L’histoire du travail social est traversée par l’évolution des institutions, de ses pratiques et de ses publics. Sa légitimité s’est construite par un savoir-être, un savoir-faire, des connaissances qui relèvent de méthodologies d’intervention sociale et qui s’appuient sur une déontologie. Force est de constater que le travail social se meut depuis toujours à l’intersection de plusieurs logiques : économiques, sociales et politiques. Il apparaît dès lors fondamental de pouvoir amener des éléments de réflexion pour (re)questionner le sens du travail social, savoir ce qu’il est, pour en espérer, ensuite, des actes politiques lui permettant d’exister réellement. Les écarts de conception du travail social se creusent entre prescripteurs et travailleurs sociaux. Que risque-t-on à procéder ainsi ? Cette évolution peut profondément changer le sens du travail social et la motivation de ses protagonistes.

Pour développer les questions posées par la revue, je propose dans cet article une réflexion en trois parties distinctes. Après avoir introduit notre sujet dans l’actualité sociale de ce début d’année 2022, j’exposerai les concepts de contrôle social et de changement social au cœur des analyses du travail social. Enfin, j’aborderai les conséquences de la loi de transformation de la fonction publique et les évolutions de notre profession en lien avec la situation économique.

Les travailleurs sociaux sont confrontés aujourd’hui à la perte de sens de leur activité, conséquence de l’uniformisation des interventions et la non-prise en compte des singularités des situations des personnes qu’ils accompagnent. Le recours au collectif et sa formalisation ne pourraient-ils pas leur permettre de reprendre une place d’acteur-expert face à ces mutations qui ne cessent d’impacter leurs pratiques quotidiennes ?

L’accumulation des tensions et problématiques pesant sur l’univers du « travail social » amenuise nos certitudes, éprouve nos engagements. Les approches idéalistes que nous avons le plus souvent de ce monde professionnel renforcent la perte de sens. Souhaitant contribuer à enrayer cette dernière, ce texte esquisse une approche dite « radicale », au sens de Karl Marx, et propose notamment l’idée que le « travail social » peut être vu comme un écosystème en proie à l’industrialisation.

La notion de dispositifs prend une place centrale dans l’organisation de l’action sociale moderne. Comment fonctionnent-ils ? Que font-ils faire aux acteurs ? Quelles sont leurs caractéristiques communes ? Quelle normativité construisent-ils ? Qu’est-ce que cela donne à voir de l’action sociale et de son évolution ? Enfin, quelle professionnalité les travailleurs sociaux développent-ils au sein des dispositifs ?