La supervision est un dispositif de parole animé par un tiers extérieur à l’institution, qui réunit un groupe de professionnels du soin, de l’éducation et a pour objet de permettre à chacun d’exprimer ce qu’il met en jeu dans sa relation clinique aux enfants, jeunes ou adultes pris en charge. C’est un véritable espace d’émancipation.

Prendre soin des autres et de soi-même demande de prendre soin du langage. La novlangue (Orwell) est la parole officielle, vouée à faire autorité, qui infiltre tout langage, tout acte et ses conséquences. Dans notre secteur, on peut craindre que des professionnels se trouvent dépossédés de leurs façons de faire, et de dire. Pourtant, une de leurs fonctions est justement de permettre les jeux de traduction entre les langues de chacun. Une situation clinique en témoigne.

François, éducateur spécialisé, accepte de jouer. Pour un temps, un court instant, il sera « Papa ». Mais les règles du jeu sont mal définies. Elles s’écrivent sur le moment, au présent. Les contours en sont troubles et flous. Jeu dangereux, nécessaire, mais qui semble ancré dans l’impossible, si l’adulte peine à s’y trouver à son aise, l’enfant, lui, semble quelque peu en saisir les limites.

Il s’agit ici de signaler que l’écriture, qui est une mise en lettres des mots auxquels on songe, fait toujours coupure dans la routine de la parole. Cela peut servir aux éducateurs qui sont trop pris par l’urgence répétée et ne savent pas comment, à plusieurs, en réduire les excès.