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Paru dans la revue Déviance et société, vol. 34, n° 1, pp. 93-114.
Mots clés : Drogue, Trafic de drogue, Relation internationale, Sociologie, Système, Économie, Échange, Modèle, Cannabis, Cocaïne, Héroïne
Cet article propose d'appliquer la perspective des systèmes-mondes au trafic transnational de drogues illicites. Ce cadre représente une alternative aux modèles classiques, parfois simplistes, qui mettent l'emphase sur l'impact de la globalisation sur le contexte du trafic de drogues. L'approche des systèmes-mondes présente le trafic de drogues comme un système d'échanges structuré entre des pays développés (cour) et moins développés (périphérie), sans qu'il soit nécessaire de discuter de la participation réelle ou non des groupes criminels organisés. Dans une telle perspective, le trafic de drogues est une activité économique à la fois semblable et très différente des marchés légitimes. Il est envisagé que la structure des échanges de drogues soit à l'inverse de la plupart des marchandises transportées légalement. En ce sens, la structure des échanges de drogues illicites pourrait correspondre aux marchés de biens de luxe ou de loisir, dans lesquels un nombre restreint de consommateurs veulent et/ou peuvent s'offrir une marchandise à prix relativement élevé. Le modèle de base est spécifié pour quatre types de drogues, le cannabis, la cocaïne, l'héroïne et les drogues synthétiques.
En analysant les victimations subies par les professeurs des écoles, on ouvre la possibilité d'établir une dépendance marquée entre l'expérience de la violence et l'idéologie professionnelle, les pratiques et la position professionnelle. Les situations de violence sont déjà des conflits de légitimité avec les parents, exacerbés par la perte de prestige et la transformation du statut d'enseignant vers celui de prestataire de service. Les enseignants les plus sensibles à un déficit de reconnaissance sociale et en quête d'une solidarité professionnelle, les plus éloignés du principe d'éducabilité et prompts à renvoyer l'enfant et sa famille au déficit de socialisation sont les plus enclins à expérimenter les relations avec les élèves et surtout avec les parents d'élèves dans le registre de la violence. Cette étroitesse des liens entre un rapport au métier empreint de dégradation et une perception des incidents en violence est absorbée par une nouvelle génération de professeurs des écoles comme la normalité du travail enseignant devenu un métier à risque.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 34, n° 1, pp. 71-91.
Mots clés : Psychologie, Justice, Criminologie, Psychologie clinique, Sociologie, Théorie, Interaction, Droit pénal, Sanction pénale, Étude de cas, Drogue, Toxicomanie, DURKHEIM (EMILE), BLONDEL (CHARLES), BERGER (PETER), LUCKMANN (THOMAS)
La notion d'infraction, telle que le droit pénal l'a construite, se trouve confrontée à l'infraction telle que le sujet l'a vécue avec les particularités qui sont les siennes et qui sont liées à une multiplicité de facteurs. La clinique criminologique, telle qu'elle est conçue ici, se situe entre ces deux « manières de voir » et pose la question de savoir si l'optique pénale est le meilleur « outil » pour résoudre la situation conflictuelle qui caractérise l'infraction. La consommation de drogue est prise comme exemple. Le point de départ de cette perspective, posée à titre d'hypothèse, est la philosophie analytique anglaise choisie pour son pragmatisme et la possibilité qu'elle donne de constater que, dans les deux éventualités, l'analyse se réfère à des données psychologiques et sociétales, ce qui nous oblige à réenvisager le problème.
En s'appuyant sur une série d'observations ethnographiques, cette contribution s'intéresse à la gestion des conduites sexuelles et de la cohabitation entre les sexes dans un centre de rétention administrative pour étrangers éloignés du territoire. La gestion de la différence sexuelle y est d'autant plus complexe que les centres de rétention constituent des espaces non pénitentiaires où la discipline doit s'exercer souplement. Après avoir présenté le régime « libéral » d'enfermement, l'article revient sur des situations où les gestionnaires du centre ont dû eux-mêmes définir la norme du « bon » rapport entre les sexes. Ils sont alors placés dans une tension entre la stigmatisation des pratiques généralement jugées déviantes - notamment la prostitution - et leur acceptation dans le contexte d'un lieu de confinement prolongé.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 34, n° 3, pp. 299-324.
Mots clés : Prison, Travail, Sociologie, Détenu, Loi, Droits de l'homme, Droit du travail, Pouvoir, Institution, Administration pénitentiaire, Protection sociale, Vie institutionnelle, Discipline, Précarité, Droit social, NORMALISATION, BELGIQUE
En considérant l'univers carcéral comme un microcosme reflétant, de manière exacerbée, les rapports de force présents au sein de la société, nous nous poserons la question des raisons de l'absence de législation relative au travail des détenus alors qu'il existe, en Belgique, une loi conférant droits et devoirs aux reclus depuis 2005 - loi qui, dans ses travaux préparatoires, prévoyait l'octroi d'une sécurité sociale pour les personnes incarcérées. Dans une approche foucaldienne, nous envisagerons le travail comme enjeu de pouvoir et tenterons, d'une part, d'éclairer ce qu'il apporte aux personnes incarcérées et à l'institution pénitentiaire et nous essaierons, d'autre part, de comprendre le sens de l'absence de législation en la matière et les analogies possibles entre travail intra-et extra-muros.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 34, n° 3, pp. 381-400.
Mots clés : Pornographie, Technologie de l'information et de la communication, Internet, Jeune, Déviance, Interaction, Groupe, Réseau d'information et de communication, Stratégie, Échange, Légitimation, Illégalité, Sociologie, NORMALISATION
Le développement accéléré des technologies de l'information a considérablement modifié la problématique de la pornographie juvénile en facilitant sa distribution dans le cyberespace, particulièrement dans les groupes de nouvelles Usenet. Ces groupes de nouvelles se révèlent également être des lieux privilégiés de discussion et d'échange entre les amateurs de pornographie juvénile, où une sous-culture de la déviance, au sens des analyses de Becker (1963/1985) s'élabore. Trois de ces groupes de nouvelles ont été infiltrés afin de mieux comprendre les interactions qui s'y tissent entre les participants. Autour de la pornographie juvénile, l'analyse discursive de 1600 communications textuelles montre le processus de formation d'une véritable collectivité déviante de même que le déploiement de stratégies interactionnelles favorisant son maintien. L'analyse montre également comment cette collectivité déviante formée peut offrir aux usagers un cadre de légitimation qui s'édifie progressivement au fil de leurs échanges. Apparaissent en effet dans ce cadre les frontières d'une nouvelle norme de conduite pouvant neutraliser les effets de stigmatisation externe. La déviance est ici envisagée comme un processus social complexe où des acteurs sociaux finissent, suite à leur participation à la sous-culture, par occuper une place spécifique dans la construction symbolique de leur déviance (la pornographie juvénile).
Historiquement associée à l'immoralité et la criminalité, la prostitution est, encore aujourd'hui, l'objet de croisades morales qui en maintiennent la stigmatisation. Face à ce stigmate, les travailleurs et travailleuses du sexe vont soit le repousser aux autres, soit le remettre en question. Bien que la nature dégradante de cette activité soit posée comme étant due à une aliénation de la sexualité qui aliénerait l'identité et que des travaux de recherche en font un a priori, l'analyse des pratiques indique que ce ne serait pas le cas. Le lien existant entre sexualité et identité n'est pas inhérent, mais est le produit d'une construction sociale visant le contrôle de la sexualité.
Pour lutter contre les « violences scolaires », les établissements scolaires sont désormais fréquemment équipés d'une vidéosurveillance. Pourquoi et comment des proviseurs font-ils le choix de ce type de réponse technique ? Quels en sont les usages concrets ? Quels sont les impacts de l'introduction de cette technologique sur la communauté éducative ? L'article entend répondre à ces questions en s'appuyant sur une enquête réalisée dans 10 lycées franciliens auprès de la communauté éducative et de lycéens. Elle met en évidence qu'au-delà des finalités affichées de prévention des « intrusions », la vidéosurveillance est en fait bien souvent utilisée comme un outil au service d'une politique de maintien de l'ordre scolaire.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 33, n° 4, pp. 475-499.
Mots clés : Prison, Détenu, Immigration, Étranger, Statistiques, EUROPE, Union européenne, Indicateur, Démographie, Économie, Vie politique, Interaction, Sociologie, Droit pénal, Criminalité, Conseil de l'Europe, EUROPE
Cet article étudie la situation des étrangers détenus dans les prisons européennes ainsique son évolution entre 1989 et 2006. Les analyses sont basées sur des données issues des Statistiques Pénales Annuelles du Conseil de l'Europe (SPACE) qui portent sur les populations carcérales dans la presque totalité des pays européens. Elles s'intéressent notamment à la situation dans les Etats membres de l'Union Européenne (UE), tout en tenant compte de la date de leur adhésion à l'UE, mais contiennent également des références à des Etats non-membres. Après avoir comparé le nombre de détenus étrangers à travers l'Europe, nous analysons le rapport entre les données carcérales (pourcentage de détenus étrangers dans la totalité de la population carcérale et taux pour 100000 habitants) et des indicateurs démographiques pour chaque pays (pourcentage d'étrangers dans la population carcérale en comparaison à celui des étrangers dans la population globale de chaque pays). Finalement, nous abordons le lien entre le nombre de détenus étrangers et des indicateurs tels que le niveau économique et la situation géopolitique des pays.
Article de Marie Christine SAINT JACQUES, Daniel TURCOTTE, Sylvie DRAPEAU, et al.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 33, n° 4, pp. 501-518.
Mots clés : Signalement d'enfant, Enfance en danger, Protection de l'enfance, Média, Interaction, Influence sociale, Sociologie, Victime, FRANCE, CANADA
Dans les dernières années, le Canada, tout comme la France, ont enregistré une hausse du nombre d'enfants victimisés, signalés aux autorités. Cet article examine l'hypothèse voulant que les histoires d'enfants maltraités publiées par les médias ont conscientisé la population à signaler davantage les cas de victimation. Il s'appuie sur l'analyse de l'entrée quotidienne des signalements (N = 11563) durant deux années dans un centre de protection de l'enfance de même que sur la couverture médiatique de la protection de la jeunesse dans la presse écrite. Les résultats font état d'un impact modéré des médias sur les signalements d'enfants, l'ampleur de cette relation variant selon la catégorie de personnes qui signalent.