Article de Stéphane Le Lay, Fabien Lemozy
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 4, octobre-décembre 2022, pp. 239-256.
Mots clés : Travail-Emploi, Organisation du travail, Genre, Masculinité, Pouvoir, Inégalité, Plateforme, Commerce, Concurrence, Agressivité, Emploi précaire, Invisibilité sociale, Travail des femmes
À partir de l’exemple du métier de livreur à vélo et des évolutions récentes des activités avec l’apparition des plateformes de livraison, cet article analyse ce que modifient ces nouvelles organisations du travail en matière de rapports de genre. Loin de confirmer les espoirs placés dans les technologies numériques sur leurs capacités à passer outre les rapports sociaux de domination, la permanence de l’hégémonie masculine dans un secteur d’activité « ubérisé » soulève de nouvelles questions relatives à l’évolution des formes de virilité, faisant écho aux travaux sur la division sexuelle du travail. L’article montre que l’organisation du travail plateformisée renforce les clivages de genre, tout en creusant les inégalités, d’une part parce qu’elle exploite ces dernières pour attirer sa main-d’œuvre et pour tirer le prix des courses vers le bas. D’autre part, parce qu’elle rend beaucoup plus difficile le déploiement d’une pensée politique, en instaurant comme maître-mot le chacun pour soi concurrentiel.
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Article de Danièle Linhart
Paru dans la revue Les Cahiers de l'Actif, n° 542-543 ; 544-545, juillet-octobre 2021, pp. 9-31.
Mots clés : Travail-Emploi, Management, Organisation du travail, Profession, Libéralisme, Reconnaissance, Hiérarchie, Objectif, Stratégie, Changement, Souffrance psychique, Confiance, Économie, Leader, Télétravail, Emprise, Épidémie, Pouvoir, Taylor (Frederick Winslow), Ford (Henry)
Le management a développé une stratégie bien huilée : prompt à se remettre en question, il accepte et devance les critiques pour désamorcer, en réalité, toute contestation de sa légitimité. Il revêt ses plus beaux atours, cherche à se rendre plus séduisant, mais reste obsessionnellement tendu vers l'invention de nouvelles modalités de mise au travail destinées à renforcer la subordination des salariés. Le but est, en effet, de les obliger à renoncer à leurs propres valeurs morales, citoyennes et professionnelles pour ne travailler qu'en fonction des critères d'efficacité, performance et rentabilité décidés en dehors d'eux. Il faut qu'ils acceptent de consacrer leur temps, leur énergie, leurs efforts à un travail pensé et organisé selon les seules finalités de ceux qui les paient, au détriment de leur bien-être physique et mental, au détriment du respect des besoins des consommateurs, usagers ou clients, et de l'avenir de notre espèce sur la planète Terre.
Article de Stéphan Hendrick
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 39, n° 1, mars 2018, pp. 79-106.
Mots clés : Travail-Emploi, Gestion, Travail, Idéologie, Organisation du travail, Modèle, Pouvoir, Usure professionnelle, Évaluation, Contrôle, Rentabilité, Salarié, Résistance, Non-violence, Hôpital psychiatrique, Psychiatrie, EHPAD, MECS, Gaulejac (Vincent de), Omer (Haim)
L’idéologie gestionnaire, mise en exergue par Vincent de Gaulejac, vise à organiser le travail dans les entreprises autour de valeurs telles que contrôle, efficacité et maximisation du rapport coût/bénéfice. Appliqués aux entreprises publiques ensuite et aux institutions de soins en santé mentale enfin, ces principes ont pour effet de pervertir les finalités et les modèles de travail de ces organisations comme en témoignent les exemples cités dans cet article. Au fil de l’analyse se profile une conception des soins en santé (mentale) qui n’a plus de rapport avec les besoins réels des patients et de la société. Cette conception participe au contraire d’une corruption des soins en santé mentale et du vivre ensemble, s’inscrivant dans un plan général visant à soumettre tous les rouages de notre société au primat d’une marchandisation radicale et définitive de tous les rapports sociaux. Un dévoiement en appelant un autre, le risque de dérive totalitaire n’est plus exclu. Des voies d’échappement sont néanmoins possibles comme la résistance non-violente proposée par Omer (2003, 2017).
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