PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques : La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT.
Paru dans la revue Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, vol. 71, n° 7, novembre 2023, pp. 349-355.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Adolescent, Identité, Trouble de la personnalité, Souffrance, Souffrance psychique, Réseau social, Traumatisme, Psychiatrie, Approche clinique
Dans les services de pédopsychiatrie, nous rencontrons de plus en plus d’adolescents qui nous rapportent des symptômes « dissociatifs », et il ne devient plus rare que soit évoqué le diagnostic de trouble dissociatif de l’identité. La visibilité accrue de certains symptômes psychiatriques peut être liée à un meilleur repérage et une formation accrue des cliniciens, mais également aux changements de contextes sociétaux qui peuvent favoriser l’émergence ou l’entretien de certaines formes d’expression de la souffrance psychique. L’adolescence contient également ses remaniements identitaires et ses dialectiques propres, venant nécessairement colorer les troubles et leur signifiance, qui parfois doit être décryptée au-delà du passage à l’acte ou de la forme syndromique inaugurale. Nous proposons ici de discuter nos interrogations par rapport au trouble dissociatif de l’identité à l’adolescence, et certains des enjeux psychopathologiques qui sont soulevés.
Paru dans la revue Dialogue, n° 237, septembre 2022, pp. 139-154.
Mots clés : Immigration-Interculturalité, Migration, Récit de vie, Identité, Relation enfant-parents, Histoire familiale, Accompagnement, Traumatisme, Ethnopsychiatrie, Naissance
L’article rend compte d’un dispositif de la « clinique de la multiplicité » mis à la disposition notamment de familles dont la construction identitaire et le lien parent-enfant ont été mis à mal par un contexte de migration forcée. À travers l’exemple de la rencontre clinique d’une mère et de deux adolescents khmers dont l’histoire, marquée par le génocide de l’Angkar, a voulu effacer le noyau identitaire – constitué de tous les éléments de transmission qui font ce que l’on est –, l’auteure montre qu’un « travail de migration » est nécessaire pour permettre à chacun, adolescents et parents, de passer d’un état d’être à un autre et de se reconnaître héritiers des différents mondes dont ils sont issus. La co-construction d’un récit fondateur permettra la restauration psychique en passant par la redéfinition symbolique de leur acte de naissance, sorte de mythe pourvoyeur de sens de leur existence.
Les jeunes « radicalisés » sont confrontés à des mouvements de questionnements internes et externes, comme grand nombre d’adolescents, sur leur filiation, leur identité. Leur engagement dans cet horizon guerrier s’inscrit autour de menaces psychiques inexorables face à des impensés dans leur histoire individuelle et collective. Appuyé par une méthodologie complémentariste, l’article analyse la situation de deux jeunes hommes confrontés à des reviviscences traumatiques de non-dits familiaux et la réactivation de mouvements internes et externes non maîtrisables. Malgré la tentative de maîtriser ces menaces, la radicalité semble renvoyer à une violence sociale et politique menaçante.
Paru dans la revue Dialogue, n° 235, mars 2022, pp. 21-33.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Conte, Traumatisme, Relation familiale, Thérapie de groupe, Intergénérationnel, Imaginaire, Identité, Magie, Symbolique
Le conte permet d’actualiser, de métaphoriser et de dépasser une altération traumatogène des vécus familiaux. Sa structure cyclique, sa narrativité spécifique liée à une mobilisation manifeste de l’imaginaire lui confèrent une capacité élaborative suffisante pour engager le sujet dans une mise à l’épreuve identitaire corrélée à un étayage intersubjectif en mesure de lui offrir une ouverture symbolique adéquate. L’analyse du conte russe L’oiseau de feu met en évidence les différentes manières dont dispose le conte pour symboliser les transformations nécessaires à la progression maturative individuelle, au-delà des conflits familiaux rencontrés. L’auteur présente les trois temps du dispositif du groupe-conte au cours desquels se manifestent, à mesure que se développe une processualisation psychique groupale, la mise en jeu des niveaux inter et transgénérationnels ainsi que la résolution des conflits familiaux.
La méthodologie exposée dans cet article a été élaborée voici plus de vingt ans pour et avec les enfants victimes de viols, l’ampleur des dégâts psychiques ayant été révélée par l’expertise judiciaire. La démarche théorique s’inspire de la phénoménologie des modes d’expression du sujet qui s’avèrent être à la fois révélateurs et moteurs thérapeutiques du trauma. La démarche pratique renvoie au constat de l’adéquation universelle du conte avec la mentalité infantile, tricotant un espace de fiction transitionnelle, facteur de résilience. L’expérience de création de contes avec les enfants victimes d’agressions psychocorporelles a objectivé les indicateurs de destruction et corrélativement les indicateurs de reconstruction psychique de l’identité. Cette méthode propose dix ancrages thérapeutiques à partir de balises narratives dûment décryptées. La thérapie par le conte créatif est applicable à toute autre problématique traumatique, en collectif ou en individuel.
Paru dans la revue Dialogue, n° 233, septembre 2021, pp. 41-58.
Mots clés : Enfance-Famille, Traumatisme, Honte, Secret, Histoire familiale, Distance, Étranger, Identité, Conscience de soi
Cet article propose une réflexion soulevée par le suivi psychanalytique de sujets expatriés dont les problématiques psychiques sont liées, entre autres facteurs, à la présence d’un secret tenu par leurs parents. J’émets ici l’hypothèse que l’expatriation, en tant que déplacement volontaire, peut permettre à certains sujets d’inscrire différemment, dans leur histoire, un événement traumatique tenu secret par leurs parents. Cette réflexion s’inscrit dans le prolongement d’une conception psychanalytique de l’expatriation (Drweski, 2015). Elle s’appuie sur les notions de clivage (Bayle, 2012), du double transitionnel (Jung, 2015) et du secret (Tisseron, 2001). L’auteure présente le cas de Doris, expatriée française suivie dans le cadre d’un travail de recherche mené à l’étranger. Il apparaît que la distance physique instaurée par son expatriation lui permet de se dégager psychiquement du vécu lié au clivage parental et enclenche une évolution de la situation discursive au sein de la famille.
Aujourd'hui, résilience et victimisation ne sont pas antagonistes, mais complémentaires, contrairement aux représentations institutionnelles et cliniques. Il s'agit, dans ce travail, d'interroger les conditions dans lesquelles ces deux processus peuvent se conjuguer vers une restructuration psychique spécifique, qui passe par un ensemble de processus apparemment paradoxaux.
Paru dans la revue Nouvelle revue de psychosociologie, n° 31, printemps 2021, pp. 65-80.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Adolescent, Analyse de la pratique, Approche clinique, Émotion, Estime de soi, Étude de cas, Exil, Groupe, Histoire familiale, Identité, Image de soi, Isolement, Lien social, Maltraitance, MECS, Médiation, Migration, Mineur non accompagné, Narcissisme, Parole, Photographie, Recherche, Réfugié, Représentation sociale, Souffrance psychique, Traumatisme, Violence
Exposés à des violences extrêmes au cours de leur parcours migratoire, les adolescents exilés ont dû affronter une position de solitude, parfois associée à un saut dans le vide, au risque de se retrouver hors du monde. Ces expériences ont engendré une effraction des contenants intrapsychique, intersubjectif et transsubjectif et une panne du travail d’historisation. Le temps psychique de l’adolescence est alors suspendu, écrasé, laissant comme un trou entre l’enfance et l’âge adulte, empêchant le sujet d’occuper des positions identificatoires dans une dialectique entre permanence et changement. Le groupe à médiation photolangage est envisagé comme un dispositif favorisant la figuration des traumatismes et la réhumanisation du lien à l’Autre humain adulte, en s’appuyant sur le groupe comme figure secourable.
Article de Christine Durif Bruckert, Bruno Cuvillier, Edouard Leaune
Paru dans la revue Santé mentale, n° 256, mars 2021, pp. 87-91.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Culpabilité, Émotion, Groupe de parole, Hôpital psychiatrique, Identité, Relation soignant-soigné, Responsabilité, Suicide, Témoignage, Traumatisme
Nous avons mené à Lyon, entre novembre 2017 et mai 2019, au sein d'un centre de prévention du suicide, une étude qualitative construite sur la méthode des Focus-groups ayant pour objectif d'estimer les impacts psychosociaux et professionnels du suicide d'un patient sur les internes en psychiatrie, et d'identifier les modèles de réponses qui peuvent être envisagés. Celle-ci fait ressortir que l'impact immédiat est très majoritairement de l'ordre d'un bouleversement personnel et professionnel important (sentiment de culpabilité et d'incompétence) et de façon plus durable d'une atteinte de l'idéal et de l'évidence du métier (modifications du système de représentations professionnelles et des bénéfices attendues). La méthode des focus-groups a fonctionné comme scène d'élaboration narrative et collective de l'événement initial. Les modalités de dégagements de l'épreuve et les voies d'accès possibles aux règles et à une culture du métier partagés et débattus dans ces groupes donnent les bases d'un programme et d'un dispositif plus large de postvention.