PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Devenir, vol. 36, n° 2, 2024-2, pp. 140-163.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Enfance-Famille, Grossesse, Addiction, Psychopathologie, Psychotrope, Fœtus, Soutien à la parentalité
De nombreuses femmes utilisent des produits psychotropes pendant la grossesse. Ces produits qui ont des conséquences sur le développement du fœtus et de l’enfant sont peu recherchés dans l’accompagnement des femmes enceintes. Pourtant, ils posent de nombreux problèmes pour la santé mentale des mères, l’équilibre des interactions mère-enfant et le devenir des enfants. Cette revue de la littérature montre que ces problèmes sont sous-estimés et sous-traités. Après l’étude de l’impact des principaux produits, nous présentons les facteurs de risque pour les addictions maternelles ainsi que des programmes spécifiques validés dans l’accompagnement de la parentalité des femmes addictes.
Article de Mathilde Caro, Morgane Carpezat, Christian Laubressac, et al.
Paru dans la revue Sociétés et jeunesses en difficulté, n° 30, printemps 2024.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Détenu, Jeune, Addiction, Accès aux soins, Non-recours, Mineur, Cannabis, Mineur non accompagné, Manque
Cette contribution s’intéresse à l’appréhension des conduites addictives des mineurs en détention, et met en lumière plusieurs facteurs de relativisation et de relégation dans le cadre carcéral. En s’arrêtant en premier lieu sur l’expérience vécue des mineurs détenus, l’enquête montre que la consommation est banalisée dans leur quotidien, hors et dans les murs de la prison. Les usages et représentations du cannabis contribuent à la relativisation de cette pratique, qui n’est pas associée à un enjeu de santé ; y contribuent aussi les résistances dont fait l’objet le recours aux soins, qui reste mobilisé dans le cadre de situations d’urgence. Malgré le sentiment d’une santé dégradée en détention, les représentations associées aux soins en prison renforcent les mécanismes de non-recours, déjà ancrés dans la vie quotidienne des jeunes. Par ailleurs, la situation singulière des mineurs non accompagnés fait l’objet d’une approche privilégiée, tant ils présentent des spécificités en termes de trajectoires et de polyconsommation. L’article propose dans un second temps d’étudier d’autres facteurs de relativisation et de relégation des conduites addictives, relatifs aux contraintes spatiales, temporelles et sociales de l’environnement carcéral. D’une part, l’enquête met en évidence le poids des effets de lieu sur la consommation des jeunes et l’accès aux soins en détention, relevant de contraintes aussi bien matérielles que symboliques. D’autre part, l’expérience de la détention est soumise à des temporalités contradictoires, où le temps long de la privation de liberté se confronte à celui de l’urgence et de l’incertitude, peu propice à la prise en compte des conduites addictives par les jeunes ou les professionnels. Enfin, si les liens sociaux en détention sont altérés, fragilisés et sous contrainte, ils sont peu envisagés comme des ressources concernant les conduites addictives, ce qui accentue leur positionnement marginal dans le champ d’intervention des professionnels. La troisième partie porte un regard complémentaire sur l’espace socioprofessionnel de la détention, dont les conditions matérielles et organisationnelles – du manque de moyens au déficit de coordination entre acteurs et institutions – participent à la mise sous silence de cet objet. Si le déficit de formation favorise la relativisation des conduites addictives des mineurs, il apparaît toutefois que les compétences informelles peuvent être mobilisées par les professionnels de terrain pour compenser cet impensé.
Article de Sophie Fierdepied, Aurélien Ribadier, Hélène Romano
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 29, n° 1, 2023, pp. 25-51.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Automutilation, Adolescent, Addiction, Traumatisme, Violence, Corps
Peu d’études françaises contemporaines se sont intéressées aux problématiques d’auto-blessures chez les adolescents dans une perspective addictologique. Cette recherche qualitative exploratoire inspirée de la grounded theory est réalisée auprès de huit jeunes reçus dans une Maison des Adolescents (MDA). Nous tentons de comprendre les nombreuses fonctions de cette conduite, ainsi que les spécificités des jeunes qui les pratiquent mises en perspective avec les fonctions retrouvées dans les pratiques addictives. Les jeunes rencontrés ont vécu des événements traumatogènes. Ils sont fragilisés sur le plan narcissique et identitaire et bouleversés par le processus pubertaire. Les auto-blessures, comme les conduites addictives, remplissent une fonction traumatolytique, de neutralisation, d’évacuation des affects non représentés qui s’expriment via le corps.
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 29, n° 1, 2023, pp. 75-87.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Détenu, Prison, Addiction, Prise en charge, Hypnose
Les personnes incarcérées apparaissent comme présentant une situation sanitaire plus fragile que la population générale. Plusieurs événements majeurs ont permis des avancées dans la prise en charge sanitaire des détenus et plus particulièrement des problématiques addictives. Pourtant, la prise en charge des addictions en milieu carcéral reste un sujet tabou qui évolue difficilement. Alors, face à ces patients en demande de soin, comment envisager une prise en charge ? Nous exposerons le contexte sanitaire carcéral et son évolution puis les difficultés cliniques que rencontrent les psychologues dans cette clinique auprès des consommateurs de substances psychoactives en détention. Nous expliciterons la pertinence d’une prise en charge par l’hypnose pour construire une relation thérapeutique, explorer le corps enfermé dans l’addiction mais aussi dans ce milieu clos et enfin, nous ouvrirons la réflexion sur la fonction de substitution de la transe hypnotique. Nous illustrerons nos propos avec un cas clinique tiré de notre expérience en détention.
L’article présente une lecture des addictions à travers le prisme de la théorie du chaos et de la théorie des systèmes complexes, qui nous offrent une perspective surprenante pour repenser le rapport entre crise, répétition et changement. L’issue de cette réflexion est la proposition d’une classification de trois types d’addictions le long de la trajectoire entre chaos et périodicité, voire de trois rencontres possibles entre personnes souffrant d’une addiction et dispositifs thérapeutiques. Des éclairages théoriques et des pistes d’intervention clinique accompagneront la proposition du modèle.
En nous référant à la théorie des systèmes familiaux de Murray Bowen, nous nous intéresserons à la place de l’alcool au sein du couple. À travers la présentation d’une étude de cas, nous montrerons comment l’alcool participe à la régulation de la distance relationnelle et à la différenciation au sein du couple comme tiers dysfonctionnel. En effet, l’anxiété d’intimité peut conduire à des processus de triangulation impliquant l’alcool pour pallier le stress relationnel. C’est pourquoi, et contrairement à ce qui est attendu par les partenaires, le fait de surmonter le problème d’alcool peut amener à une augmentation de la détresse conjugale, et mettre en lumière les déséquilibres relationnels originels. Les défis pour les thérapeutes systémiciens sont alors d’accompagner les partenaires vers un plus grand degré de différenciation, tout en prenant soin de leur appartenance au couple, en veillant à libérer le système du tiers alcool. De même, il s’agira d’être attentifs pour les cliniciens à ne pas être investis comme nouveau tiers à trianguler.
Une étude menée par un système de santé intégré californien Kaiser Permanente tente de corréler l’état de santé d’environ 18 000 adultes à dix types d’épreuves négatives subies durant l’enfance. Les résultats mettent en évidence un lien fort entre le nombre d’épreuves différentes subies et la dégradation d’indicateurs de santé, 10, 20 ou 30 ans plus tard. Une centaine de publications traitant thématiquement d’un trouble de la santé rapporté aux épreuves adverses (cancers, troubles psychiatriques, conduites addictives, IST, etc.) constitue le corpus premier de ce travail et cette méthodologie qui font désormais référence au niveau international. Le présent article en propose une introduction.
Article de Claude Marie Côté Dion, Jenny Lee Gagnon, Marie Josée Letarte, et al.
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 28, n° 3-4, 2022, pp. 165-190.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Addiction, Alcoolisme, Drogue, Parents, Compétence, Soutien à la parentalité, Québec
Cette étude vérifie si différentes caractéristiques des parents et de leur famille prédisent l’évolution de la supervision, de la discipline et de la chaleur ou affection, chez des parents ayant une addiction à l’alcool ou aux drogues, au cours de leur participation au programme d’entraînement aux habiletés parentales (PEPH) Cap sur la famille (Laventure et al., 2018). L’échantillon est composé de 29 parents ayant une addiction à l’alcool ou aux drogues ayant un enfant âgé entre 6 et 12 ans. Les résultats des régressions linéaires à rebours montrent que l’âge, l’état de santé psychologique (anxiété et irritabilité) et le problème de consommation des parents prédisent l’évolution de leurs pratiques chaleureuses au cours du PEHP. Les résultats montrent que l’anxiété prédit 15,2 % de la variance de l’évolution de la supervision lacunaire. Plus le parent présente un état psychologique anxieux avant le programme, moins il améliore sa supervision durant le programme [...].
Alors que le tabagisme est la première cause de morbi-mortalité évitable en France et qu’il tuera prématurément un fumeur régulier sur deux, il est possible de s’interroger sur le bien-fondé de respecter la liberté de fumer, surtout dans un lieu de soin comme l’hôpital, premier lieu d’accueil des dommages sanitaires et des complications du tabac.
Après le développement du projet « hôpital sans tabac », puis « lieu de santé sans tabac », après avoir facilité la substitution nicotinique dans des objectifs de réduction ou d’arrêt de consommation, la persistance ou l’opposition de certains fumeurs hospitalisés ou travaillant à l’hôpital font se demander ce qui sous-tend ces pratiques et positionnements au-delà du comportement addictif.
Paru dans la revue Psychotropes, vol. 28, n° 3-4, 2022, pp. 87-99.
Mots clés : Toxicomanie-Addictions, Traumatisme, Addiction, Émotion, Psychothérapie, Thérapie, CSAPA
Les liens qui associent les conduites addictives et les antécédents de psychotraumatismes font partie des évidences cliniques pour les praticiens qui travaillent auprès de personnes souffrant d’une conduite addictive. La fréquence et la prégnance des troubles émotionnels liés à des traumatismes psychiques est une donnée régulièrement rapportée parmi les facteurs qui favorisent, voire déterminent l’abus de drogues et les addictions (Fidelle, 2009 ; Aderhold, 2013). Si cette corrélation est à présent corroborée par de nombreuses études épidémiologiques et cliniques, elle est encore insuffisamment prise en compte sur le plan thérapeutique et constitue un enjeu majeur des accompagnements des personnes qui sollicitent nos dispositifs (CSAPA, CAARUD…).