PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Dialogue, n° 244, juin 2024, pp. 17-34.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Radicalisation, Famille, Emprise, Honte, Filiation, Mythe, Intégrisme, Père
Le processus fondateur d’une alliance à une organisation radicale, la mécanique de son engrenage et les échecs de tentatives de « déradicalisation » restent souvent énigmatiques. L’auteur émet l’hypothèse que le lien d’alliance radical, tel un couplage des familles d’origine de deux partenaires, a une fonction économique psychique de remaillage inter-contenants réciproque des liens de filiation et d’affiliation entre le contenant familial de l’adepte et celui de l’organisation radicale. À partir d’une expérience clinique dans des contextes géopolitiques et des dispositifs très différents, il décrit l’attaque de la filiation et la figure d’un néo-père mythique comme une caractéristique paradigmatique de l’architecture des liens structurant le maillage contenant de ces organisations groupales qu’il définit comme radicales et totalitaires. Il analyse le processus du pacte d’alliance radicale comme une néo-conversion à un néo-mythe d’auto-engendrement avec des néo-rituels à partir de la rencontre entre une demande, en résonance à une vulnérabilité, et une offre d’une organisation prédatrice totalitaire.
Le trouble du spectre de l’autisme se manifeste par des difficultés d’interaction, de communication sociale et des comportements répétitifs commençant tôt dans la vie d’un enfant. Ce texte explore, à travers des entretiens, le vécu de quatre pères d’enfants atteints de ce trouble au Cameroun. Les résultats de cette étude montrent la souffrance des pères et leur sentiment d’impuissance, qui engendre chez eux une blessure narcissique tout en renforçant leur sentiment d’étrangeté concernant ce handicap et l’enfant atteint. L’étude montre la nécessité d’un soutien psychologique des pères dans le processus de soin des enfants atteints pour en faire, au même titre que les mères, une ressource pour les professionnels du soin et pour l’enfant atteint.
Paru dans la revue Dialogue, n° 244, juin 2024, pp. 101-116.
Mots clés : Handicap-Situations de handicap, Parentalité, Autisme, Enfant handicapé, Annonce du handicap, Culpabilité, Soutien à la parentalité, Culture, Patriarcat, Mère, Psychologie, Algérie
L’autisme constitue un trouble spécifique caractérisé par des altérations importantes de la communication et des interactions sociales. La naissance d’un enfant autiste affecte l’ensemble de la famille, notamment les parents, et la parentalité considérée comme le processus interactif entre les parents et l’enfant, assurant le développement de l’enfant et l’accès au devenir parent. L’article fait part d’une recherche clinique réalisée à Constantine au moyen d’entretiens individuels semi-directifs auprès de 18 parents d’enfants autistes faisant l’objet d’une analyse thématique de discours. Cette étude permet de comprendre la parentalité dans le contexte de la famille algérienne prise entre modernité et croyances traditionnelles et de saisir les défis auxquels sont confrontés ces parents en l’absence de structures de prise en charge spécifique et de scolarité des enfants autistes.
Cet article s’appuie sur les résultats d’une étude menée en partenariat entre une équipe pluridisciplinaire de cliniciens en santé mentale de Montréal, spécialisés en intervention auprès de personnes attirées par ou engagées dans l’extrémisme violent, et une équipe de recherche qui documente et étudie les interventions de l’équipe. L’étude documente l’émergence de systèmes de croyances de plus en plus dystopiques, hétérogènes et violents, particulièrement chez les jeunes. La perte de confiance dans les institutions et un malaise autour des représentations et rôles de genre sont des thématiques récurrentes. Une analyse des dynamiques familiales et sociales dans les trajectoires de patients attirés par l’extrémisme violent suggère l’existence de processus traumatiques de quête de sens et d’appartenance qui font écho à des mécanismes de perte, de régression et de deuil. Les auteurs proposent de concevoir ce mécanisme comme un « deuil épistémique » qui pourrait aider à expliquer l’émergence d’idéologies hybrides dans le paysage de l’extrémisme violent.
Paru dans la revue Dialogue, n° 244, juin 2024, pp. 67-81.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Radicalisation, Identification, Anxiété, Filiation, Narcissisme, Adolescent, Interculturel, Idéologie, Psychothérapie, Groupe d'appartenance, Peur
À travers le cas clinique d’un jeune homme violent, radicalisé politiquement aux thèses de l’ultra-droite et suivi en psychothérapie à raison de deux fois par semaine pendant près de deux ans, l’article aborde les questions de la radicalisation à travers le prisme de l’effondrement du sentiment de continuité d’être. Ce sentiment s’effondre plus particulièrement au moment de son adolescence du fait d’une histoire traumatique défaillante affectant ses contenants individuels, familiaux et collectifs réactivant ainsi ses angoisses primitives de désunification corporelle. Ce jeune trouvera dans le modèle de la filiation narcissique un « maillage » de substitution pour faire face à ces angoisses primitives.
Paru dans la revue Dialogue, n° 244, juin 2024, pp. 51-66.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Mineur, Terrorisme, Prise en charge, Psychothérapie, Psychomotricité, Traumatisme, Contre-transfert, Histoire familiale, Violence, Équipe pluridisciplinaire
L’hôpital Avicenne évalue et suit des mineurs de retour de zone d’opérations de groupements terroristes depuis sept ans. L’équipe a ainsi pu mesurer l’importance de la prise en charge en psychomotricité pour ces enfants, souvent séparés de leur famille et souffrant de trauma complexe ou développemental. À travers une séquence de soins en psychomotricité et psychothérapie avec deux enfants aux trajectoires familiales complexes, l’article met en évidence les bénéfices d’une prise en charge conjointe. Les auteures développent l’incidence de cette configuration sur la clinique, la complémentarité de ces espaces, les enjeux psychosomatiques du trauma, l’impact de ces derniers sur le développement psychomoteur de l’enfant et de l’adolescent, enfin la dynamique à l’œuvre dans le contre-transfert.
Article de Sarah Daoudi, Sara Skandrani, François Pommier
Paru dans la revue Dialogue, n° 244, juin 2024, pp. 35-49.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Violence, Migration, Idéologie, Radicalisation, Femme, Terrorisme, Famille, Mère, Désir, Vêtement, Fratrie, Groupe d'appartenance, Prison
Cet article interroge, à l’aide d’une trajectoire singulière issue de la clinique des auteurs, le lien entre la construction des imagos parentales chez une femme française issue de l’immigration maghrébine et son adhésion à l’idéologie religieuse radicale de Daech. Il s’agit plus précisément d’entrevoir les échecs et les impasses de l’institution familiale et sociale et la manière dont cette jeune femme s’est saisie de la Umma (la communauté des musulmans dans le monde) – dont la racine Um signifie en arabe « mère » – pour rompre avec la France et construire une nouvelle famille au sein de l’organisation terroriste de Daech. Cette analyse permettra de faire des hypothèses cliniques quant à la défaillance des fonctions maternelles et paternelles dans la construction d’un devenir femme et de mettre en lumière l’absence ou l’exclusion du tiers et la tentative de séparation avortée menant vers des positions radicales. Un extrême qui ramène à une fusion avec le corps maternel à travers la Umma et le groupe des sœurs musulmanes.
Paru dans la revue Dialogue, n° 243, mars 2024, pp. 19-35.
Mots clés : Petite enfance-Périnatalité, Thérapie familiale, Temps, Répétition, Psychanalyse, Génération, Histoire familiale, Psychisme, Émotion, Périnatalité, Symptôme
La période périnatale suscite un bouleversement psychique de la famille où le passé, le présent et le futur s’entremêlent. Quand des traumatismes ont affecté des générations en amont, il est possible qu’un passé non élaboré resurgisse à la naissance d’un enfant. Des organisations défensives délétères se transmettent sans transformation. Une confusion des temps peut s’installer, entre passé et présent, obturant le futur, plongeant la nouvelle famille dans de la désorganisation, faisant apparaître des symptômes. Les autrices proposent un éclairage théorique, puis des vignettes cliniques dont un accompagnement de thérapie familiale psychanalytique périnatale pour permettre à la nouvelle famille de se différencier et de construire un avenir détoxifié et « déconfusionné ». Le développement favorable de l’enfant et une parentalité plus harmonieuse peuvent en découler au bénéfice de tous.
Au travers du cas clinique d’un adolescent placé dans les services de l’Aide sociale à l’enfance souffrant d’une problématique honteuse et d’un délabrement du lien maternel, l’auteur de cet article étudie en quoi l’écoute familiale modifie l’écoute individuelle à l’aide du concept de "scénario généalogique porte-la-honte" développé par Pierre Benghozi. À la suite de cet auteur, il propose un nécessaire décalage de l’écoute intrapsychique dans les thérapies familiales vers le transpsychique car une honte intrapsychique exprimée peut aussi être le rappel d’une honte transpsychique indicible, non élaborée.
Cet article, adossé à un cas clinique, propose une réflexion sur la dimension traumatique à l’adolescence en analysant la problématique de l’intrus persécuteur et la problématique transgénérationnelle. L’adolescent manifeste une dynamique de survie psychique par des symptômes somatiques, des conduites phobosociales et une hypersensibilité narcissique. La différenciation et la séparation-individuation d’avec l’objet interne intruseur sont également apparues dans le travail psychique engagé dans les entretiens familiaux.