PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Empan, n° 133, mars 2024, pp. 91-97.
Mots clés : Travail-Emploi, Management, Organisation du travail, Émotion, Socialisation, Conditions de travail, Concurrence, Individu, Rentabilité, Risques psychosociaux, Souffrance psychique
La modernisation managériale se caractérise par une focalisation sur l’humain, sur la personne au détriment du respect de la professionnalité. Elle crée une atomisation du monde du travail où la mobilisation d’un certain type d’émotions vise à conformer la subjectivité des salariés aux objectifs des directions et à leur rationalité économique. Les collectifs informels de salariés ont été déstabilisés et ont fait place à une compétition effrénée où chacun cherche à tirer du travail le maximum de récompenses personnelles et de satisfaction narcissique.
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 4, novembre-décembre 2023, pp. 173-191.
Mots clés : Travail-Emploi, Aide à domicile, Formation, Ressources humaines, Changement, Management, Recrutement, Secteur privé, Organisation du travail, Directeur d'établissement, SAAD, Rentabilité, Innovation sociale
Les innovations managériales et organisationnelles se présentent comme des solutions aux problèmes dits « d’attractivité » rencontrés par le secteur de l’aide à domicile : pénurie de main-d’œuvre, sinistralité, difficultés économiques, etc. Accoutumé aux impératifs de rentabilité depuis son ouverture au marché lucratif, ce secteur traditionnellement associatif est réceptif aux dispositifs de gestion s’adressant à tous les échelons hiérarchiques des organisations, mais qui semblent toucher le plus directement les encadrants de proximité. Ces « contremaîtres du social » constituent l’échelon idéal à réformer, et d’importantes attentes pèsent sur leur poste, notamment celles d’adhérer au projet de « transformation » de la structure et d’en accompagner le déploiement auprès des aides à domicile tout en faisant évoluer leur propre activité. La mutation des postes préconisée par ces innovations comporte néanmoins le risque de voir cet encadrement intermédiaire constituer la variable d’ajustement économique de structures en difficulté.
Paru dans la revue Empan, n° 127, septembre 2022, pp. 36-40.
Mots clés : Travail-Emploi, Insertion par l'économique, Insertion professionnelle, Management, Épidémie, Entreprise d'insertion, Covid-19, Montpellier
Drôle de Pain est une boulangerie entreprise d’insertion à Montpellier. C’est une structure dynamique et en constante évolution dont la philosophie et le fonctionnement se basent sur les trois piliers du développement durable : économique, social et environnemental. Le contexte sanitaire du Covid force la structure et les équipes à se réinventer, avec l’enjeu de rester en adéquation aux valeurs initiales. Rencontre avec Antoine Soive, fondateur et dirigeant de la structure.
Article de Olivier Braun, Agnès Ceccarelli, Christine Morin Esteves
Paru dans la revue Revue internationale de psychologie et de gestion des comportements organisationnels, vol. XXVIII, n° 72, 2022, pp. 5-25.
Mots clés : Travail-Emploi, Entreprise, ONG, Développement durable, Valeur sociale, Management, Marketing, Indicateur, Norme sociale, Développement local
Les critiques portant sur la qualité des informations extra financières divulguées aux parties prenantes, y compris aux O.N.G, sont constantes. Le manque de crédibilité du rapportage social revêt autant des enjeux financiers que des enjeux d’opérationnalisation du développement durable. La collaboration des O.N.G à l’échelle territoriale, locale, avec les entreprises est peu abordée dans les recherches empiriques de même que leur contribution mutuelle à la crédibilisation du rapportage social. Notre recherche qualitative réunit des experts du développement durable et des représentants des O.N.G locales dans un espace de dialogue dont les confrontations font ressortir des réflexions qui aideront les entreprises à améliorer la qualité de leur rapportage social. Nous montrons du point de vue managérial que la crédibilité s’appuie d’une part sur une collaboration nourrie entreprises/O.N.G locales selon trois dimensions : une posture collaborative, des moyens et des objectifs communs puis des valeurs partagées. D’autre part, nous montrons que les O.N.G contribuent par leurs actions à la construction du contenu du rapportage social. Notre apport académique concerne la crédibilité du rapportage social qui se cristallise sur trois piliers : son instrumentalisation, sa construction et la divulgation des informations.
Paru dans la revue Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, vol. XXVIII, n° 72, 2022, pp. 27-51.
Mots clés : Travail-Emploi, Réseau social, Réseau, Management, Développement local, Interaction, Échange, Relation interpersonnelle, Entreprise
La diversité des liens qui existent au sein des supply chains peut engendrer l’apparition d’une pluralité de réseaux tant au niveau organisationnel qu’individuel. Des réseaux multiformes sont susceptibles de coexister, d’interagir et d’impacter le fonctionnement des chaînes logistiques. Dans cet article, nous nous proposons d’étudier des supply chains selon une approche micro-fondée menant à l’explication des relations interpersonnelles. Une analyse de réseaux d’individus via le concept polymorphe de proximité permet de répondre à la question de recherche suivante : comment différents réseaux sociaux influencent-ils des supply chains dans une logique d’interaction dynamique ? Un prestataire de services logistiques multi-clients et ses partenaires représentent le terrain d’investigation. Une étude qualitative s’appuyant sur une analyse des proximités décrit la dynamique des relations interpersonnelles et leur influence sur la chaîne logistique. Les résultats révèlent l’existence de deux réseaux sociaux typiques au sein des supply chains étudiées. Le réseau social ancré contribue à développer à la fois réactivité et agilité de la chaîne logistique. Le réseau social efficient impacte plutôt sa performance économique. L’organisation formelle de la supply chain affecte aussi le comportement des acteurs et leurs relations dans une sorte de jeu d’interaction dynamique. La chaîne logistique focalisée sur la réactivité et l’agilité donne plus d’autonomie aux actions individuelles d’acteurs adaptables tandis que celle recherchant davantage de performance en termes de coûts exige conformité et intégration des individus dans des relations structurées et codifiées. Cette dynamique donne dans le cas présent, la perception d’un co-renforcement des réseaux étudiés.
Article de Nicolas Aubouin, Alexandra Le Chaffotec, Jean Max Koskievic, et al.
Paru dans la revue Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, vol. XXVII, n° 71, 2021, pp. 185-210.
Mots clés : Culture-Loisirs, Travail-Emploi, Management, Art, Entreprise, Artiste, Organisation, Création, Institution, Rue, Milieu urbain, Gestion
L’objectif de cet article est de renouveler le dialogue entre art et organisation en mettant en lumière le rôle du street art comme révélateur des tensions organisationnelles et de ses paradoxes. Pour comprendre le rôle d’artefact organisationnel d’une œuvre de street art, nous l’analysons en tant que pratique artistique intégrée dans un processus d’institutionnalisation qui met en tension quatre dimensions clés de l’analyse organisationnelle : éphémère/pérenne ; visible/invisible ; individuel/collectif ; improvisation/routines. Ces dimensions font alors écho à quatre logiques paradoxales de l’organisation (Smith & Lewis, 2011) que nous mettons en évidence autour des enjeux de l’apprentissage, de l’appartenance, de la gestion et de l’exécution. Aussi, en partant plus spécifiquement du travail du street artiste Invader, et notamment de son œuvre « Dr House », nous révélons les tensions « à l’œuvre » et « en œuvre » dans les organisations, ce qui nous permet de mettre en lumière trois dimensions clés de l’œuvre comme artefact pédagogique, moteur de l’action managériale et moteur de la méthodologie de recherche en sciences de gestion. Ce travail suggère finalement une meilleure compréhension du déclenchement des paradoxes et de l’accompagnement de la gestion des paradoxes dans les organisations.
Paru dans la revue Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, vol. XXVII, n° 70, 2021, pp. 27-49.
Mots clés : Travail-Emploi, Management, Travail, Religion, Entreprise, Rôle social, Conflit, Intégration, Voile religieux, Inclusion
La gestion du fait religieux est un sujet montant dans la littérature française depuis les années 2010. Parmi les faits religieux au travail les plus recensés, l’édition 2021 de l’enquête annuelle de l’Institut Montaigne désigne le port visible d’un signe religieux, confirmant la tendance des études précédentes. Ces dernières années, plusieurs affaires médiatisées en France font écho à cet état de fait. Elles mettent systématiquement en exergue des situations liées au port du voile islamique : comme Etam et Décathlon en 2019. Globalement une intervention sur le sujet religieux est plus délicate que sur d’autres pour les managers, notamment en cas de conflit avec un salarié (Institut Montaigne, 2021). Les entreprises sont alors de plus en plus nombreuses à proposer à leurs managers de proximité des dispositifs d’aide à la gestion du fait religieux. Ils officialisent la posture de l’organisation sur le fait religieux, et son approche de la diversité. Les managers de proximité se retrouvent en effet au carrefour des attentes de plusieurs émetteurs. Ils sont à la fois garants de la politique de l’entreprise et premier relai des revendications des salariés. Notre étude questionne donc les tensions de rôle que ces managers peuvent ressentir face à la gestion des pratiques religieuses des salariés, ce à travers le cas du port du voile. Une observation participante de trois ans au sein d’une grande entreprise française de télécommunications, nous a permis d’analyser son dispositif de gestion du fait religieux et de mener 66 entretiens semi-directifs, dont 41 auprès de managers.
Article de Philippe Anton, Amaury Grimand, Stéphane Bellini, et al.
Paru dans la revue Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, vol. XXVII, n° 70, 2021, pp. 133-155.
Mots clés : Travail-Emploi, Management, Secteur public, Collectivité territoriale, Stratégie, CCAS, Concertation, Changement, Projet
Cette recherche s’intéresse au rôle des espaces de concertation comme levier d’appropriation des projets de changement en contexte public. Les nombreuses réformes qui ont remodelé depuis 30 ans l’action publique ont attribué aux managers publics un rôle décisif dans la modernisation des collectivités territoriales. Nous questionnons dans cet article la capacité de la concertation à s’affirmer comme un levier pertinent de régulation des paradoxes de l’action publique qui s’expriment à l’occasion de projets de changement. Nous mobilisons dans cette optique une recherche-intervention de 36 mois au sein du CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) d’une collectivité locale. L’objet de concertation concerne l’évaluation des pratiques professionnelles liées à l’admission d’un résident en EPHAD.
Nos résultats mettent en relief plusieurs paradoxes organisationnels auxquels s’expose la direction du pôle seniors : le paradoxe de l’organisant, le paradoxe de l’apprentissage, le paradoxe identitaire et le paradoxe de la pratique. Sur le plan théorique, notre recherche enrichit la littérature sur les paradoxes organisationnels en soulignant le rôle de la concertation dans leur régulation. Sur le plan empirique, nos résultats soulignent dans le contexte des collectivités locales le rôle des espaces de concertation comme vecteur de construction du sens, lieu de questionnement de la prescription, lieu de production identitaire et espace d’apprentissage inter-organisationnel. Les limites de ce travail tiennent à ce que la concertation est ici envisagée essentiellement dans le cadre de changements imposés et non émergents. Enfin, la discussion esquisse quelques pistes sur l’ingénierie des espaces de concertation qui pourront probablement être approfondies dans le cadre de recherches futures.
Paru dans la revue Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, vol. XXVII, n° 70, 2021, pp. 51-82.
Mots clés : Travail-Emploi, Management, Outil, Comportement, Organisation, Psychologie du travail, Méthodologie
Les enjeux méthodologiques engendrés par l’accès à des sources de données importantes atteignent aujourd’hui des domaines de recherche jusqu’ici peu concernés, comme le comportement organisationnel. La réflexion sur les méthodes applicables pour tirer parti des possibilités offertes par des données secondaires disponibles en grande quantité est relativement récente. Les chercheurs en management, habitués à travailler sur des échantillons de taille modeste dans un cadre hypothético déductif font face à un vrai défi méthodologique lorsqu’ils souhaitent tirer parti de données secondaires en adoptant une approche guidée par les données (data driven). Parmi les pistes permettant de relever ce défi figure l’usage de modèles graphiques gaussiens (MGG), qui permettent la visualisation et l’analyse des relations entre un ensemble de variables gaussiennes. L’application de cette « façon de voir » à la psychologie a favorisé le développement d’un courant de recherche très actif, la psychométrie de réseau (Network Psychometrics), qui renouvelle l’étude des échelles de mesure et des attitudes en s’appuyant notamment sur des graphes parcimonieux. L’objectif de cet article est de montrer la valeur ajoutée de cette approche dans le champ du comportement organisationnel, lorsqu’elle est utilisée comme outil exploratoire. Nous verrons que les MGG peuvent offrir un point de vue complémentaire lorsqu’il s’agit d’analyser des systèmes d’interactions entre variables et comment ils peuvent s’articuler avec les approches confirmatoires par méthodes d’équations structurelles, plus couramment employées pour ce type d’analyse. Les enjeux de cette articulation seront illustrés par l’exploration de la version française d’une mesure récente de l’implication au travail.
Article de Pierre Piré Lechalard, Delphine Van Hoorebeke
Paru dans la revue Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, vol. XXVII, n° 68, 2021, pp. 5-30.
Mots clés : Travail-Emploi, Émotion, Management, Décision, Psychologie du travail, Groupe de travail, Leader, Influence sociale, Imitation
Des recherches ont montré qu’une décision ne peut être prise en excluant les émotions de l’équation, pendant que d’autres ont avancé que les émotions sont contagieuses. De notre côté, nous avançons qu’elles peuvent être un véhicule des décisions au sein d’un groupe de travail et que, dans ce cas, les décisions se diffusent plus rapidement que sous une diffusion cognitive de l’information. Pour aller plus loin dans la réflexion, nous pensons que la présence d’individus que nous qualifions de leaders d’émotion (agents contaminants) ainsi que d’individus récepteurs émotionnels (agents contaminés) augmentent la contagiosité d’une décision, en particulier dans les organisations. Si de nombreuses études ont porté sur la prise de décision managériale, leur diffusion sous influence émotionnelle reste peu approfondie. De même, les décisions non-programmées (non routinière) ont été peu étudiées. La présente étude se propose, ainsi, de montrer cette influence au travers d’une expérimentation couplée à une méthodologie sociographique. Cette expérience permet (1) d’isoler l’adoption d’une décision prise sous influence des émotions (2) de mettre en exergue le seuil de résistance émotionnelle (le niveau de porosité aux émotions) des individus d’un réseau social et (3) de préciser le rôle des leaders d’émotions pour l’acceptation d’une décision non-programmée dans un système social. L’étude confirme que les émotions sont des signaux d’alertes qui accélèrent la diffusion des décisions non-programmées, révèle un rôle ambivalent des leaders d’émotion et la faculté à « mimiquer » des résistants émotionnels. La discussion des résultats met en lumière les capacités et valeurs essentielles des leaders d’émotion.