Rédigé comme un aide-mémoire des principaux procédés de manutention d'un malade, d'un bébé, ce manuel s'adresse tant aux étudiants qu'aux soignants professionnels : médecins, infirmières, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, puéricultrices, auxiliaires de puériculture, aides-soignants, manipulateurs radio, brancardiers, convoyeurs, à tout soignant privé (non membre du personnel hospitalier) ayant à sa charge une personne souffrante, voire dépendante, aux chefs d'entreprise employant des personnes à mobilité réduite ainsi qu'aux collègues aidants d'un handicapé.
Autrement dit, que l'on soit soignant, aide-soignant, brancardier, assistante maternelle, parent, pédiatre, infirmière puéricultrice... «Si tu veux aimer, soigner, bien porter un bébé, aime et garde-toi en bonne santé.» Il est indispensable de protéger son dos, source de fatigue et de douleur, grâce à une manutention correcte.
Le mot manutention vient de la contraction de deux expressions latines : d'une part, «manutenere», qui signifie maintenir ou tenir avec la main et, d'autre part, «tion», suffixe qui évoque l'action de gérer ou conduire, c'est-à-dire mener quelqu'un quelque part.
Défendre l'intégrité de son dos est un problème quotidien de la vie courante que les «Écoles du dos» tentent de résoudre. Le mal de dos entraîne, en effet, de nombreux arrêts de travail, parfois l'impossibilité de poursuivre la profession entreprise. Rappelons ici que le personnel soignant est composé à 80% de femmes ; leur capacité moyenne est de porter 25 kg, alors que celle d'un homme est de 50 kg, s'il n'est pas un haltérophile, bien sûr !
Certes, nous avons à notre disposition de plus en plus de lève-malades, de lits à hauteur réglable..., mais encore en nombre insuffisant, et leur aide n'est que partielle. Or, chaque jour, effectuer un soin, faire une toilette, passer un bassin, installer un patient dans un fauteuil sont autant de situations qui conduisent le soignant, insuffisamment exercé, à gaspiller ses forces, à ressentir une douleur et même courir un risque d'accident.
Fondée sur l'utilisation optimale de la flexibilité et des lignes de force du corps humain, la technique de manutention du patient s'apprend.
L'apprentissage de cette technique permet au soignant d'assimiler l'attitude naturelle de sa colonne vertébrale (rachis) et les procédés essentiels pour une exécution par les jambes (membres inférieurs) du changement de position du patient.
Une pratique courante crée un automatisme professionnel tel que le soignant coordonne, à la perfection, sa position orthostatique (relative à la station debout) normale dite «position intermédiaire», des gestes aux prises efficaces et des mouvements assurés et appropriés à la manutention. Ainsi le patient est rassuré et le soignant agit sans souffrance dorsale, car ses jambes exécutent l'action.
On n'insistera jamais assez sur la musculation et l'assouplissement des jambes par un entraînement gymnique progressif pour maintenir la condition physique.
Car «il n'est bon dos que planté sur des jambes fortes et souples». Mais la manutention s'oublie.
Certains gestes, accomplis rarement, s'effacent en partie de la mémoire. Le travail avec des collègues non encore formés, la fatigue, la terrible précipitation liée à la surcharge d'ouvrage, entraînent la déformation des gestes appris. C'est alors la malposition, le faux mouvement et... le retour du «mal de dos» !
Se recycler en permanence est impératif.