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Dans cet article, une intersection entre thérapie systémique individuelle et approche systémique interculturelle sera illustrée par l’étude de cas d’une patiente franco-vietnamienne. Au départ, nous constatons peu de demandes d’aide psychologique émanant de la population asiatique présente en France et par conséquent le peu d’écrits ou de matériels théoriques disponibles. Cette observation nous amènera à concentrer notre intérêt sur la population d’Asie du Sud-Est et leur place particulière en France. Nous présenterons le suivi de Kim, d’origine vietnamienne, pour lequel les questions des violences intrafamiliales, du secret et de l’impact de la migration sur les relations se nouent.
Le recadrage constitue une démarche centrale dans la thérapie systémique et notamment dans les thérapies narratives et orientées solution. Dans cet article, nous présentons une technique particulière dénommée mise au carré. Nous en envisageons le déploiement au service du recadrage dans un contexte d’intervention systémique. Fondée sur le repérage des « liaisons », la mise au carré permet de visualiser les associations existantes dans un discours et d’explorer celles qui sont en germe mais non exprimées par la personne. Elle vise le déploiement de nouvelles associations potentielles au service de l’évolution du client. L’article présente une étude de cas qui vient illustrer la démarche. Les implications pour la pratique thérapeutique sont discutées en fin d’article.
Le défaut d’inscription d’une expérience traumatique dans la psyché du sujet se révèle particulièrement dans les images au contenu brut qui l’envahissent. L’image peut-elle être, alors, un support au travail de symbolisation de l’expérience traumatique ? À partir de deux situations cliniques, cet article interroge les figures, effets et destins de l’image dans la traversée du traumatisme psychique par le sujet. Nous constaterons qu’en utilisant l’image dans le témoignage et la photographie, le sujet parvient progressivement à la mettre à distance, et à partager ses éprouvés.
Paru dans la revue Devenir, vol. 33, n° 3, 2021, pp. 241-257.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Trouble du comportement alimentaire, Précocité, Attachement, Thérapie
Après une période d’alimentation parentérale prolongée, il peut être extrêmement difficile de reprendre l’alimentation orale chez un enfant. Nous rapportons le traitement plurimodal d’une fillette nourrie exclusivement depuis la période néonatale jusqu’à l’âge de 7 ans par une alimentation synthétique, délivrée par une sonde de gastrostomie. Trois axes thérapeutiques ont été utilisés au cours de ce traitement : un axe psychopharmacologique, un axe psychoéducatif et surtout un axe relationnel et affectif, issu de la clinique de l’attachement, et qui représente la base sur laquelle s’appuient les deux premiers axes. Le développement d’une relation d’attachement exclusif à une soignante a permis le début d’une alimentation orale autonome. Ceci s’est accompagné d’une reprise évolutive durable dans les autres secteurs du développement neuropsychologique et affectif de l’enfant, avec une régression quasi complète de la symptomatologie d’allure autistique initiale.
Notre équipe a mis en place il y a quelques années une recherche visant à évaluer l’effet thérapeutique de pratiques de réflexivité, standardisées sous forme d’une interview réflexive semi-structurée (cf. Auberjonois et al., 2011). Dans ce texte, nous souhaitons rendre compte de la manière dont la pratique de cette interview a été vécue par les thérapeutes impliqués dans la recherche. Pour ce faire, nous nous appuierons sur les données d’une séance de focus group réalisée avec ceux-ci. Nous souhaitons également suggérer, au travers d’un bref rappel historique, que le questionnement sur la réflexivité en thérapie, bien que promu et souvent associé au courant dit « postmoderne », est présent dès les origines des thérapies familiales systémiques.
L’approche systémique des relations blessées, sur un mode autoréférentiel, nécessite un engagement du thérapeute avec tout ce qu’il est, notamment son histoire familiale et personnelle. Dans un groupe de supervision systémique, cette éthique implique une prise en compte, chez chacun-e, de ses propres cartes du monde. Le présent article modélise une forme de supervision que l’auteur a mise sur pied dès 2016 avec successivement six groupes de supervision. Chaque thérapeute, avant d’évoquer une situation clinique, esquisse au tableau son propre génogramme. Dans un deuxième temps, les participant-e-s, y compris le superviseur, s’expriment par des mots ou des métaphores, tout en devant évoquer une résonance dans leur histoire personnelle. Cette supervision, démocratique, « augmentée » par les apports personnels des thérapeutes, est discutée avec l’une des participant·e·s.
Article de Nicolas Louis Marie Nussbaumer, Marc Grandgirard, Cristina Garcia, et al.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 40, n° 1, mars 2019, pp. 51-71.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Thérapie, Individu, Thérapie familiale, Approche systémique, Équipe, Psychothérapeute, Formateur, Récit de vie, Théorie, Modèle, Atelier, Expérimentation, Réflexivité, Frank (Ian), Anderson (Tom)
À partir de l’histoire d’une thérapie individuelle devenue progressivement thérapie de famille, ayant impliqué un thérapeute-formateur et une équipe réfléchissante en formation, les quatre thérapeutes qui ont traversé cette aventure thérapeutique évoquent quelques facettes de leur évolution personnelle dans cet atelier qui se veut à son tour expérientiel. Des fragments des évolutions personnelles des quatre jeunes thérapeutes sont racontés à quatre volontaires qui forment l’équipe réfléchissante de l’équipe réfléchissante dans un cercle confidentiel sous la houlette du thérapeute-formateur ; les quatre volontaires sont invités ensuite à échanger leurs propres résonances avec la première équipe réfléchissante. Enfin, dans un troisième temps, le public s’exprime. L’enrichissement de l’atelier par ces divers apports narratifs conduit à une discussion comparative de l’expérience de formation vécue par l’équipe réfléchissante dans cet atelier et dans un autre cadre, celui de l’intervention systémique brève ainsi qu’une comparaison théorique avec le modèle de l’équipe de Ian Frank directement issu de celui de Tom Andersen. La conclusion parlera de sérendipité et d’échange de cadeaux.
Cet article décrit l’utilisation par une équipe de soins spécialisée dans la prise en charge des adolescentes souffrant d’anorexie mentale d’un repas familial thérapeutique. La scène de table propose constamment un récit animant les protagonistes partageant le repas. L’hypothèse de travail initiale est que, dans ce récit, cet espace et ce moment singulier, il y a une fécondité potentielle sur un plan clinique avec l’observation, la participation ou encore la reprise de ce temps particulièrement sensible lors d’une hospitalisation pour un épisode d’anorexie mentale. Prenant appui sur un cas clinique ainsi que sur plusieurs entretiens menés auprès d’infirmières ayant participé à ce programme, les auteurs discutent les apports d’ordre psychologique de cette pratique et les nouvelles postures soignantes qu’elle implique.
Paru dans la revue Dialogue, n° 223, mars 2019, pp. 109-124.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Enfance-Famille, Fécondation, Grossesse, Thérapie, Pulsion de mort, Génération, Secret, Entretien, Décision, Périnatalité, Psychanalyse
« C’est un accident ! » C’est à partir de cette phrase récurrente, entendue comme une apostrophe marquant le début d’entretiens individuels ou conjugaux à propos d’une grossesse impromptue, que l’auteur va questionner ce caractère dit imprévu de cette fécondation-là, à ce moment-là pour ce couple-là. Un temps d’arrêt, de sidération, comme si cette fécondation venait, dans une certaine temporalité, interroger les liens intersubjectifs tant pour chaque membre du couple que pour le couple lui-même. Les histoires familiales y sont convoquées et les alliances inconscientes remaniées ou tout du moins, elles affleurent dans le néo-groupe lors de ces rencontres. Ces entretiens aboutissent parfois à une demande de thérapie individuelle ou conjugale. Ces fécondations impromptues seraient-elles un symptôme venant visiter l’histoire du couple ?