Documentation sociale

Vous êtes étudiant, professionnel, enseignant, documentaliste, chercheur en travail social ?
Accédez ici à tous les outils de PRISME vous permettant de chercher de la documentation et de suivre une veille documentaire spécialisées dans le secteur des sciences sociales et de l'action sociale.

Réponses 1 à 3 sur un total de 3

Votre recherche : *

Par les yeux des femmes, l’exil

Article de Benoît Hervieu Léger, Adelina Miranda, Léopoldine Leuret, et al.

Paru dans la revue Projet, n° 392, janvier 2023, pp. 10-69.

Mots clés : Immigration-Interculturalité, Immigration, Exil, Femme, Emploi précaire, Regroupement familial, Traumatisme, Mineur isolé étranger, Mineur non accompagné

Les migrations féminines sont longtemps demeurées à l’ombre des gros titres et de l’attention générale dans les pays dits d’accueil. Pourtant, elles représentent aujourd’hui plus de la moitié des personnes migrantes. A-t-on enfin dépassé l’angle mort ? Un pan du voile a certes été levé au début de la pandémie du Covid-19. L’utilité sociale de certains métiers (caissières, aide à domicile, employées d’entretien, etc.) a jeté une lumière neuve sur celles qui les occupent : très souvent, des citoyennes de pays tiers, notamment africains.

Accès à la version en ligne

Femmes et violences de l'exil

Article de Chloé Rousset, Déborah Schoenmaeckers, Jane Freedman, et al.

Paru dans la revue L'Observatoire, n° 95, avril-juin 2018.

Mots clés : Immigration-Interculturalité, Immigration, Exil, Femme, Genre, Care, Déracinement, Exclusion sociale, Mutilation sexuelle, Vulnérabilité, Prostitution, Trafic d'être humain

Depuis la "crise" migratoire de 2015, on ne compte plus les discours médiatiques et politiques sur les migrations, mais rarement, ceux-ci prêtent attention au genre. Pourtant, les femmes font l’objet d’inégalités et, ce qui va particulièrement nous intéresser dans ce numéro, de violences de genre qui influent sur toutes les étapes de leur parcours migratoire.

Dans leur pays d’origine, tout d’abord, elles sont victimes de violences de genre qui sont souvent la cause de leur exil, tels que viols dans le cadre de conflits armés, mariages forcés, violences conjugales, mutilations génitales, grossesses ou avortements contraints et plus largement atteintes à leur droit fondamental à disposer de leur corps, …

Sur le trajet, ensuite, les femmes qui fuient leur pays pour demander l’asile chez nous sont les premières à faire les frais de routes migratoires de plus en plus longues, dangereuses, éprouvantes, sous l’effet de la fermeture des frontières et des bouleversements géopolitiques récents. Elles se retrouvent à la merci de passeurs, d’hommes migrants ou encore de gardes-frontière sans scrupules.

Dans le pays d’arrivée, enfin, elles sont confrontées à des violences – de la part de leur conjoint, de leur (belle-)famille ou d’autres membres leur communauté – qui prolongent celles qui existaient déjà dans leur pays d’origine. Mais il arrive aussi que la migration aggrave ou même déclenche des violences conjugales et intrafamiliales, sous l’effet de divers facteurs : changements dans la répartition des rôles au sein du ménage (hommes affaiblis dans leur posture de chef de famille, …), fragilisation des familles qui peut entraîner un recours plus rigide à des coutumes et des traditions afin de solidifier leur position, anxiété due à l’incertitude et à la précarité du statut de séjour, …

Les procédures et démarches pour obtenir le statut de réfugié ou un autre droit de séjour s’accompagnent, par ailleurs, de violences institutionnelles qui touchent parfois plus durement les femmes. Certaines dispositions légales accentuent encore leur vulnérabilité, à l’instar de la loi sur le regroupement familial qui les place pendant plusieurs années sous la dépendance administrative et financière de leur conjoint.

Ces femmes en exil font également l’objet d’exploitation et de mauvais traitements au sein de ce secteur traditionnellement peu réglementé et mal rémunéré qu’est le secteur des services domestiques et de l’aide aux personnes, leur principale source d’emplois. En grande précarité administrative, économique, sociale et familiale, certaines vont jusqu’à être contraintes de se prostituer.

Ces violences, ou d’autres encore, sont souvent conjuguées ou renforcées par les discriminations dont elles font l’objet en raison de leur double condition de « femmes » et de « migrantes ».

Tout en prenant en compte les obstacles structurels à l’émancipation et à l’intégration de ces femmes fragilisées, ce dossier met en lumière divers services et projets qui, au sein des secteurs psychosociaux, cherchent à les aider, dans leur diversité culturelle et personnelle, à se reconstruire, à trouver une place, à se projeter dans l’avenir. À (re)prendre, finalement, le contrôle de leur existence… et de leur corps.

Pour réaliser ce dossier, que nous avons pensé à la fois comme un outil de sensibilisation, de réflexion et d’intervention pour tout travailleur psycho-médico-social en contact avec des femmes migrantes, nous avons notamment bénéficié des avis pertinents du Centre Régional d’Intégration de la province de Luxembourg (CRILUX) et pris appui sur la journée « Violences de genre en contexte multiculturel et de migration » qu’il a organisée, en décembre 2017 et en mars 2018, en collaboration avec le Service Egalité des Chances de la même province. Les orateurs de cette journée (GAMS, Centre Exil et M. Miguel Sierra de La Voix des Femmes) ont ainsi contribué au numéro.