PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 250, décembre 2023, pp. 20-37.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Temps, Vie quotidienne, Contrainte
L’attente en prison naît des innombrables situations où l’accomplissement par les prisonniers de tâches ordinaires nécessite l’autorisation ou la coopération des autorités pénitentiaires. Le quotidien carcéral se trouve rythmé par ce temps vide de l’attente, dont l’administration revendique la maîtrise. Il a souvent été avancé que cette vacuité du temps pénitentiaire venait marquer l’échec, ou le remplacement, du projet disciplinaire décrit par Michel Foucault. La prison se réduirait alors à sa seule fonction de neutralisation de populations à risque. L’objet de cet article est pourtant de montrer que l’attente devient à son tour un support d’injonctions disciplinaires à bien attendre, construisant l’impatience comme une déviance morale à corriger et marquant ainsi la survivance d’un projet disciplinaire amoindri mais toujours structurant, qui cible tout particulièrement un public de jeunes hommes issus de milieux populaires. Plus qu’à être productif, la prison contemporaine prétend leur apprendre à attendre, et ce non seulement dans le cadre carcéral mais aussi dans les relations à d’autres institutions, notamment étatiques.
Article de Javier Sanchis Zozaya, Régis Marion Veyron, Konstantinos Tzartzas
Paru dans la revue L'Autre, vol. 24, n° 1, janvier-mars 2023, pp. 102-112.
Mots clés : Travail social : Métiers, Supervision, Relation travailleur social-usager, Souffrance psychique, Conditions de travail, Contrainte, Institution, Groupe, Analyse de la pratique
Prendre en charge des populations dans une grande précarité, comme les demandeurs d’asile, est un défi à de multiples niveaux. Souvent, les enjeux émotionnels sont peu ou pas pris en compte, notamment pour les professionnels en première ligne. Il y a des risques à connaître, pour savoir les repérer, les réduire et, dans certains cas, pour savoir quand il faudra prendre soin de l’équipe de professionnels et même des institutions. Les concepts de trauma vicariant et de fatigue de compassion sont connus depuis des décennies. Des études décrivent l’impact émotionnel que les professionnels de première ligne peuvent éprouver et l’importance des formations et les supervisions pour le réduire. Mais nous irons plus loin, pour nous interroger davantage sur « ce qui est transmis et comment » et l’articuler avec un phénomène moins connu, celui de la contagion au sein de l’institution, et l’impact désastreux qu’il peut avoir sur toute l’organisation des services sanitaires et d’accueil.
Cet article s’intéresse à la manière dont les agents de surveillance communautaire construisent leur compétence relationnelle au sein d’un système doté de contraintes. À partir d’une analyse des autorisations de sorties données dans le cadre d’une assignation à domicile au Québec, l’article cherche à comprendre comment les agents gèrent la tension entre contrôle et aide inhérente à la peine d’emprisonnement avec sursis et comment ils intègrent les contraintes du système à leur prise de décision. Les résultats montrent que les autorisations peuvent être utilisées comme outil d’intervention, de collaboration ou de réinsertion sociale. Ils soulignent également que si les pratiques des agents s’inscrivent dans le cadre d’un système fondé sur la gestion des risques, elles évoluent au fil des relations avec les contrevenants, et sont susceptibles d’être infléchies par la confiance qui se crée entre l’agent et le contrevenant.
Paru dans la revue Sociétés et jeunesses en difficulté, n° 15, printemps 2015.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Justice-Délinquance, Justice des mineurs, Éducation, Contrainte, Délinquance, CEF, CER
Cet article examine les évolutions récentes de la justice pénale des mineurs dans le contexte français où l’action publique doit démontrer sa performance en matière de lutte contre l’insécurité et de maintien de l’ordre public.
Il considère la redéfinition du traitement institutionnel de la délinquance juvénile à travers l’évolution du dispositif de placement pénal et notamment la création de centres éducatifs renforcés et de centres éducatifs fermés.
Il propose, sur la base d’une analyse empirique, une typologie qui vise à déconstruire une représentation globalisante, véhiculée par les discours publics, d’un jeune délinquant multirécidiviste qui érige les conduites délinquantes en mode de vie. Cette typologie met en perspective des logiques d’action diverses de ces jeunes. Elle permet d’identifier des facteurs contribuant à l’entrée dans une trajectoire délinquante mais également des leviers susceptibles de favoriser un processus de sortie de délinquance.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 38, n° 1, pp. 77-102.
Mots clés : PJJ, Délinquance juvénile, Justice des mineurs, Sociologie, HISTOIRE, Éducation spécialisée, Modèle, Contrainte, Responsabilité, Réparation
Au sein d'une majeure partie des pays occidentaux, les systèmes de justice des mineurs sont confrontés à une diversité d'injonctions politiques qui visent un durcissement de l'action pénale à l'égard de la jeunesse délinquante. À partir d'un regard socio-historique, cette contribution interroge la traduction de ces injonctions en savoirs de gouvernement, produits par l'administration du ministère de la Justice qui, en France, est chargée du traitement éducatif des mineurs délinquants : la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Nous décrirons, en particulier, la cristallisation d'un modèle d'éducation sous contrainte, qui tend à transformer l'ambition éducative de cette administration, sous l'effet d'une utopie républicaine revitalisée.
Paru dans la revue Thérapie familiale (revue internationale en approche systémique), vol. 32, n° 4, pp. 419-436.
Mots clés : Thérapie familiale, Contrainte, Compétence sociale, Famille en difficulté, Psychothérapeute, COLLABORATION, CONFIANCE
L'expérience montre que de nombreuses familles n'ont pas de demande d'aide, alors même que, vu de l'extérieur, nous faisons le constat de graves difficultés. Dans un certain nombre de cas, la non-collaboration est une réaction à des tentatives de collaboration échouées du passé et à ce titre les professionnels doivent être compris comme une partie du problème. Travailler avec les ressources, créer de la confiance et de l'espoir là où ils n'existent plus, les notions de directivité bienveillante et celle d'autocompétence des familles ont pour but de créer un contexte qui permet d'éviter de répéter des échecs de collaboration que la famille et l'intervenant accumulent dans leur biographie personnelle et professionnelle.
En s'appuyant sur une série d'observations ethnographiques, cette contribution s'intéresse à la gestion des conduites sexuelles et de la cohabitation entre les sexes dans un centre de rétention administrative pour étrangers éloignés du territoire. La gestion de la différence sexuelle y est d'autant plus complexe que les centres de rétention constituent des espaces non pénitentiaires où la discipline doit s'exercer souplement. Après avoir présenté le régime « libéral » d'enfermement, l'article revient sur des situations où les gestionnaires du centre ont dû eux-mêmes définir la norme du « bon » rapport entre les sexes. Ils sont alors placés dans une tension entre la stigmatisation des pratiques généralement jugées déviantes - notamment la prostitution - et leur acceptation dans le contexte d'un lieu de confinement prolongé.