L’histoire du travail social est traversée par l’évolution des institutions, de ses pratiques et de ses publics. Sa légitimité s’est construite par un savoir-être, un savoir-faire, des connaissances qui relèvent de méthodologies d’intervention sociale et qui s’appuient sur une déontologie. Force est de constater que le travail social se meut depuis toujours à l’intersection de plusieurs logiques : économiques, sociales et politiques. Il apparaît dès lors fondamental de pouvoir amener des éléments de réflexion pour (re)questionner le sens du travail social, savoir ce qu’il est, pour en espérer, ensuite, des actes politiques lui permettant d’exister réellement. Les écarts de conception du travail social se creusent entre prescripteurs et travailleurs sociaux. Que risque-t-on à procéder ainsi ? Cette évolution peut profondément changer le sens du travail social et la motivation de ses protagonistes.

Au Québec, les transformations du réseau de la santé et des services sociaux axés sur l’efficacité et les données probantes tout comme la refonte du système professionnel ont fragilisé l’intervention clinique en travail social. Ainsi, les travailleurs sociaux se retrouvent dans un contexte de pratique de plus en plus structuré et normé qui entraîne des paradoxes et fragilise leur santé mentale. Cet article s’intéresse aux défis que les travailleurs sociaux doivent relever pour continuer à faire de l’intervention clinique.