Se séparer de ses proches, vivre loin d’eux et d’elles : l’exil de la plupart des demandeurs et demandeuses d’asile en France est indissociable de l’éloignement physique de membres de leurs groupes sociaux et familiaux, de leurs « proches ». Parmi ces séparations, celles qui concernent les enfants sont souvent évoquées dans le discours des personnes exilées, et nommées comme particulièrement douloureuses. Elles provoquent chez l’interlocuteur ou l’interlocutrice – médecin, chercheur·euse, psychologue, assistante sociale, avocat·e – des émotions contrastées et des représentations complexes : de la perplexité à la sidération, du jugement moral à l’empathie. Ces émotions et représentations – les miennes et celles dont ont pu me faire part des collègues – ont aiguillonné l’écriture de cet article : elles étaient le signe d’un impensé qui, en tant que tel, pouvait faire obstacle au processus thérapeutique.