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À partir d’une étude de cas issue de la clinique de la dépression postpartum parentale, l’article met en lumière les enjeux de « l’effet bébé » sur l’intrapsychique de la mère et du père mais aussi sur l’intersubjectivité active au sein du couple. La naissance de l’enfant réel et la « renaissance » de l’enfant en soi pour le père et la mère exposent le couple au surgissement de l’histoire infantile et bébé de chacun, avec le risque de la réactivation d’événements traumatiques ou névrotiques. On observe alors dans la dynamique du couple une intersubjectivité qui s’organise à partir de mouvements d’intrication ou de mise en conflit, voire de désintrication, des subjectivités respectives, un peu à l’image de la rythmicité de l’intersubjectivité primaire, pour « le meilleur ou le pire » de leur parentalité ou/et de leur conjugalité.
En s’appuyant sur deux vignettes cliniques, les auteurs montrent comment l’accession en couple à la grand-parentalité provoque le redéploiement des fantasmes œdipiens et de leurs défenses en direction des générations plus jeunes et une remise en travail des identifications qui tantôt menace, tantôt soutient le noyau narcissique de ce couple. Puis ils illustrent par leur pratique de la thérapie familiale le rôle des grands-parents dans la transmission entre générations, avec pour références théoriques les deux axes de la filiation symbolique et de la filiation narcissique.
Paru dans la revue Les Politiques sociales, n° 3 & 4, automne 2020, pp. 30-44.
Mots clés : Travail-Emploi, Enfance-Famille, Paternité, Homme, Conditions de travail, Aménagement du temps, Relation enfant-père, Couple, Relation familiale, Durée du travail, Vie privée
Si les tensions organisationnelles, temporelles et subjectives vécues par les femmes concernant l’articulation travail-famille sont bien connues, celles vécues par les hommes ont été moins étudiées. L’objectif de cet article est d’explorer à quelles conditions l’activité professionnelle est vécue par les pères comme un obstacle au temps parental. À partir d’une enquête qualitative menée auprès de 34 pères actifs occupés, en couple hétérosexuel, ayant au moins un enfant de moins de trois ans, il s’agira de mettre en évidence le rapport subjectif de ces hommes à l’articulation travail-famille, à partir d’un « objet-loupe » : les horaires de travail. Dans cet article, il est montré que le « temps parental père-enfant », en ce qui concerne les tâches quotidiennes, est appréhendé par les hommes moins comme un impératif parental que comme un service conjugal.
Marié depuis onze ans, Mickael a entamé il y a huit mois un suivi avec l’association Virage. C’est incité par sa compagne qu’il en a franchi les portes. Après plusieurs rendez-vous individuels, il envisage de participer au dispositif expérimenté par la structure et le Planning familial de la Loire.
Paru dans la revue Actualités sociales hebdomadaires ASH, n° 3185, 20 novembre 2020, pp. 8-9.
Mots clés : Enfance-Famille, Violence, Homme, Soin, Entretien, Couple, Communication
Il y a près d’un an, le Grenelle des violences conjugales mis en place par le gouvernement s’achevait avec l’édiction de plusieurs mesures phares. Parmi lesquelles la prise en compte du suivi des auteurs de violences, plus discrètement amenée sur la table. Un début de reconnaissance pour les structures qui agissaient jusque-là dans l’ombre, mais qui ne doit pas faire oublier que la violence est un délit.
Bien que leurs chemins se soient croisés régulièrement, les métiers d’aide au couple et à la famille ont des structurations professionnelles différentes. Le conseil conjugal et familial, la médiation familiale ou encore la thérapie conjugale et familiale, qui n’entrent pas nécessairement en contact avec les individus, les couples et les familles de la même manière, sont soumis à des tensions externes et internes révélatrices des rapports contemporains entre institutions et familles. Dans le présent article exploratoire, l’auteur, sociologue, propose de dessiner les frontières interprofessionnelles de ces métiers, pouvant être envisagés comme des supports thérapeutiques ou d’autonomisation, mais aussi comme composant de manière hétéroclite, voire contradictoire, une police des familles, faisant office d’entrepreneurs d’un nouvel ordre normatif familial, entre collaboration et douce imposition.
La problématique de la séparation est inhérente aux violences conjugales. Le couple se fonde sur le fantasme : être tout pour l’autre et que l’autre soit tout pour soi ou tout à soi. Le choix du conjoint est massivement narcissique et s’associe à des angoisses d’effondrement du Moi. L’hypothèse présentée dans l’article est que l’objet premier fut probablement insuffisamment sécurisant et constitué pour que le sujet puisse s’en séparer sans crainte d’un effondrement psychique. Cette fragilité expliquerait l’absence d’intériorisation de l’objet absent et donc un défaut de symbolisation. Dans ce contexte, l’emprise serait une tentative de négociation et d’apaisement des angoisses de perte de l’objet premier. Ainsi, les difficultés liées à la séparation dans le couple s’articuleraient à l’angoisse de perte d’objet.
Paru dans la revue Dialogue, n° 227, mars 2020, pp. 91-105.
Mots clés : Enfance-Famille, Couple, Parentalité, Politique familiale, Conseil conjugal, Médiation familiale, Mariage, Sexualité, Intérêt de l'enfant, Soutien à la parentalité, Désinstitutionnalisation, Norme sociale, Approche historique, Maintien du lien, Institution
Sous l’effet d’une mutation irrésistible des cadres de la vie privée à partir de la fin des années 1960, la conjugalité va progressivement s’autonomiser par rapport à la parentalité alors qu’est contestée la fonction du mariage-institution de fonder la famille. La politique familiale va alors s’infléchir dans le sens du délaissement du couple, dont la constitution est renvoyée au principe du consentement réciproque et le devenir à la libre volonté des individus, et d’un renforcement du soutien à la parentalité, passant par le renforcement du lien de l’enfant à ses parents et leur reconnaissant le rôle de principal instrument de l’éducation. Cela correspond à l’affirmation du soutien institutionnel aux parents, comme le montre, par exemple, l’institutionnalisation de la médiation familiale, alors que le destin du conseil conjugal est renvoyé aux bons soins de la société civile.
Paru dans la revue Dialogue, n° 227, mars 2020, pp. 75-89.
Mots clés : Enfance-Famille, Couple, Thérapie de couple, Conjoint, Surdité, Corps, Langue, Identité, Groupe d'appartenance, Culture, Transfert, Contre-transfert, Métaphore, Psychologie clinique, Langue des signes, Sens
L’auteure présente une thérapie en couple de personnes sourdes. Les spécificités inhérentes à leur langue dont les modalités sont visuelles, où signifiant et signifié sont si proches, génèrent un sentiment d’appartenance groupale à une culture. Comment s’articule la problématique du couple avec les divers modes de communication à l’œuvre, les identités et identifications au sein de ce néo-groupe ? Les aspects transférentiels et contretransférentiels serviront de fil rouge dans le déroulement de cette thérapie particulière. Le recours à la métaphore constitue pour le thérapeute un point d’appui vers l’interfantasmatisation. Il contribue à créer une enveloppe, une pensée métaphorique, celle-ci permettant de surmonter les représentations inhibantes qui faisaient obstacle au travail d’élaboration.