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Paru dans la revue Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, vol. 58-2, n° 1-2, février 2010, pp. 1-104.
Mots clés : Trouble de la personnalité, Période de latence, Enfant, Pré-adolescent, Sexualité, Psychanalyse, Sexualité infantile, Langage, Violence, Psychiatrie infantile, Adolescent
Dans ces récits, Daniel Oppenheim raconte l'expérience intense qu'ont traversée, avec leurs parents, les enfants et les adolescents atteints d'un cancer qu'il a accompagnés dans le service d'oncologie pédiatrique où il exerce en tant que psychanalyste. (...) Au rythme de leurs dialogues avec lui, le psychanalyste souligne la complexité des émotions et des questions que la maladie grave révèle et exacerbe. (...) Ces récits n'en font pas des modèles exemplaires mais prouvent qu'il est possible de traverser de telles épreuves sans s'y perdre, voire en découvrant des espaces intérieurs et des capacités jusque-là inconnus. Daniel Oppenheim, psychiatre et psychanalyste, a travaillé pendant 24 ans à l'Institut de cancérologie Gustave-Roussy de Villejuif. Membre du comité Éthique et cancer de la Ligue contre le cancer, il a publié, en France et à l'étranger, de nombreux travaux portant sur l'expérience limite, le transgénérationnel et la pratique psychanalytique dans le champ médical, parmi lesquels : Dialogues avec les enfants sur la vie et la mort (Seuil, 2008).
Il est seul, allongé sur son lit. Depuis quelques mois, le ciel se renverse, la terre s'effondre, le sol vacille, la solitude règne. Il a fermé la porte de sa chambre : plus personne n'a le droit d'entrer. Surtout pas ses parents qui ne comprennent rien. Les autres sont partout et nulle part. Leur absence est la plus ravageante des présences, mais elle ne comble pas le vide qui règne sans partage. Elles sont deux, sur un banc. Allongées plutôt qu'assises, leurs jambes s'entrelacent et se tordent comme les troncs noueux et tressés des bonzaïs. De leurs cheveux emmêlés surgissent des bras, leurs flancs sont accolés, leurs visages se touchent. Entre elles deux, c'est "à la vie, à la mort", elles sont unies pour toujours. Qu'elle soit le temps des exilés ou celui des inséparables, l'adolescence est le temps où la séparation s'apprend. Pour l'adolescent, qui se sépare autant des autres que de lui-même, la séparation est aussi nécessaire qu'insupportable. Bien qu'elle seule puisse ouvrir l'horizon de l'avenir, elle exhale un parfum de mort, elle menace de fermer à tout jamais les portes du passé.
A une époque où l'on demande toujours plus d'autonomie à nos enfants, l'auteur invite à réfléchir à la question complexe du sentiment de solitude chez l'enfant et l'adolescent. Qu'est-ce que la solitude psychologique ? Comment s'articule-t-elle à l'isolement réel ? Comment s'acquiert la capacité d'être seul ? Le sentiment de solitude est-il toujours conscient ? Comment se manifeste la souffrance de la solitude ? S'il est rarement évoqué par les enfants eux-mêmes - alors que nombreux sont les adultes qui disent, dans l'après-coup, en avoir souffert dans leur enfance -, le sentiment de solitude apparaît comme une composante intrinsèque du développement. Il est l'agent affectif du long processus de séparation-individuation du sujet grandissant. L'enfant, qui naît à la subjectivité dans la dépendance à autrui, éprouve progressivement sa solitude psychique. Il a le sentiment de penser seul, de désirer seul, d'être unique... Mais, à côté de ces dimensions maturatives du sentiment de solitude, existent aussi des dimensions souffrantes : sentiment de ne pas être aimé, de ne pas exister aux yeux des autres, d'être exclu, marginal, abandonné, sans recours face à l'adversité... Tout au long de son enfance, le sujet est ainsi confronté à un paradoxe des relations humaines : il découvre et apprivoise sa propre solitude en présence d'autrui, il doit apprendre à être " seul parmi les autres ". Cet ouvrage apporte des repères utiles pour appréhender les souffrances contemporaines telles que l'hyperactivité, les dépressions, les troubles des conduites ou les diverses addictions qui peuvent être interprétées comme les symptômes d'une " psychopathologie de la solitude ".Biographie de l'auteurSébastien Dupont est psychologue auprès d'enfants et d'adolescents (centre hospitalier d'Erstein, Alsace) et docteur en psychologie (université de Strasbourg).