PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Dans l’histoire de la thérapie familiale, nous pouvons distinguer la première, la deuxième et la troisième génération. Les nouvelles approches thérapeutiques sont-elles apparues dans la continuité ou dans la rupture avec les précédentes ? En étudiant les fondements épistémologiques de ces tournants paradigmatiques, nous observons que la corporéité, à travers la recherche sur l’activité neuronale, a toujours été au cœur de la réflexion des systémiciens qui ont pris en considération le corps agissant, le corps connaissant et aujourd’hui le corps régulant ses affects. En explorant les interactions familiales du point de vue du comportement, des cognitions et de la régulation émotionnelle, le thérapeute est amené à se positionner avec la famille selon une éthique de la coopération pour faire face à cette complexité.
Cet article propose une actualisation du concept de cycle de vie familiale et une synthèse de ses apports au champ de la thérapie familiale. La famille est un groupe dynamique qui évolue et se transforme au fur et à mesure de son développement. Chaque étape de son cycle de vie entraîne une réorganisation des relations familiales et des règles de vie partagée (autonomisation du jeune adulte vis-à-vis de sa famille d’origine, formation du couple, famille avec de jeunes enfants, scolarisation des enfants, adolescence, nid vide, retraite des parents, etc.). Le passage d’une étape à une autre confronte chaque fois la famille à de nouvelles problématiques et peut donner lieu à une période de crise. Ces difficultés à évoluer ensemble constituent un facteur important des problèmes et des symptômes présentés par les familles. La diversification des configurations familiales n’entame pas la pertinence du concept de cycle de vie familiale. Plus les familles sont fragiles et changeantes, plus il est utile de les appréhender comme des trajectoires familiales et de considérer les étapes de leur évolution.
L’auteur relate une intervention thérapeutique auprès d’une famille endeuillée. Le thérapeute articule dans sa méthodologie la prise en compte de la blessure individuelle et la blessure du lien familial. Ce soutien s’étaye sur l’apport des théories de l’attachement et sur le concept de résilience.
De plus en plus de familles exposent les thérapeutes familiaux à des situations où le couple parental s’est réuni après une période de séparation. Sur la base d’une étude de cas, cet article met en évidence l’impact que peuvent avoir les retrouvailles parentales sur une famille (et notamment sur les enfants) et la complexité des processus psychologiques et systémiques qui peuvent être impliqués. La mise en récit collective de la période de séparation et de la trajectoire familiale semble nécessaire pour préserver la cohésion de la famille et permettre la redéfinition des relations.
Article de Robert Pauzé, Solange Cook Darzens, Marie Pierre Villeneuve, et al.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 38, n° 3, pp. 295-328.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Famille, Relation familiale, Évaluation, Modèle, Outil, Thérapie familiale, Approche systémique, Environnement, Culture, Éducation familiale, Relation enfant-parents, Approche clinique, Psychothérapeute
Le présent article porte sur la question de l’évaluation du fonctionnement des familles. Il vise à proposer un lexique des principales composantes du fonctionnement des familles et à présenter un modèle explicatif multidimensionnel et intégratif du fonctionnement familial afin de soutenir la pratique d’évaluation des thérapeutes familiaux et des chercheurs. Les buts visés par cet exercice sont, d’une part, de renforcer l’évaluation systématique de la famille par les thérapeutes familiaux afin de garantir la plus forte adéquation possible entre les caractéristiques du fonctionnement des familles et les interventions proposées et, d’autre part, de soutenir les thérapeutes qui veulent contribuer au développement des connaissances dans le domaine de la thérapie familiale (Practice-Based-Evidence). Nous espérons également que ce modèle puisse soutenir les chercheurs intéressés par le développement des pratiques probantes en thérapie familiale (Evidence-Based-Practice).
Nous présentons un modèle de psychothérapie familiale systémique, centrée sur les stratégies de régulation émotionnelle. Notre hypothèse est qu’en axant notre travail sur la régulation des émotions des différents membres de la famille, nous aurons une meilleure compréhension des effets de cette régulation sur l’ensemble de la famille et la place de la régulation émotionnelle dans la chaîne circulaire des interactions intrafamiliales. Une recherche-action menée auprès de trente familles permet de dégager des premiers résultats sur les effets de l’agression verbale, la suppression expressive, le déni, la rumination et la réévaluation cognitive. Des patterns de régulation émotionnelle caractérisent les familles de la même façon que les patterns transactionnels décrits par la première systémique ou les croyances partagées décrites par la deuxième systémique. Nous pensons que la réflexion sur la régulation émotionnelle va dans le sens de l’essor d’une troisième systémique.
La conjoncture socio-économique du début du XXI e siècle, l’évolution des mœurs et l’allongement des études ont transformé les conditions d’entrée dans la vie du jeune adulte et ont fait émerger une nouvelle étape dans le cycle de vie familiale. Cet article étudie les caractéristiques propres à cette étape, les tâches développementales auxquelles les familles sont confrontées, les variables liées aux différentes cultures européennes et aux milieux sociaux, et enfin les enjeux psychothérapeutiques qu’elle peut soulever.
Article de Olivier Real del Sarte, Nathalie Fehr Fouvy, Catherine Jobin
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 37, n° 3, septembre 2016, pp. 241-257.
Mots clés : Enfance-Famille, Psychothérapeute, Approche systémique, Formation, Thérapie familiale, Histoire familiale, Famille, Système, Intergénérationnel, Relation familiale, Méthodologie, Groupe de formation
Au travers de l’expérience d’un groupe de génogramme sur l’espace d’un an, les auteurs mettent en évidence l’utilité d’un tel processus dans la formation d’étudiants à l’intervention et à la thérapie d’orientation systémique. Quelques éléments théoriques servent de charpente à la description technique du processus réalisé. Les aspects les plus significatifs de l’intérêt à une telle démarche didactique sont illustrés par des exemples concrets tirés de l’expérience vécue par les auteurs dans le cadre du Cerfasy (Neuchâtel).
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 36, n° 3, septembre 2015, pp. 277-288.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Accompagnement de la personne et identité, Thérapie familiale, Approche systémique, Personnalité, Diagnostic, Psychothérapeute, Théorie, Individu, Enfant, Idéologie, Relation familiale, Attachement
Le diagnostic de personnalité est indispensable pour les thérapeutes exclusivement systémiciens. Il est nécessaire d’intégrer dans la pensée systémique un diagnostic de personnalité basé sur la théorie de l’attachement, les réorganisations de l’attachement désorganisé et les adaptations post-traumatiques. Idées fondamentales pour combattre les risques de l’extrémisme systémique et des psychopédagogismes stéréotypés qui en découlent, comme par exemple celui de la dépathologisation ou de l’émancipation manquée du patient désigné. Nous devons récupérer la richesse de la dimension individuelle : le patient n’est pas un symbole vide dans l’organigramme d’une structure familiale.
Si l’on considère désormais qu’inviter la fratrie constitue une ressource en thérapie familiale systémique, ce n’est pas pour autant que les thérapeutes l’incluent systématiquement dans les thérapies, même lorsque le patient identifié est un adolescent. Une recherche portant sur des adolescents consommateurs de cannabis ayant suivi une thérapie familiale multidimensionnelle (MDFT) au CHU Brugmann à Bruxelles a permis d’explorer la place de la fratrie dans le processus thérapeutique. A l’aide de questionnaires semi-directifs adressés aux adolescents, aux membres de la famille et à leurs thérapeutes, complétés par une passation du blason fraternel, les auteurs ont étudié la façon dont la fratrie d’adolescents, consommateurs de cannabis, avait été mobilisée dans la thérapie familiale multidimensionnelle (MDFT) dont ils avaient bénéficié. Les résultats suggèrent que, même dans les cas où les thérapeutes n’ont pas rencontré les frères et sœurs, les fratries sont pointées comme ayant joué un rôle significatif dans le traitement, par les parents et les adolescents. Ceci nous invite à reconsidérer la façon dont nous impliquons la fratrie lorsqu’il s’agit de mettre en place un dispositif d’aide aux adolescents en souffrance et à leur famille.