et mise sur les capacités des personnes. Ainsi, la rencontre, l’accueil, l’écoute demandent une « éthique du proche ». Dans l’accompagnement, elle se caractérise par une « éthique d’alliance, de partage et de réciprocité ». L’éthique implique de veiller à ce que la personne concernée soit au centre des préoccupations et que soit construite, avec elle et pour elle, la réponse la plus juste et la plus adaptée possible à la singularité de sa situation.