PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
De 1970 à 2002, la dépression a augmenté en France notamment sous les effets conjugués de l'affaiblissement de l'intégration conjugale et des modifications des règles structurant l'intériorité de l'individu. L'augmentation des divers effectifs de personnes seules a cristallisé cette moindre intégration conjugale. La crise économique qui a suivi les Trente Glorieuses, les injonctions sociales à être un soi distinct et performant sont intervenues simultanément, modifiant la régulation du sujet. En mobilisant les données relatives à la dépression et au suicide, en conjuguant les approches micro et macro, il est possible d'évaluer les effets de la progression des diverses catégories de personnes seules sur la dépression et de mieux appréhender l'impact des tensions liées à la crise économique des années 1980. L'examen en termes de chocs et d'état ordinaire du veuvage ou du chômage débouche sur l'hypothèse d'un modèle d'adaptation aux tensions, substituant une nouvelle normalité à l'ancienne, plutôt que sur celui d'une progression continue.
Paru dans la revue Thérapie familiale (revue internationale en approche systémique), vol. 34, n° 1, pp. 85-100.
Mots clés : Isolement, Communication, Mutisme, Relation familiale, Addiction
La redéfinition métaphorique du symptôme est une technique courante en thérapie familiale. L'addiction, la dépression, le refuge dans le travail ou derrière l'ordinateur, peuvent être recadrés comme un repli sur soi dans une bulle qui isole l'individu des autres, le protégeant ainsi de toute interaction indésirable. Nous avons étudié l'utilisation de cette métaphore à partir des entretiens retranscrits de douze thérapies avec un patient ayant des conduites addictives. Les résultats nous montrent que cette métaphore de la bulle amène les consultants à évoquer le sentiment d'abandon, de perte qu'ils ressentent vis-à-vis de celui qui s'enferme dans une bulle. Ils se mettent alors à créer leur propre bulle pour mieux supporter cette détérioration des relations dans la vie quotidienne. Cette question de la perte ambiguë (Boss, 1999) fait rapidement émerger celle d'un deuil non élaboré, ce qui va permettre de travailler avec une approche circulaire en croisant l'axe diachronique et l'axe synchronique pour mieux cerner comment la perte organise les relations familiales.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 35, n° 4, pp. 485-501.
Mots clés : Prison, Santé mentale, Sociologie, Prise en charge, Isolement, Exclusion sociale, Médicament, Accompagnement, QUEBEC, CANADA
Depuis plusieurs années, les institutions carcérales sont confrontées au problème de la présence, derrière leurs murs, d'une population présentant des troubles importants de santé mentale. Or, la prise en charge de cette population semble se heurter à de nombreuses difficultés, difficultés que nous avons analysées à partir d'une étude dans divers établissements correctionnels du Québec. Il ressort ainsi, qu'en dépit d'une dénonciation récurrente de la vulnérabilité de ce groupe, les condamnés avec des problèmes de santé mentale se retrouvent dans un cercle de contrôle et de dépendance encore plus marqué que celui du condamné sans problèmes particuliers. Ignorés, oubliés, infantilisés, ces détenus se retrouvent dans une situation de précarité importante. Faute de moyens, sans lieux d'hébergement adaptés, les interventions réalisées auprès de cette population, dont les troubles sont d'ailleurs rarement dépistés, sont généralement réduites à une simple distribution de médicaments. Elles accentuent d'autant plus l'isolement et l'exclusion auxquels se trouve soumise toute population captive.