Les violences institutionnelles persistent, y compris dans les établissements de protection de l’enfance. L’institutionnalisation elle-même peut être une violence. Quelles explications apporter ? Comment y répondre ?

Je suis étudiante à l'institut de formation pour le travail éducatif et social (ITES) de Brest-Quimper et je me présente au diplôme d’État d'assistant de service social en juin prochain. Entrée en septembre 2013, j'ai bénéficié d'une formation personnalisée sur cinq ans. Ce parcours singulier m'a permis de commencer à construire mon identité professionnelle à mon rythme, en travaillant ma compréhension des enjeux de cette profession et la place que je peux y prendre, grâce à une diversité plus large de rencontres de terrains et de professionnels.

Mon concours à ce numéro provient d'un double mouvement : une expérience longue en qualité de cadre de formation aux professions éducatives et sociales dans des organisations issues de l'éducation populaire et la mise en perspective d'une recherche s'intéressant aux processus de construction identitaire en formation. Dans cet aller-retour, mon intention est d'identifier en quoi l'analyse des pratiques en formation par la recherche-action sert la construction d'un positionnement professionnel. Ou comment, au sein d'un collectif en formation, la construction d'une professionnalisation passe par l'élucidation des tensions identitaires qui la jalonne. C'est clairement la compréhension de la transformation identitaire d'acteurs en situation de changement qui est ici mobilisée. Il est cherché à valoriser les dimensions identitaires constitutives de la professionnalisation en travail social : le moi personnel, le moi professionnel et le moi engagé. Le support illustratif de notre propos est l'accompagnement de futurs éducateurs spécialisés entre transformation des pratiques professionnelles en formation (rendre intelligible une pratique) et logiques d'actions (conscientiser les enjeux en termes de discernement, distanciation, engagement, positionnement.)