La protection de l’enfance sous Vichy concerne une multitude de catégories d’enfants : enfants zoniers, abandonnés, inadaptés, perdus, délinquants, etc. On ne sait pourtant pas grand-chose des centaines de milliers de d’enfants de pères prisonniers, de parents réquisitionnés dans le cadre du service du travail obligatoire (STO) et de l’organisation Todt. Que deviennent-ils quand la solidarité familiale ne peut s’exercer ? En situation de précarité matérielle et psychologique, ils doivent être pris en charge et notamment dans les Maisons qui leur sont dédiées. Objets de multiples batailles idéologiques et institutionnelles, ces Maisons sont devenues, pour ma part, des sujets d’observation de grand intérêt qui illustrent cette époque tourmentée mais aussi des creusets de surprises qui démontent certaines des représentations que nous avons de celles-ci.

La période de Vichy est encore un sujet sensible et porte en elle son lot de blessures et d'abominations qu'une contemporanéité scientifique ne parviendra jamais à mesurer exactement. Les étudiants en travail social, en raison de leur jeunesse, pour la plupart, et sauf s'ils ont rencontré des professeurs d'histoire conscientisés, n'en savent qu'une partie très édulcorée et surtout historiquement correcte, contenue dans leurs manuels scolaires. Aussi, c'est chaque fois un profond étonnement, parfois soldé par des applaudissements à la fois teintés d'admiration et surtout de sidération, qui termine régulièrement mes cours. "Je ne savais pas, je n'ai jamais entendu parler de cela...", etc.

Le sujet peut faire sourire. Pourtant, enfourcher une bicyclette pour une assistante sociale pendant l'Occupation relève d'un exploit, voire d'un certain privilège hautement fragile dont on ne mesure pas l'importance quand on méconnaît le contexte dans lequel elle est utilisée.

Le travail en pluridisciplinarité à l’Education nationale est possible ! Cet article ne témoigne pas d’une réalité « bisounoursienne » du travail en équipe, mais de celle d’une réelle volonté de travailler ensemble autour de l’intérêt suprême de l’élève et de sa famille. Travailler sous le regard de l’autre n’est pas aisé, certes, mais faire ensemble a quelque chose d’exaltant.

Que nous apprend l'histoire sur l'engagement des assistantes sociales pendant la Seconde Guerre mondiale ? Résistantes ou "collabo" : la définition n'est pas si simple au regard de la situation de l'époque et les classifications sont trompeuses. Des personnalités ont émergé pour entrer en résistance et ont émaillé l'action sociale. Et aujourd'hui, quel engagement porte les valeurs éthiques de la profession ?