Ce texte vise à étudier quelques enjeux de l’éthique en travail social, à partir de deux situations relatives à la prévention spécialisée. L’auteur a d’abord mené des recherches sociologiques sur le sens que donnent à leur travail des éducateurs en prévention, dans un département de province très pauvre. Ceux-ci parlaient beaucoup d’éthique, dans des sens très divers, pour expliquer leur métier à un profane. L’auteur est ensuite devenu lui-même éducateur de rue, en banlieue parisienne, et s’étonne du fait qu’entre collègues, on parle très peu d’éthique lorsqu’on échange à propos du « boulot ».

Cet article rend compte d’une réflexion croisée entre des professionnels, chercheurs et formateurs, membres du PREFAS Lorraine (Pôle régional de recherche et d’étude pour la formation et l’action sociale) (ou Réseau FOREAS Réseau de formation et de recherche en action sociale) sur les enjeux identitaires et relationnels de la relation éducative contrainte. À partir de deux expériences où ni l’adolescent ou l’enfant, ni l’éducateur, n’ont véritablement choisi de se rencontrer, sont mis en évidence, les liens systémiques entre des identités complexes souvent meurtries et exposées sur le plan familial, sociétal et institutionnel, où chacun cherche à conforter un espace intérieur qui donne du sens à sa propre identité personnelle et/ou professionnelle.