Le propos de cet article est de démontrer en quoi l’organisation historique de la prise en charge sur un mode tayloriste a construit en France une approche catégorielle du soin, bien loin de permettre une appréhension correcte de la complexité de l’être humain, et d’étudier son inéluctable « remodélisation ». L’étude de l’évolution de cette organisation initiale sera menée sous l’angle de la séparation entre le secteur sanitaire et le secteur médicosocial.

Le mot a littéralement envahi le langage quotidien bien au-delà de la seule sphère des relations de travail au point qu’on ne s’interroge plus guère sur sa signification, moins encore sur sa provenance. Dans sa signification la plus courante, il est devenu synonyme de « gestion » : nous gérons non seulement nos carrières, mais également nos émotions, nos rapports avec autrui, et finalement jusqu’à notre vie elle-même. [...]

Où l’on apprend que le management des temps modernes a un passé lointain ayant à voir avec le ménage, la ménagerie et le coche (qu’il arrive parfois de rater !). Tout ça pour rire un peu et garder un certain humour sur nos très sérieuses pratiques, managériales ou autres…

Si la naissance du métier d’éducateur spécialisé est située historiquement pendant la Seconde Guerre mondiale, la création du diplôme d’État attendra 1967. Toutefois, les fonctions d’accueil, de protection, de soin et d’éducation qu’il recouvre l’ont précédé depuis des siècles. Un regard historique sur la prise en compte des plus vulnérables nous permettra de distinguer, à travers les figures des frères convers, des gardiens, des « infirmières-institutrices », des nourrices ou des contremaîtres, quelques invariants qui demeurent. Et s’ils demeurent, c’est qu’ils fondent ce qu’est un éducateur spécialisé.