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Peut-on parler de la famille en France aujourd’hui ? En la matière, les débats sont souvent explosifs. Car toucher à la famille, c’est toucher à ce que nous avons de plus intime, qu’on batte le pavé pour réclamer « un papa, une maman, pour tous les enfants » ou qu’on revendique « la PMA pour tout(e)s ». Sortons donc quelques instants des polémiques et prenons le temps de découvrir les visages de la famille française du 21e siècle. Moins qu’un renversement total des pratiques, on découvrira des modèles variés et des dynamiques contradictoires. D’un côté l’augmentation des divorces, de l’autre une grande majorité des enfants qui continuent de vivre avec leurs deux parents. D’un côté de nouvelles formes de parentalité, de l’autre des mères qui continuent à consacrer deux fois plus de temps que les pères à leurs enfants. D’un côté des familles qui aiment et protègent, de l’autre des familles qui transmettent mal-être ou pathologies. Pour autant, peut-on se passer de la famille ? Il faut certainement en avoir une pour pouvoir, comme Jules Renard, regretter de n’avoir pas la chance d’être orphelin.
En famille, on parle plus aisément du diabète d’un parent que de sa schizophrénie ou de son trouble bipolaire. Privés d’explications, les enfants risquent alors de construire leur propre modèle, souvent à contresens…
Article de Béatrice Kammerer, Agnès van Zanten, Nicole Catheline, Bernard Golseet al.
Paru dans la revue L'Ecole des parents, n° 634, janvier-mars 2020, pp. 32-62.
Mots clés : Enfance-Famille, Parentalité, Éducation, Contrôle, Enfant, Fatigue, Souffrance psychique, Frustration, Obsession, Apprentissage, Réussite scolaire, Enseignant, Anxiété, Technologie de l'information et de la communication, Confiance, Adolescent, Nourrisson, Stimulation, École, Éducation nouvelle, Pédagogie, Délinquance, Enfant de migrant, Famille, Usure professionnelle
Notre époque anxiogène, qui responsabilise énormément les individus, a vu émerger un profil de parents « experts », qui s’informent tous azimuts et surinvestissent l’éducation de leur enfant. Soucieux de bien faire, certains le stimulent à l’excès depuis sa naissance, d’autres le protègent le plus possible des émotions négatives ou le suivent à la trace, n’hésitant pas à l’équiper d’une balise GPS. Leur omniprésence auprès de lui finit par entraver sa prise d’autonomie et sa confiance en lui, avec des conséquences sur son développement, sa vie relationnelle et sa scolarité… Et les expose eux-mêmes au burn-out. Comment expliquer ces dérives, propres aux pays riches ? Et surtout, comment éviter d’en arriver là ? Ce numéro de L’école des parents analyse le phénomène de l’hyperparentalité avec l’aide de psychopédagogues, de sociologues, de psychologues et d’anthropologues, pour accompagner au mieux les parents et les inciter à « lâcher prise ».