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Paru dans la revue Dialogue, n° 233, septembre 2021, pp. 59-76.
Mots clés : Enfance-Famille, Distance, Couple, Séparation, Transfert, Contre-transfert, Maintien du lien, Télécommunication, Échange, Thérapie de couple
Cet article s’intéresse au couple à distance dans le contexte de l’expatriation. La réflexion porte sur les effets des séparations et des retrouvailles à travers la distance géographique, qui met progressivement en évidence l’étrangeté de soi et de l’autre dans les liens de couple. L’étrangeté peut s’éprouver de façon plus ou moins accentuée selon la culture du pays d’expatriation. La rencontre avec un couple dont les entretiens se sont déroulés en chinois illustre ces enjeux et interroge la position du clinicien dans sa double position dans le transfert et le contretransfert.
L’article montre par ailleurs en quoi le virtuel à travers la tablette peut devenir un espace de jeu et de créativité au sens de Winnicott et entretenir l’illusion de la non-séparation. Il peut devenir un espace de besoin, qui peut faire barrage à une désillusion nécessaire et repousser les véritables retrouvailles du couple.
La séparation parentale apparaît comme un événement fréquent, mais néanmoins majeur dans la vie d’un sujet, surtout à l’adolescence. Comment se conjuguent adolescence et les problématiques psychiques (œdipienne et de perte) et relationnelles qu’elle implique, avec la séparation parentale ? L’article discute ici le cas d’Adèle, âgée de 22 ans, pour qui la séparation des parents a eu lieu lorsqu’elle avait 16 ans. Adèle a été rencontrée trois fois dans le contexte d’une recherche. Les éléments cliniques recueillis lors des entretiens mènent sur la voie d’effets négatifs toujours actuels en lien avec la séparation parentale et qui se télescopent avec une sensibilité préalable à la perte. On peut repérer, dans le cas d’Adèle, une instabilité identificatoire, un clivage des figures parentales, une accentuation de l’ambivalence à l’égard du parent de sexe opposé, une errance scolaire et des difficultés relationnelles. Ce cas clinique illustre la nécessité de procéder à un repérage des adolescents en souffrance suite à la séparation parentale et d’offrir un accompagnement aux parents.
Au sein des séparations parentales conflictuelles, l’enfant peut adopter un rôle de parent. La parentification est une conséquence fréquente de ces situations. L’article présente le cas clinique d’une jeune fille de 12 ans illustrant l’articulation entre sa situation familiale et le phénomène de parentification. Marie est prise en charge en centre-médico-psychologique suite à une injonction de soin émise par le juge des enfants. Au sein de la séparation conflictuelle de ses parents, elle apparaît comme la soignante et la confidente de sa mère. Elle cherche à aider cette dernière par divers moyens tels que le soutien moral, le rejet du père ou encore la rupture de liens avec sa famille. Des programmes éducatifs mandatés par les tribunaux, des programmes de prévention ou des discussions avec les parents dans les écoles sembleraient pertinents afin de diminuer la parentification.
Inspiré de la pratique de l’auteure auprès de personnes en situation d’exil et de précarité rencontrées en centre d’hébergement pour demandeurs d’asile, cet article questionne la parentalité interne (Ciccone, 2012) dans l’économie psychique d’un homme confronté pendant son enfance aux mauvais traitements de son père et au départ définitif de sa mère, longtemps violentée. L’auteure s’intéresse à ses efforts pour se différencier des violences subies mais aussi à la reproduction inconsciente des rapports d’emprise et d’abandon, manifeste dans le lien transférentiel, et à sa propre paternité dans un parcours d’exil et d’errance en quête d’objets parentaux. Le travail thérapeutique se focalise sur la restauration de ses capacités de contenance et de transformation dans une clinique du lien intersubjectif et intrapsychique.
Prendre soin d’un parent souffrant de la maladie d’Alzheimer place l’ensemble de la famille dans des circonstances complexes et difficiles. Cet article s’emploie à comprendre comment la maladie d’Alzheimer vient convoquer l’histoire familiale, ses conflits et ses traces du négatif, perturbant à la fois les liens familiaux et l’inscription des proches dans leur rôle d’aidant. Les auteures rendent compte d’entretiens cliniques à visée de recherche menés auprès d’une fratrie de quatre sœurs confrontées à la dépendance de leur mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. À partir d’une analyse phénoménologique, elles montrent l’importance de la désorganisation des liens familiaux et la réactivation des conflits dans l’organisation concrète des aidants autour du parent malade. Les enfants confrontés à la maladie grave d’un parent doivent non seulement réaliser un travail d’acceptation de la maladie, mais aussi réélaborer l’histoire familiale ainsi réactivée.
La problématique de la séparation est inhérente aux violences conjugales. Le couple se fonde sur le fantasme : être tout pour l’autre et que l’autre soit tout pour soi ou tout à soi. Le choix du conjoint est massivement narcissique et s’associe à des angoisses d’effondrement du Moi. L’hypothèse présentée dans l’article est que l’objet premier fut probablement insuffisamment sécurisant et constitué pour que le sujet puisse s’en séparer sans crainte d’un effondrement psychique. Cette fragilité expliquerait l’absence d’intériorisation de l’objet absent et donc un défaut de symbolisation. Dans ce contexte, l’emprise serait une tentative de négociation et d’apaisement des angoisses de perte de l’objet premier. Ainsi, les difficultés liées à la séparation dans le couple s’articuleraient à l’angoisse de perte d’objet.
Paru dans la revue Dialogue, n° 227, mars 2020, pp. 57-73.
Mots clés : Enfance-Famille, Couple, Thérapie de couple, Conjoint, Narcissisme, Altérité, Conscience de soi, Inconscient, Séparation, Psychisme, Souffrance psychique
Cet article se propose d’éclairer les processus inconscients mobilisés dans la thérapie analytique du couple. Ceux-ci se centrent autour de deux axes : le pôle narcissique du lien et le pôle objectal du lien. Dans chacun de ces axes, la réflexion de l’auteur s’oriente sur les effets dans le couple des difficultés de séparation, de différenciation, de subjectivation et s’alimente de vignettes cliniques. La compréhension des difficultés de séparation psychique explique l’altération dans la rencontre de l’autre. L’article propose un éclairage sur le dispositif de thérapie en couple et son bénéfice.
Paru dans la revue Dialogue, n° 226, décembre 2019, pp. 17-33.
Mots clés : Enfance-Famille, Couple, Tiers, Expérimentation, Relation femme-homme, Thérapie de couple, Psychisme, Séparation, Personnalité, Norme sociale, Narcissisme, Mode de vie, Cohabitation
Pour vivre en couple et rester soi, un écart entre les conjoints est nécessaire. La vie actuelle, quand le tiers est peu ou mal intériorisé, permet aux couples de vivre selon des situations sociales différentes – et variables dans le temps. Parmi celles-ci, la non-cohabitation. Un exemple clinique montre les étapes par lesquelles sont passés les conjoints d’un jeune couple au cours de la thérapie, de la vie en groupe à la non-cohabitation. Quand ils se séparent, ce n’est pas pour se séparer, mais pour expérimenter une relation conjugale pouvant les conduire à un couple psychique dans lequel chacun peut se sentir exister. L’article montre comment ces étapes leur ont permis d’approfondir et de transformer leur relation.
Paru dans la revue Dialogue, n° 226, décembre 2019, pp. 35-51.
Mots clés : Enfance-Famille, Divorce, Séparation, Garde alternée, Silence, Culpabilité, Déni, Maintien du lien, Psychanalyse, Rupture, Haine
À partir de son écoute de psychanalyste avec des enfants et des adultes, l’auteure s’interroge quant aux aménagements nouveaux de la répartition du temps et des espaces entre les parents séparés et désireux de préserver le lien avec leurs enfants. D’une part, les discours banalisent la séparation en s’appuyant sur une réalité statistique qui témoigne de la fréquence des divorces, d’autre part ils tentent d’atténuer les effets mortifères sur les enfants en déniant la réalité du changement, quel que soit l’aménagement spatio-temporel de la nouvelle configuration familiale. L’enfant est souvent appelé à faire allégeance au fantasme de la continuité, en dépit de la rupture ; à charge pour lui d’assumer la mort d’un projet familial, dans le travail de deuil de la famille.
Paru dans la revue Dialogue, n° 226, décembre 2019, pp. 113-132.
Mots clés : Enfance-Famille, Autorité parentale, Conflit, Couple, Divorce, Magistrat, Garde alternée, Séparation, Maintien du lien, Fratrie, Grands-parents, Intérêt de l'enfant
Lorsque le couple se sépare, les liens se distendent mais ne sont pas immédiatement rompus. En effet, la séparation effective se trouve retardée pour diverses raisons : d’abord parce que l’un des époux – voire les deux – peut ne pas vouloir, au regard de convictions personnelles, envisager de rompre le lien conjugal ; ensuite parce que les époux peuvent se trouver confrontés aux lenteurs d’une procédure de divorce ; enfin – et plus généralement – parce que la séparation passe aussi par le retour à l’autonomie financière et patrimoniale, imposant à chacun de décider du partage des biens acquis pendant la vie commune. S’agissant des enfants communs, le législateur de 2002 a limité les effets de la rupture du couple parental en tenant l’enfant éloigné des conflits et des bouleversements engendrés par la désunion de ses parents, consacrant ainsi la notion de coparentalité, et ce dans l’intérêt des enfants. Au-delà, il s’agit également de garantir à l’enfant le maintien des liens qu’il a pu entretenir jusqu’à présent avec chaque composante de son entourage familial (frères et sœurs, grands-parents).