PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Article de François Xavier Mayaux, Daniel Derivois, Christelle Viodé
Paru dans la revue Dialogue, n° 226, décembre 2019, pp. 169-185.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Famille d'accueil, Résilience, Attachement, Assistant familial, Psychologie clinique, ASE, Enfant placé
Cet article propose d’étudier les tuteurs de résilience des enfants confiés en famille d’accueil à partir de la théorie de l’attachement dans une perspective psychodynamique. Il met en évidence la complexité de la relation entre l’enfant et l’assistant familial en tant que figure d’attachement alternative, tuteur de résilience possible. Cette réflexion s’appuie sur une pratique de psychologue clinicien travaillant au sein de l’Aide sociale à l’enfance. L’articulation théorico-clinique issue de cette expérience discute des effets résilients potentiels qu’ont les assistants familiaux sur le vécu des enfants confiés en famille d’accueil en termes de processus de consolidation de la base de sécurité de l’enfant par la qualité du caregiving du professionnel. Il pose ainsi la question de la complexité de cette dynamique relationnelle interactive et du danger dans le risque d’utilisation excessive de cette notion de tuteur.
Cet article montre comment la non-élaboration du processus d’adolescence peut se faire sentir chez l’adulte, surtout quand il devient parent et que son enfant devient adolescent. À partir des notes prises juste après chaque séance dans un cadre de soins, l’auteur retrace ici la cure-type d’un homme d’une quarantaine d’années, dont l’adolescence du fils réveille des traumas en lien avec sa relation à son propre père violent, jusqu’alors impensés. La cure permet une transformation des traumas et une reprise du conflit œdipien et favorise une évolution qui peut se résumer par un assouplissement de l’imago paternelle allant de pair avec une position de père plus assurée et des liens père-fils plus consistants.
Paru dans la revue Dialogue, n° 226, décembre 2019, pp. 35-51.
Mots clés : Enfance-Famille, Divorce, Séparation, Garde alternée, Silence, Culpabilité, Déni, Maintien du lien, Psychanalyse, Rupture, Haine
À partir de son écoute de psychanalyste avec des enfants et des adultes, l’auteure s’interroge quant aux aménagements nouveaux de la répartition du temps et des espaces entre les parents séparés et désireux de préserver le lien avec leurs enfants. D’une part, les discours banalisent la séparation en s’appuyant sur une réalité statistique qui témoigne de la fréquence des divorces, d’autre part ils tentent d’atténuer les effets mortifères sur les enfants en déniant la réalité du changement, quel que soit l’aménagement spatio-temporel de la nouvelle configuration familiale. L’enfant est souvent appelé à faire allégeance au fantasme de la continuité, en dépit de la rupture ; à charge pour lui d’assumer la mort d’un projet familial, dans le travail de deuil de la famille.
Article de Muriel Katz Gilbert, Manon Bourguignon, Giuseppe Lo Piccolo
Paru dans la revue Dialogue, n° 226, décembre 2019, pp. 91-111.
Mots clés : Enfance-Famille, Transmission, Inconscient, Filiation, Deuil, Médiation, Photographie, Génocide, Séparation, Traumatisme, Histoire familiale, Transfert, Généalogie, Famille
La déshumanisation à l’œuvre dans le projet génocidaire et l’héritage d’un tel événement traumatique entraîne une catastrophe de la transmission et de la filiation. S’ensuit une impasse des processus d’identification et de différenciation sur plusieurs générations. Dans cette contribution, on interroge la nature des obstacles entravant le processus de deuil, de séparation et l’investissement de la vie après une catastrophe sociale. Il s’agit pour cela de rendre compte du travail de subjectivation nécessaire à l’appropriation de sa propre histoire et de celle de sa propre famille de manière à pouvoir engager un processus de séparation/différenciation. À travers une étude de cas, l’article montre la pertinence d’une rencontre clinique « médiatisée » pour la compréhension et la perlaboration du vécu traumatique d’une famille survivante qui vit entre-soi. Nous discuterons, en particulier, l’apport de la photographie comme une première tentative de figuration des affects et de mise au travail des processus intermédiaires garants de leur symbolisation.
Paru dans la revue Dialogue, n° 226, décembre 2019, pp. 113-132.
Mots clés : Enfance-Famille, Autorité parentale, Conflit, Couple, Divorce, Magistrat, Garde alternée, Séparation, Maintien du lien, Fratrie, Grands-parents, Intérêt de l'enfant
Lorsque le couple se sépare, les liens se distendent mais ne sont pas immédiatement rompus. En effet, la séparation effective se trouve retardée pour diverses raisons : d’abord parce que l’un des époux – voire les deux – peut ne pas vouloir, au regard de convictions personnelles, envisager de rompre le lien conjugal ; ensuite parce que les époux peuvent se trouver confrontés aux lenteurs d’une procédure de divorce ; enfin – et plus généralement – parce que la séparation passe aussi par le retour à l’autonomie financière et patrimoniale, imposant à chacun de décider du partage des biens acquis pendant la vie commune. S’agissant des enfants communs, le législateur de 2002 a limité les effets de la rupture du couple parental en tenant l’enfant éloigné des conflits et des bouleversements engendrés par la désunion de ses parents, consacrant ainsi la notion de coparentalité, et ce dans l’intérêt des enfants. Au-delà, il s’agit également de garantir à l’enfant le maintien des liens qu’il a pu entretenir jusqu’à présent avec chaque composante de son entourage familial (frères et sœurs, grands-parents).
Paru dans la revue Dialogue, n° 226, décembre 2019, pp. 17-33.
Mots clés : Enfance-Famille, Couple, Tiers, Expérimentation, Relation femme-homme, Thérapie de couple, Psychisme, Séparation, Personnalité, Norme sociale, Narcissisme, Mode de vie, Cohabitation
Pour vivre en couple et rester soi, un écart entre les conjoints est nécessaire. La vie actuelle, quand le tiers est peu ou mal intériorisé, permet aux couples de vivre selon des situations sociales différentes – et variables dans le temps. Parmi celles-ci, la non-cohabitation. Un exemple clinique montre les étapes par lesquelles sont passés les conjoints d’un jeune couple au cours de la thérapie, de la vie en groupe à la non-cohabitation. Quand ils se séparent, ce n’est pas pour se séparer, mais pour expérimenter une relation conjugale pouvant les conduire à un couple psychique dans lequel chacun peut se sentir exister. L’article montre comment ces étapes leur ont permis d’approfondir et de transformer leur relation.
Paru dans la revue Dialogue, n° 226, décembre 2019, pp. 133-149.
Mots clés : Enfance-Famille, Père, Nourrisson, Paternité, Crèche, Groupe de parole, Psychanalyse, Périnatalité, Relation enfant-parents, Relation familiale, Identité
La grossesse (psychique) des pères interroge les capacités psychiques de l’homme devenant père à se saisir fantasmatiquement d’un corps (psychique) pour trois. Le père pré-œdipien est potentiellement un co-acteur dans une co-construction à trois. Si la place des pères auprès de leur bébé et auprès de leur conjointe devenant mère reste socialement à légitimer, les groupes de parole de pères peuvent être un cadre d’étayage à la paternalisation. S’appuyant sur leur expérience, les auteurs articulent leur réflexion autour de trois axes principaux développés lors d’un groupe de pères en crèche : l’établissement et la légitimité des premiers liens père-mère-bébé, le désir et le tabou d’un sein paternel nourricier de la triade, l’accouchement du père, d’une (id)entité père-mère-bébé.
Article de Gaëlle Picoche, Emmanuelle Bonneville Baruchel
Paru dans la revue Dialogue, n° 226, décembre 2019, pp. 53-74.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Protection de l'enfance, ASE, Approche clinique, Évaluation, Placement, Séparation, Famille
Le présent article concerne un dispositif particulier de placement pour les mineurs pris en charge par les services départementaux de l’Aide sociale à l’enfance, le dispositif de placement dit « externalisé ». Fondé sur des expériences cliniques de terrain auprès des familles et des intervenants élaborées dans le cadre d’une recherche universitaire, cet article propose un modèle de ce dispositif dans lequel une approche et une intervention cliniques peuvent s’articuler aux approches et interventions éducatives et sociales. Il vise aussi à présenter certaines conditions et certaines des limites du dispositif. Il met l’accent sur la nécessité de l’évaluation initiale, continue et pluridisciplinaire, incluant l’approche clinique, afin de travailler l’indication de ce dispositif qui ne peut convenir à toutes les problématiques familiales.
Lesdits « radicalisés » ne sont pas exceptionnels. Ce sont principalement des adolescents dont la complexité des trajectoires individuelles et familiales peut entraver la nécessaire séparation d’avec l’enfance pour se construire un devenir adulte. La clinique nous fait découvrir la multiplicité des stratégies possibles de l’adolescent prisonnier de ce dilemme. L’article analyse le cas d’une jeune fille aux prises d’un héritage familial traumatique et de sa propre régression archaïque, qui tente une séparation physique avec le vœu inconscient de parvenir à se séparer enfin psychiquement. Mais les séparations physiques, même radicales, ne favorisent, au contraire, que séparation sans séparation.
Article de Abdellali Hajjat, Cécile Rodriguez, Narguesse Keyhani
Paru dans la revue Revue française de sociologie, n° 60-3, juillet-septembre 2019, pp. 341-383.
Mots clés : Racisme, Ethnie, Quartier, Conflit, Classe sociale, Sexe, Espace, Économie, Démographie, Etats Unis d'Amérique, Grande Bretagne, France
Cet article soulève la question de la relation entre la probabilité d'occurrence des infractions racistes et les caractéristiques sociodémographiques du territoire. Il s'agit d'abord de faire un état des lieux de la littérature étasunienne et britannique sur la spatialisation des actes racistes en dégageant trois pôles (surdétermination des variables économiques, des variables démographiques, et combinaison des variables économiques et démographiques) et une série d'hypothèses (pouvoir menaçant, pouvoir différentiel, « quartier à défendre »), puis de tester celles-ci à partir du cas français. L'analyse des données géographiques issues d'une enquête collective, portant sur 483 affaires d'infractions racistes traitées dans deux tribunaux correctionnels français, et leur traitement statistique (tris croisés et régression logistique) contestent la thèse du « quartier à défendre », la plus partagée dans la littérature existante, parce qu'elle ne rend compte que d'une partie des actes racistes. Il est préférable de distinguer « racisme de proximité » et « racisme à distance » ainsi que quatre configurations spatiales spécifiques : de voisinage, de « conquête », de « défense » et de neutralité territoriale. Le croisement des données spatiales avec une série d'indicateurs met en lumière l'influence de variables à la fois économiques, sociales et démographiques dans l'occurrence des actes racistes. Ainsi, en prolongeant l'analyse de Jean-Claude Chamboredon et Madeleine Lemaire sur les conflits sociaux dans les grands ensembles français, l'article montre que la proximité spatiale s'articule avec distance sociale et raciale, favorisant les infractions racistes