La pédagogie a longtemps été l'apanage de l'école. Lorsque les professionnels de la petite enfance ont commencé à se préoccuper des questions d'apprentissage, les pratiques pédagogiques mises en œuvre pour les élèves ont d'abord été transposées aux plus petits, avec l'ambition sous-jacente de les préparer à l'école. Il existe pourtant une différence fondamentale entre les bébés et les plus grands scolarisés : le langage. Cette particularité dessine une frontière entre l'enfant préverbal, immergé dans le présent sensorimoteur, et l'enfant verbal, capable de se projeter dan l'avant et l'après, dans l'imaginaire et dans l'abstractions. Ce ne sont pas les mêmes mondes.

Pour les adultes, associer jeu et apprentissage n’est pas spontané. Le jeu est affilié au loisir, tandis que l’apprentissage relève du travail, de l’école, bref, du sérieux. Les pédagogies actives ont redonné à l’enfant un rôle de découvreur investi dans une dynamique d’exploration au détriment de celui, passif, de receveur d’un savoir à assimiler. Cette approche est aujourd’hui courante dans le champ de la petite enfance : jouer est dorénavant considéré comme le travail du tout-petit, qui apprend de ses expérimentations. La motricité est l’agent de ses actions car, en bougeant, l’enfant va dialoguer avec le monde, l’apprendre.

Grimper est le prolongement du quatre pattes qui, comme tout besoin de développement des tout-petits, doit être satisfait impérativement si les professionnels ne veulent pas s’épuiser à répéter sans cesse un interdit qui ne sera pas respecté puisque grimper est “plus fort qu’eux”. S’il est interdit de monter sur les tables et les meubles, sans doute est-il nécessaire de mettre autre chose à la disposition des petits grimpeurs.

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Alors qu'il entre dans la période de l'explosion motrice dès ses premiers déplacements au sol, le jeune enfant doit trouver dans son environnement du "grain à moudre" pour exercer ses nouvelles compétences qui sont aussi, dans son interaction avec le monde, spatiales, cognitives et sociales. Les parcours, incontournables dans les activités et l'aménagement des structures d'accueil, sont des supports privilégiés d'opportunités d'actions pour les enfants, comme d'observation pour les adultes qui les accompagnent

"Mais qu'est-ce qu'ils sont, aujourd'hui ? C'es la lune ? C'est bientôt Noël ?" "On va les mettre dehors, comme ça, ils vont se défouler." Le défoulement serait ainsi le moyen d'évacuer un trop-plein d'énergie et d'excitation accumulées chez les jeunes enfants, comme on viderait un récipient qui déborde. Et si derrière cela il y avait chez eux un besoin vital de bouger qui ne trouve pas toujours les conditions adéquates à sa satisfaction ?

Les principes de la motricité libre font largement consensus dans le monde de la petite enfance. Ils sont intégrés dans les formations initiales des professionnels et sont à la base de pratiques pédagogiques de plus en plus répandues, axées sur le jeu libre et la circulation des enfants dans les espaces ludiques des lieux d'accueil. Si les projets pédagogiques mentionnent l'importance de la liberté motrice, sa mise en œuvre sur le terrain n'est pas toujours évidente.