En fonction de la débâcle de 1940, l’organisation du domaine de l’enfance inadaptée devient un enjeu. À la Libération, la gravité de la situation de nombreux enfants exige de faire vite. Différents acteurs font alors preuve d’un unanimisme et d’un entrain porté par l’urgence de la période qui apparaît par un bouillonnement de méthodes, d’institutions, de législations, mais surtout d’idées contribuant à son dynamisme, à son développement et à sa structuration jusqu’à la fin des années cinquante. Commence alors à émerger la figure de l’éducateur et se pose la question de sa formation : comment le choisir ? Quels savoirs lui dispenser ? Quelle pratique doit-il posséder ou acquérir ?

Cet article présente un atelier original intitulé « le parcours sensible », qui inaugure la première année de formation des éducateurs spécialisés. Apprendre à transformer son regard par une certaine conscience esthétique pour préparer les futurs professionnels à l’activité créatrice, tel est l’objectif de ce dispositif qui vient positionner la créativité au cœur de l’identité. La posture du formateur qui accompagne ce travail est développée concrètement et théoriquement : la présence, le corps en jeu, la place donnée à la sensibilité et à la pensée rêvante vont être interrogés et formalisés à partir d’une articulation entre éthique, clinique et esthétique.

Cet article est issu d’une enquête menée par le Laboratoire de recherche interdisciplinaire de la région Auvergne auprès d’étudiants éducateur. À partir d’un questionnaire élaboré et d’analyse des résultats selon les disciplines d’études, cette recherche révèle au fil des années une diminution du niveau de vie des étudiants en travail social.