Les foyers de jeunes travailleurs (FJT) sont entrés dans l’ère du new management et des logiques gestionnaires, comme l’ensemble du secteur social. Pourtant, leur accueil est essentiel pour les jeunes dont l’insertion socioprofessionnelle est difficile en raison de leur isolement (lié notamment à leur rupture familiale) et/ou de la dégradation du contexte économique. À quels enjeux les FJT doivent-ils faire face pour mener à bien leur accompagnement vers l’autonomie ? C’est ce que cet article propose d’aborder à travers le prisme du vécu de jeunes résidents et des pratiques de professionnels. Ces derniers, comme les jeunes et l’institution, sont sous tension. Ils doivent répondre à des injonctions paradoxales, composer avec des décalages de temporalités, et mettre en œuvre des stratégies d’ajustement pour répondre au mieux à leurs missions.

L’auteur, professeur de philosophie en lycée, a participé pendant quinze mois au travail de rue d’une équipe de prévention spécialisée. La position atypique de l’intervenant a été acceptée tant par les jeunes, qui se sont piqués au jeu de la dialectique philosophique, que par les professionnels, plus habitués à collaborer avec des psychologues et des sociologues. Quel éclairage spécifique peut apporter la philosophie à la question : « Que signifie faire le récit de soi ? » ?