Article de Wilfried Rault, Arnaud Régnier Loilier
Paru dans la revue Revue française de sociologie, n° 62-3/4, juillet-décembre 2021, pp. 481-515.
Mots clés : Enfance-Famille, Enquête, Mariage, PACS, Couple, Délai de réflexion, Sociologie
Dans les enquêtes par questionnaire, le recueil de dates donne souvent lieu à des réponses incomplètes ou qui occasionnent un certain délai de réflexion. Cet aspect est peu étudié par la démarche quantitative, qui vise avant tout à la production de données standardisées. À partir de la collecte des dates d’entrée dans un Pacs ou un mariage dans l’« Étude des parcours individuels et conjugaux » (« Épic ») (Ined-Insee, 2013-2014), qui comprenait un indicateur expérimental de spontanéité des réponses, cet article examine l’hypothèse selon laquelle les différentes manières de répondre à ces questions a une signification. Il montre que le fait de renseigner une date rapidement, avec un délai de réponse ou de manière partielle renvoie au sens que les individus donnent aux évènements qui s’y rattachent et à leur mise en scène. En retour, la spontanéité des réponses aux dates fournit un élément de compréhension de la signification sociale de ces évènements.
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Article de Pascale Garnier
Paru dans la revue Sociétés et jeunesses en difficulté, n° 25, printemps 2021.
Mots clés : Enfance-Famille, Enfant, Sociologie, Inégalité, Langage, Relation adulte-enfant, Classe sociale, Vulnérabilité, Corps, Pouvoir, Méthodologie, Recherche en sciences sociales, Résistance
L’article se propose d’interroger les différentes formes de mise à l’épreuve des enfants que les méthodologies des recherches en sciences sociales mettent en œuvre pour rendre compte de leurs expériences de vie. Dans un premier temps, il s’agit de montrer la violence symbolique à laquelle les enfants peuvent être confrontés – en particulier dans les familles en situation de forte précarité – quand il s’agit d’évaluer leurs compétences langagières, comme le fait la recherche sur les inégalités sociales entre jeunes enfants Enfances de classe, dirigée par Bernard Lahire. Dans un second temps, en reprenant les données publiées dans cet ouvrage, au niveau des interactions entre enquêteur ou enquêtrice (adulte) et enquêté·e (enfant), nous montrons comment les résistances des enfants à leur évaluation dans cette enquête prennent largement appui sur leur corps, y compris sur ses défaillances, quand leurs ressources langagières ne leur permettent pas d’avoir le dernier mot face aux chercheur·e·s. Enfin, nous indiquons que d’autres dispositifs méthodologiques peuvent être mis en jeu pour favoriser l’expression des enfants et prendre au sérieux leurs points de vue. De tels dispositifs s’efforcent d’ouvrir les possibles au-delà de normes et d’attendus adultocentrés, tout en demandant de rapporter cette parole des enfants à ses conditions sociales de production.
Article de Pascal Barbier, Myriam Chatot, Bernard Fusulier, et al.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, n° 3 & 4, automne 2020, pp. 94-113.
Mots clés : Travail-Emploi, Enfance-Famille, Sociologie, Enquête, Épidémie, Vie quotidienne, Conditions de vie, Bien-être, Famille, Conditions de travail, Relation familiale, Genre, Aménagement du temps, Inégalité
De mars à juin 2020, du début du confinement aux premières phases de déconfinement, un collectif de sociologues a suivi dix-huit familles françaises lors de télé-entretiens réguliers, afin de comprendre les vécus de cette situation inédite et la manière dont ces familles ont réorganisé leurs activités alors qu’elles étaient repliées dans un seul espace : le lieu de résidence. Les auteur·e·s distinguent trois rapports au confinement (heureux, malheureux et mitigé), et observent que si les conditions matérielles d’existence jouent un rôle déterminant dans l’expérience du confinement, elles ne suffisent pas à elles seules à expliquer sa tonalité générale. La répartition sexuée des tâches, l’autonomie dans l’organisation de l’activité professionnelle, et plus globalement le degré de maîtrise de l’emploi du temps, sont des dimensions structurantes de cette expérience, tout comme la place accordée à la vie familiale dans le projet de vie des personnes et des couples.
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Article de Dorra Ben Alaya
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 40, n° 2, juin 2016, pp. 187-200.
Mots clés : Enfance-Famille, Justice-Délinquance, Violence, Violence conjugale, Sociologie, Légitimité, Perception, Différenciation sexuelle, Discrimination, Homme, Genre, Tunisie
Dans cet article, on vise à explorer l’effet du genre de l’agressé, du genre de l’agresseur et du contexte, sur le degré de légitimité perçue de la violence, chez un échantillon représentatif de la population tunisienne (N = 720). La recherche a consisté à soumettre les sujets à une série de scenarii décrivant des situations violentes combinant systématiquement les différentes modalités des variables indépendantes. Les résultats mettent en évidence un effet de genre de l’agresseur et de l’agressé ainsi qu’une modulation par l’effet du contexte, de l’homo/hétérogénéité de l’appartenance sexuelle des acteurs et de l’appartenance sexuelle de l’évaluateur de la violence.
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Article de Mariette Le Den
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 39, n° 3, septembre 2015, pp. 321-342.
Mots clés : Enfance-Famille, Maternité, Mère, Femme, Médecin, Statut professionnel, Pouvoir, Norme sociale, Procréation, Sociologie, HISTOIRE, Modèle, Contrôle social, 20ème siècle
De par leur légitimité scientifique et leur capital social et culturel, les médecins français ont détenu durant des siècles le monopole du savoir sur les femmes, alors considérées comme des mères « par nature » et réduites à leur seule faculté de génitrices. Au début du XXe siècle, cette vision de la femme est plus que tenace dans le milieu médical, bien décidé à enrayer la baisse de la natalité et le péril vénérien par une incitation générale des femmes à la « bonne » maternité. Ainsi, se basant sur la légitimité de leurs découvertes, les médecins, qui semblent souvent se muer en anthropologues moralistes, vont s’accaparer la gestion de la vie reproductive et sexuelle des femmes en cherchant par tous les moyens à optimiser leur fonction maternelle. Ce faisant, ils contribuent à la définition et à la normalisation de leur fécondité ainsi qu’à la stigmatisation de ce qui va à l’encontre de leur capacité à enfanter.
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