Le secteur marchand des établissements d’accueil du jeune enfant s’est ouvert il y a bientôt vingt ans. Les entreprises de crèche, et donc les entrepreneurs, se sont multipliés, même si seul 20 % de l’accueil du jeune enfant est aujourd’hui détenu par des établissements à but lucratif. Le métier d’entrepreneur de crèche fait rêver, mais nombre de ceux qui ont sauté le pas sont déçus par le traitement qui leur est réservé par les institutions de tutelle et par les professionnels de la petite enfance. Ils ne sont par ailleurs pas toujours bien préparés pour aborder ce secteur.

(…) Cela fait vingt ans que nous avons changé de siècle. Il est temps de se retourner et de se demander ce qui a changé pour les jeunes enfants et pour ceux qui s'en occupent. Avons-nous progressé dans la considération et la pris en charge des plus petits ? Savons nous utiliser les connaissances actuelles sur leur développement pour les soutenir ? Avons-nous créé des lieux susceptibles de les accueillir à la hauteur de ce qu'ils pourraient attendre ? Sommes-nous capables de former des professionnels aptes à les accompagner avec affection, bienveillance et justesse ? De nombreuse questions, que l'on peut résumer en une seule : qu'avons-nous fait de nos rêves de la fin du siècle dernier, ceux qui visaient à faire de la petite enfance un domaine professionnel particulier, à la fois d'excellence et spécifique, à la croisée du social, de l'éducatif et du médical ?

L'agrément d'un équipement d'accueil du jeune enfant (EAJE) précise le nombre d'enfants pouvant être accueillis simultanément, mais les aléas sont prévus par le Code de santé publique, et il es possible d'un accueillir plus que prévu. Le taux de surnombre dépend alors de la taille de l'EAJE, mais les textes, malgré leur précision, peuvent être interprétés de deux manières différentes. Soit en prenant en considération le nombre d'enfants et la capacité de l'établissement, soit en retenant le volume horaire occupé par la présence des enfants. Les deux interprétations n'on évidemment pas les mêmes conséquences.

La satisfaction des parents consommateurs d’un service d’accueil du jeune enfant est souvent en rapport avec ce qui se passe réellement à la crèche – la manière dont ils sont accueillis, eux et leur enfant –, mais aussi avec les questions administratives, financières et avec les contrats qu’ils signent. Lorsque les mêmes personnes interviennent sur les aspects pédagogiques et techniques et sur les conditions administratives et financières, des effets négatifs se produisent, diminuant la satisfaction globale des parents et pouvant placer l’enfant et les professionnels en mauvaise posture.