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Cet article propose de quantifier l’importance relative des différents déterminants du sentiment d’exclusion identifiés dans la littérature. En s’appuyant sur le volet 2018 de l’enquête « Statistiques sur les ressources et les conditions de vie » (« SRCV ») de l’Insee, il montre que l’assistance, telle que définie par la perception de transferts sociaux par les ménages, n’a pas d’effet additionnel sur le sentiment d’exclusion, une fois l’éloignement du marché du travail, le pays de naissance, la pauvreté matérielle et l’isolement géographique des individus pris en compte. En cela, ses résultats contribuent à éclairer le débat présent dans la littérature, en rejetant l’hypothèse selon laquelle l’émergence du sentiment d’exclusion serait avant tout imputable à la situation d’assistance qui unit l’individu à la société.
Paru dans la revue Empan, n° 131, septembre 2023, pp. 124-131.
Mots clés : Lien social-Précarité, Créativité, Exclusion sociale, Rencontre, Médiation, Vulnérabilité, Art, Échange, Lieu de vie, Souffrance psychique
La demande d’accueil et d’écoute des sujets confrontés à la précarité et à l’exclusion n’implique pas la quête d’un espace de parole. Élaborer avec la personne les circonstances qui lui seront accessibles, c’est lui donner la liberté de se taire ou de communiquer. La médiation créatrice permet de dédramatiser ce qui est rangé du côté d’une inadaptation, pour trouver des voies de réalisation et une temporalité adaptées à ce que la personne peut soutenir et développer là où elle en est.
Paru dans la revue Lien social, n° 1340, 23 mai au 5 juin 2023, pp. 12-13.
Mots clés : Lien social-Précarité, Jardinage, HLM, ESAT, Insertion sociale, Convivialité, Lien social, Stains, Seine Saint Denis
En Ile-de-France, les jardins du béton ont le vent en poupe. Sur un toit, au pied d’une cité HLM, sur quelques ares libres en périphérie urbaine, si leur production reste modeste, ces havres de verdure constituent des lieux de convivialité, d’activités pédagogiques et une filière d’insertion en plein essor.
Le principe de continuité de l’hébergement est inscrit dans le code de l’action sociale et des familles depuis 2009. Pourtant, de nombreux établissements sociaux n’hésitent pas à expulser sans procédure légale des personnes vulnérables, souvent privées d’une information éclairée de leurs droits. En première ligne, les travailleurs sociaux sont rendus complices de ces pratiques, à leur corps défendant.
-Hébergement : de l’accompagnement au délogement
-Mineurs isolés étrangers : quand l’exclusion devient la norme
-Entretien avec Camille François : les bons et les mauvais pauvres
Paru dans la revue Lien social, n° 1338, 25 avril au 8 mai 2023, pp. 12-13.
Mots clés : Lien social-Précarité, Territoire, Accès aux droits, Service public, Exclusion numérique, Milieu rural, Accompagnement social, Maison France services, Bretagne
Illectronisme, faible mobilité, fermeture des services publics... en milieu rural, accéder à ses droits peut relever du parcours du combattant. Y compris les droits les plus basiques comme la couverture santé ou l’accès aux minima sociaux.
Paru dans la revue Lien social, n° 1334, 28 février au 13 mars 2023, pp. 18-24.
Mots clés : Lien social-Précarité, Non-recours, Accès aux droits, Aide sociale, Information, Innovation sociale, Terrain, Territoire, Milieu rural, Technologie numérique, Exclusion numérique, Expérimentation, Accompagnement, Relation travailleur social-usager, UDAF (Union départementale des associations familiales), Corse, Vénissieux, Loire Atlantique
Inspiré de la prévention spécialisée et décliné dans de nombreux dispositifs, l’« aller-vers » devient un outil incontournable de la lutte contre le non-recours et, in fine, contre la pauvreté. Cette mise en mouvement réinterroge les politiques de solidarité et la relation des intervenants de terrain aux personnes ciblées.
Accès aux droits : Sur la piste du non-recours
Dématérialisation : Réparer la fracture numérique
Entretien avec Cyprien Avenel : Revenir aux fondamentaux
L’absence de logement « à soi » n’est pas simple à définir et les sans-domicile forment une population hétérogène et fluctuante. La grande diversité de leurs trajectoires et de leurs situations résidentielles rend difficiles l’appréhension et la qualification du phénomène d’exclusion du logement. En France, depuis les travaux pionniers des années 1990 et jusqu’à aujourd’hui, différentes catégorisations ont été produites mais elles sont souvent méconnues et les mots employés génèrent des confusions ayant parfois des conséquences problématiques dans la mise en œuvre des politiques publiques à destination des populations concernées. Cette contribution propose d’ouvrir le débat en présentant le terme « sans-abrisme » comme une synecdoque du néologisme « sans-domicilisme ». Elle défend l’idée selon laquelle l’usage de ce dernier terme permet davantage d’éviter les confusions et la reproduction des idées reçues sur ces populations, de mieux prendre en compte les trajectoires spécifiques de certaines catégories de population exclues du logement et de mieux traduire le terme anglo-saxon homelessness (qui est aujourd’hui le plus souvent traduit par « sans-abrisme »). Ce faisant, il pourrait contribuer à la (re)constitution d’un champ de recherche français plus unifié sur cette question et à un meilleur dialogue entre recherche et action publique.
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 1, janvier-mars 2023, pp. 247-258.
Mots clés : Lien social-Précarité, SDF, Logement, Santé mentale, Témoignage, Santé publique, SIAO, Politique sociale, Pauvreté
Revue française des affaires sociales : Pouvez-vous vous présenter et rappeler brièvement votre parcours ?
J’ai une longue carrière professionnelle – je suis à un an de sa fin. J’ai commencé une carrière de médecin généraliste en milieu rural, en Dordogne. J’ai ensuite travaillé en gérontologie. Je le précise parce que c’est ce qui m’a amené à une vision plus globale, ou psychosociale de la santé. J’ai ensuite fait une maîtrise de santé publique à Toulouse afin de me réorienter. Dans ce cadre-là, j’ai fait énormément de vacations sur différents types d’activités de santé publique, dont la précarité. J’ai notamment été directrice-adjointe d’une structure qui gérait une boutique solidarité et une halte santé, qui était les prémices des lits halte soins santé. À partir de là, j’ai coordonné un réseau santé-précarité. Mais j’ai également travaillé sur des dispositifs de dépistage des IST, dont le VIH, etc. Puis, enfin, j’ai contribué au rapport sur « La santé des personnes sans chez-soi (2010) » et coordonné le programme « Un chez-soi d’abord ».
Le dispositif « Premières Heures » parisien vise le retour à l’emploi des personnes sans abri, par l’intermédiaire de la reprise progressive d’une activité économique. De ce fait, le dispositif s’est construit à partir d’une distinction opérée entre « sans-abri » et « sans-domicile ». Alors que la première catégorie – visée par le dispositif – correspond à celle des personnes dormant dans un lieu non prévu pour l’habitation, la seconde concerne les individus déjà stabilisés en matière d’hébergement (soit hébergés dans un centre d’urgence ou de réinsertion sociale) et pouvant a priori intégrer directement le marché du travail ordinaire. Pourtant, l’analyse des débats interassociatifs et des pratiques de recrutement pour le dispositif invite à interroger cette différenciation entre les personnes à la rue qui seraient plus vulnérables et celles en hébergement social qui seraient plus stabilisées dans leur parcours.
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 1, janvier-mars 2023, pp. 183-204.
Mots clés : Lien social-Précarité, Association caritative, Hébergement temporaire, Accueil d'urgence, Urgence sociale, SDF, Nuit, Compétence, Bénévolat, Professionnalisation, Enquête
La politique d’urgence sociale visant les personnes sans abri prend appui sur des initiatives caritatives qui, en partie, lui préexistent. Ainsi, jusqu’aux années 1980, les gestionnaires associatifs d’asiles de nuit organisent leur secours ponctuel de manière autonome, voire en se distinguant des pouvoirs publics. Comment ces associations caritatives ont-elles pu alors intégrer le volet de « solidarité nationale » de l’État social ? Pour y répondre, cet article propose de s’intéresser au cas de La Mie de Pain, œuvre confessionnelle, séculaire et centrale dans ce type d’assistance. En s’appuyant sur une enquête d’archives et de terrain, cette contribution montre comment son incorporation à la politique d’urgence sociale est rendue possible – non sans tensions – par une professionnalisation de ses membres, ainsi que par une rationalisation de ses pratiques. Ces processus sont amenés par des relations d’interdépendance qui vont crescendo avec les pouvoirs publics. Ils se traduisent dans l’association par des mécanismes de renouvellement, mais aussi de conservation, de son personnel et de ses manières d’héberger. Plus largement, l’article donne à réfléchir sur ce que la participation aux affaires sociales fait aux œuvres caritatives dans un contexte de métamorphoses du monde associatif.