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Nous nous proposons de décrire le suivi thérapeutique d’une enfant de 15 mois prise en charge dans notre service hospitalier à la suite du meurtre de sa mère par son père. L’accompagnement thérapeutique dans un contexte aussi dramatique (perte brutale des deux figures d’attachement, placement en urgence) soulève des problèmes spécifiques, notamment du fait de l’intensité de la charge émotionnelle et des effets de sidération induits par l’événement traumatique, aussi bien pour l’entourage de l’enfant que pour les thérapeutes eux-mêmes. Le cadre thérapeutique que nous présentons ici, tenant compte de ces spécificités, a permis un travail en direction de l’enfant, portant sur l’intégration de son vécu catastrophique de perte et de rupture. Mais il a également favorisé un travail plus indirect autour des interactions avec le caregiver, en l’occurrence la grand-mère paternelle, elle-même aux prises avec des processus traumatiques. Le processus thérapeutique qui s’est engagé avec la dyade a ainsi ouvert la voie à une possible narrativité.
Article de Flaviana Maroja Cox, David Martinez, Laura Duprey, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 2, juin-décembre 2019, pp. 227-239.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Santé mentale-Souffrance psychique, Homicide, Femme, Mère, Enfant, Mort, Psychothérapie, Violence conjugale
Cet article décrit le processus thérapeutique d’une fratrie de trois enfants de cinq ans, trois ans et demi et deux ans et demi, hospitalisés puis suivis en consultations de pédopsychiatrie au décours du meurtre de leur mère et de leur grand-mère par leur père, dont ils ont été témoins. La perte d’une mère dans ce contexte est probablement le traumatisme le plus terrible auquel un enfant puisse être confronté. Nous analysons également les mouvements psychiques des enfants doublement confrontés au traumatisme et à la perte de trois figures d’attachement primordiales. Enfin, dans cette situation singulière, nous nous intéressons à ce qui se joue dans la rencontre entre les enfants endeuillés et les thérapeutes, au cours d’une psychothérapie qui se déroule au sein d’un hôpital.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 1, janvier-juin 2019, pp. 207-223.
Mots clés : Enfance-Famille, Parentalité, Maternité, Psychose, Risque, Éthique, Représentation sociale, Résilience, Famille
La parentalité des mères présentant un trouble psychotique demeure peu étudiée et majoritairement considérée dans la littérature francophone du point de vue des facteurs de risque pour l’enfant. À travers une revue de la littérature, cet article propose un nouveau regard face à cette problématique en interrogeant également les facteurs de protection. L’objectif est d’exposer d’une part, les effets délétères de la maladie et les difficultés que les femmes psychotiques rencontrent dans leur parentalité et d’autre part, les facteurs individuels et environnementaux qui peuvent contribuer à les protéger dans leur rôle maternel. Une approche écosystémique, prenant en compte les facteurs personnels et environnementaux, semble la plus adaptée pour comprendre la problématique des mères présentant un trouble psychotique et contribuer à un processus de résilience individuelle ou familiale.
Article de Cécilanne Lepage Voyer, Miguel M. Terradas, Olivier Laverdière
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 1, janvier-juin 2019, pp. 173-205.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Enfant maltraité, Protection de l'enfance, Traumatisme, Mécanisme de défense, Trouble de la personnalité, État limite
Une controverse entoure le diagnostic de trouble de personnalité limite (TPL) chez les enfants. Certains auteurs mettent l’accent sur les risques de poser un diagnostic précoce alors que d’autres le considèrent essentiel pour orienter le traitement. Une position intermédiaire propose l’identification d’indices cliniques qui laisseraient présumer d’un risque de développer un TPL à l’âge adulte, tel que le recours aux mécanismes de défense immatures. Les enfants qui ont vécu des évènements traumatiques au sein de la relation avec leurs parents, comme ceux qui sont hébergés en protection de l’enfance, seraient plus à risque de développer un TPL à l’âge adulte. La présente étude vise à explorer les liens entre les traits de personnalité limite et les mécanismes de défense chez des enfants d’âge scolaire ayant vécu des évènements traumatiques. Les résultats démontrent que certains traits de personnalité limite sont liés aux mécanismes de défense immatures et inversement associés aux mécanismes de défense matures.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 1, janvier-juin 2019, pp. 131-146.
Mots clés : Enfance-Famille, Période de latence, Rite
Cette recherche a pour objet l’analyse d’un fait culturel : la pratique entre parents et enfants du rituel qui accompagne la chute des dents de lait. Le terrain de recherche croise des données sociologiques et historiques. Leur analyse permet de conclure que la pratique du rituel associé à la chute des dents de lait favorise la transformation de l’angoisse que l’enfant aurait pu éprouver : une angoisse potentielle. Ainsi, le signal d’angoisse n’est pas déclenché par le moi de l’enfant : celui‑ci vit une expérience qui mêle un sentiment de merveilleux et d’inquiétante étrangeté. Ce continuum entre angoisse potentielle, sentiment d’inquiétante étrangeté et de merveilleux s’associe à l’aspect formel de ce processus : un continuum entre « game » et « play ».
Article de Eglantine Mazeaud, Aurélie Harf, Sara Skandrani, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 1, janvier-juin 2019, pp. 117-129.
Mots clés : Enfance-Famille, Adoption internationale, Identité, Adolescent, Altérité, Pays d'origine, Voyage
L’objectif de cette étude est de mettre en évidence la complexité de la construction identitaire chez les adolescents adoptés à l’international. Sept entretiens semi structurés ont été menés auprès d’adolescents âgés de 13 ans à 19 ans, adoptés dans le cadre d’une adoption internationale. La méthode utilisée dans cette étude est une analyse qualitative phénoménologique des entretiens (Interpretative Phenomenological Analysis). L’analyse des entretiens permet de dégager trois thèmes principaux en lien avec la question de la construction identitaire : les sentiments d’appartenances, l’altérité visible et le voyage retour au pays de naissance. Les récits de ces sept adolescents nous permettent d’observer les dialogues et conflits qui résident au sein de chacun et de mettre en évidence une quête identitaire mouvante et dynamique. L’importance que les adolescents adoptés accordent au temps, un ingrédient indispensable dans les étapes à respecter pour leur construction identitaire, témoigne bien de cette idée d’une progression lente et dynamique de l’identité. Ce cheminement difficile mais créateur renvoie inéluctablement à la complexité d’être entre deux filiations, entre deux pays, entre deux cultures. Un « entre deux » à entendre dans sa particularité, un métissage n’appartenant à aucune catégorisation de l’identité.
Article de Olivier Taïeb, Catherine Le Du, Steeve Baltimore, et al.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 1, janvier-juin 2019, pp. 53-60.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Psychodrame, Thérapie de groupe, Adolescent, Jeu, Temps, Vacances
Le psychodrame psychanalytique de groupe pour adolescents en faisant expérimenter des jeux autour de la temporalité peut parvenir à construire un passé groupal partageable. Une séance mettant en scène une machine à explorer le temps pour retrouver le temps perdu des vacances illustre le formidable potentiel thérapeutique de ce dispositif.
Le 12 janvier 2010, un terrible séisme détruit Port-au-Prince et affecte trois millions et demi de personnes. Cet événement constitue une crise majeure dans le parcours des parents français ayant, à l’époque, entrepris les démarches pour adopter un enfant né en Haïti. À la suite à la mobilisation de collectifs de parents, le gouvernement français décide fin janvier le transfert d’enfants pour lesquels un jugement d’adoption était prononcé. Les parents adoptants rencontrent alors pour la première fois leur enfant aux aéroports d’Orly et de Roissy, sous le regard des journalistes et des politiques. Grâce à une étude qualitative de type phénoménologique, nous avons exploré, six ans après, les représentations que les parents adoptifs ont construites autour des premières rencontres avec leur enfant et proposé des recommandations en cas de nouvelle catastrophe naturelle. À notre connaissance, aucune recherche équivalente n’a été menée sur le sujet. Conformément à la législation internationale, l’adoption ne peut pas être une réponse à l’urgence. La préparation de l’enfant et du (ou des) parent(s) adoptant(s) est primordiale pour éviter un traumatisme surajouté. Ces adoptions marquées par le séisme incitent à penser de manière plus fine les difficultés auxquelles sont confrontés les parents adoptants, et donc l’ensemble des questions filiatives.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 1, janvier-juin 2019, pp. 61-77.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Psychanalyse, Psychanalyste, Approche historique, Adolescent, Anorexie, Transfert, Approche clinique, Winnicott (Donald Wood), Freud (Anna)
La question de l’élaboration d’un environnement thérapeutique est au premier plan dans le parcours de Winnicott. Avant de présenter un cas clinique inédit de Winnicott à partir de sa correspondance inconnue avec Anna Freud, nous remettons dans son contexte historique la position de Winnicott vis‑à-vis de la théorie psychanalytique proposée par chacune des deux pionnières de la psychanalyse de l’enfant, Anna Freud et Melanie Klein. Nous présentons le contenu de neuf lettres inédites essentiellement adressées par Winnicott à Anna Freud pour exhumer des éléments importants concernant la cure psychanalytique d’une jeune fille anorexique. Les hypothèses sur le monde inconscient de cette patiente s’articulent avec la façon dont Winnicott s’implique dans la mise en place d’un environnement thérapeutique incluant divers praticiens.
Paru dans la revue La Psychiatrie de l'enfant, vol. LXII, n° 1, janvier-juin 2019, pp. 37-52.
Mots clés : Enfance-Famille, Adoption, Thérapie, Filiation, Thérapeute, Transfert, Psychanalyse, Parents, Enfant, Roman familial
Quels sont les enjeux inconscients d’une thérapie d’enfant adopté ? Une histoire d’adoption et les vécus potentiellement traumatiques dont elle a été marquée, autant pour les parents adoptifs que pour l’enfant adopté, constituent‑ils un obstacle à une thérapie d’enfant de type psychanalytique ? Le cadre de la situation analytique et les mouvements régressifs et pulsionnels qu’il convoque constituent‑ils un insupportable tel que le passage à l’acte et l’interruption brutale des séances seraient alors la seule tentative d’élaboration possible ? En illustrant nos propos d’éléments cliniques issus de deux thérapies d’enfants adoptés et en se référant aux outils théoriques psychanalytiques, nous tenterons d’interroger la spécificité de ces traumas liés à des ruptures dans la filiation. Enfin, dans leur questionnement si essentiel sur l’abandon, le roman familial et l’énigme des origines, que nous enseignent ces jeunes patients adoptés sur nos pratiques de thérapeute d’enfant ?