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Article de Olivier Crasset, Annie Dussuet, Virginie Guiraudon, et al.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 150, 2024-1, pp. 47-151.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Emploi, Aide à domicile, Care, Épidémie, Confinement, Risque professionnel, Personne âgée, Travail ménager, Genre, Assurance chômage, France, Autriche, Irlande, Amérique du Sud
Ce numéro apporte une contribution empiriquement fondée à la connaissance des transformations des emplois du care à domicile depuis le début de la crise du Covid-19. Il révèle non seulement les tentatives de plus grande inclusion de ces salariées aux régulations du monde du travail, mais aussi la persistance de phénomènes de fragmentation et d’exclusion. Il laisse néanmoins entrevoir, dans certains cas, que la pénurie de main-d’œuvre et la médiatisation du rôle des « premières lignes » ont changé de façon durable le rapport de force entre employées, employeurs, organisations et pouvoirs publics. Pendant la crise, les organisations engagées dans le care à domicile ont pu être impliquées de près dans les décisions publiques. Cela peut aujourd’hui les inviter à transformer leurs stratégies pour rester « visibles » et trouver des leviers de négociation.
Paru dans la revue Revue des politiques sociales et familiales, n° 150, 2024-1, pp. 13-30.
Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Inceste, Mineur, Histoire familiale, Prise en charge, Institution, Viol, Abus sexuel, ASE, AEMO, Victime, Consentement, Parole
Oubliés des débats bien qu’omniprésents pour les professionnels du travail social, du soin et de la justice, les incestes commis par des mineurs génèrent des bouleversements spécifiques dans les familles françaises. Cet article est issu d’un travail en cours de thèse en anthropologie portant sur les familles faisant face à l’inceste entre mineurs et sur les reconfigurations familiales qui adviennent une fois le secret levé. Il présente deux familles dans lesquelles un enfant révèle avoir été victime d’inceste par son frère, à la suite de quoi elles font l’objet de prises en charge institutionnelles. Jusqu’alors indicible, l’inceste est raconté, répété, interprété par les membres de la famille et les professionnels. Au fil du temps et de la multiplication des contextes d’énonciation, les premiers récits discordants des auteurs et des victimes désignés de l’inceste présentent des variations : ils évoluent pendant que s’entremêlent des enjeux interpersonnels, familiaux et institutionnels. L’analyse porte sur un questionnement issu d’un terrain ethnographique au sein d’un service de protection de l’enfance spécialisé : comment restituer les expériences des mineurs auteurs d’inceste et de leur famille, lorsque la vérité apparaît comme une donnée variable, incertaine, affective, individuelle ou collective, qui suscite adhésion ou contestation, mais avec laquelle il est indispensable de composer ?
Paru dans la revue Vie sociale et traitements VST, n° 161, 1er trimestre 2024, pp. 71-77.
Mots clés : Travail social : Métiers, Travailleur social, Jeune, Profession, Professionnalisation, Travail social, Conditions de travail, Précarité, Productivité, Salaire
Comme nous l'avons vu dans la première partie de l'article "Devenir travailleur social : entre idéalisation du métier et "faire avec" les moyens du bord", les jeunes professionnels du travail social se trouvent confrontés à une réalité qui peut les mettre à mal. Cela est sans compter sur la précarisation des métiers qui génère de l'incertitude.
Paru dans la revue Vie sociale et traitements VST, n° 161, 1er trimestre 2024, pp. 13-70.
Mots clés : Travail social : Métiers, Travail social, Travailleur social, Profession, Valeur, Conditions de travail, Crise, Recrutement, Reconnaissance, Éthique, Formation, Éducation spécialisée, Soin, Psychanalyse, Implication personnelle, Analyse de la pratique
De moins en moins d’inscrits à Parcoursup dans les professions sociales ; des effectifs en formation en nette diminution : certaines promos sont à moitié pleines ; des établissements qui peinent à trouver des travailleurs sociaux qualifiés… Une avalanche de témoignages sur les réseaux sociaux de professionnels qui démissionnent, qui n’en peuvent plus des méthodes managériales féroces, qui disent ne plus (re)trouver les sens de leur engagement premier, noyés sous les procédures, évaluations et autres tracasseries incessantes… Que se passe- t-il dans les professions sociales où longtemps le sens de l’engagement et de la solidarité a pu compenser la faible reconnaissance salariale ?
Enfin notons que ça n’est pas tous le travailleurs du social qui sont gagnés par la morosité ambiante. Il y a peut-être une crise générale du rapport au travail. Un peu partout des résistances s’organisent à bas bruit, des inventions naissent, des espoirs demeurent vivants.
Article de Anthony Brault, Clara Duchet, Vincent Estellon, et al.
Paru dans la revue Le Carnet Psy, n° 268, mars 2024, pp. 26-47.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Psychologie, Psychanalyse, Interaction, Communication, Distance, Écoute, Isolement, Sexualité, Souffrance, Épidémie, Cure analytique, Téléphone, Éthique, Morale, Care, Corps, Espace, Hallucination, PJJ, Adolescent, Délinquance, Psychodrame, Freud (Sigmund), Green (André)
Depuis Freud, les psychanalystes se sont largement intéressés aux modalités négatives du fonctionnement psychique – de l’absence (Pierre Fédida, 1978) au négatif (André Green, 1993). Mais pour penser la clinique actuelle, et plus encore depuis la pandémie du Covid-19, il semble déterminant de revenir sur de nouveaux modèles métapsychologiques de la présence dans ses rapports à la psychopathologie psychanalytique des liens et au soin (care) psychanalytique. Dans l’espace analytique, un horizon d’attente est partagé entre celui qui parle et celui qui écoute. Une solitude est partagée à deux. Comment écouter et entendre si l’on ne décide pas à un moment donné d’accepter cette position d’accueil, de disponibilité, de réception passive et active, de modification de sa forme par celle de l’autre ?
Au travers du cas clinique d’un adolescent placé dans les services de l’Aide sociale à l’enfance souffrant d’une problématique honteuse et d’un délabrement du lien maternel, l’auteur de cet article étudie en quoi l’écoute familiale modifie l’écoute individuelle à l’aide du concept de "scénario généalogique porte-la-honte" développé par Pierre Benghozi. À la suite de cet auteur, il propose un nécessaire décalage de l’écoute intrapsychique dans les thérapies familiales vers le transpsychique car une honte intrapsychique exprimée peut aussi être le rappel d’une honte transpsychique indicible, non élaborée.
Cet article, adossé à un cas clinique, propose une réflexion sur la dimension traumatique à l’adolescence en analysant la problématique de l’intrus persécuteur et la problématique transgénérationnelle. L’adolescent manifeste une dynamique de survie psychique par des symptômes somatiques, des conduites phobosociales et une hypersensibilité narcissique. La différenciation et la séparation-individuation d’avec l’objet interne intruseur sont également apparues dans le travail psychique engagé dans les entretiens familiaux.
Paru dans la revue Dialogue, n° 243, mars 2024, pp. 123-136.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Rencontre, Internet, Sociologie, Corps, Phénoménologie, Expérience, Identité, Rêve, Photographie, Réel, Imaginaire, Rupture
L’article propose une interprétation théorique du processus de rupture entre les attentes créées par les conversations sur les applications de rencontres et le moment du premier face-à-face. Cet effet est connu par les utilisateurs de ces applications. Néanmoins, il a été moins analysé dans la littérature. Dans un premier temps, l’auteur analyse le processus de désillusion à l’ère de la rencontre en ligne. Ensuite, à travers la phénoménologie sociale et la sociologie interactionniste, l’article présente une interprétation de ce phénomène d’une part par les dynamiques de la rencontre en ligne qui commence dans la sphère des contemporains pour avancer vers la sphère des consociés, selon la théorie socio-phénoménologique et, d’autre part, par la production d’une identité virtuelle qui nécessite confirmation dans la réalité hors ligne, selon la sociologie interactionniste.
Paru dans la revue Dialogue, n° 243, mars 2024, pp. 107-121.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Guerre, Génocide, Temps, Traumatisme, Génération, Témoignage, Durée, Histoire familiale, Mémoire, Rwanda
Tous les évènements traumatiques instaurent un rapport spécifique au temps. Parmi eux, le génocide constitue un paradigme de l’expérience extrême. Le génocide est un évènement qui échappe au temps commun et qui instaure une nouvelle temporalité, tant pour les victimes que pour les bourreaux. En analysant des témoignages oraux et écrits de rescapés de la Shoah et du génocide des Tutsi au Rwanda, on constate que la temporalité instaurée par le génocide continue longtemps après la fin des massacres à se réverbérer sur la vie des survivants dont les familles ont été décimées.
Paru dans la revue Dialogue, n° 243, mars 2024, pp. 89-105.
Mots clés : Enfance-Famille, Temps, Immigration, Couple, Famille, Interculturel, Soutien à la parentalité, Femme, Personne issue de l'immigration, Groupe d'appartenance, Repère
En appui sur des données cliniques issues de dispositifs d’écoute de jeunes filles/femmes issues de l’immigration, de dispositifs d’appui à la parentalité en situation interculturelle ou de consultations transculturelles, ce texte cherche à illustrer l’impact de l’immigration sur la perspective spatiotemporelle vécue par le couple conjugal, le couple parental et par les jeunes issus de l’immigration. Il tente de montrer que le changement de perspective spatiotemporelle impacte les liens intersexes jusqu’à la crise, parfois la violence, et la transformation identitaire et qu’il oriente le rapport au temps à l’espace et aux autres chez les jeunes issus de l’immigration. L’article finit par quelques préconisations cliniques pour accompagner les couples, les familles vers un accordage spatiotemporel qui permet l’émergence d’une tiercéité créative et confortable pour l’économie psychique de chacun et de l’ensemble.