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Paru dans la revue Métiers de la petite enfance, n° 328, avril 2024, pp. 14-15.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, État dépressif, Santé mentale, Professionnel de l'enfance, Tabou, Enfant handicapé, Souffrance psychique, Honte, Handicap psychique, Etablissement d'accueil du jeune enfant, Culpabilité, Qualité, Accueil, Jeune enfant
Lorsque l’on évoque le mot “handicap” dans le cadre de l’accueil de la petite enfance, on pense directement aux tout-petits et aux familles, à comment l’équipe va ou doit les accueillir, aux conditions nécessaires pour le faire correctement. On oublie que les professionnels peuvent aussi être touchés. Cela est d’autant plus vrai pour les handicaps invisibles qui, par définition, ne se voient pas. En effet, autant les professionnels de la petite enfance en fauteuil roulant doivent être rares, autant les personnes en dépression ou en burn-out sont nombreuses dans ce milieu. Pourtant, le handicap généré par ces pathologies demeure du côté des non-dits.
Paru dans la revue Dialogue, n° 238, décembre 2022, pp. 55-68.
Mots clés : Handicap-Situations de handicap, Polyhandicap, Narcissisme, Culpabilité, Honte, Famille, Souffrance psychique, Traumatisme, Relation enfant-parents, Enfant handicapé
Au polyhandicap sévère, la société a réagi de trois manières différentes : par une « hémiplégie » visuelle d’abord, en l’ignorant, par une atteinte de son narcissisme, liée à sa culpabilité de le rejeter, et par une effraction enfin des enveloppes familiales. Pour les familles et les équipes éducatives, c’est la rencontre pérenne avec la différence, le traumatisme, mais aussi avec le déni. Même si historiquement cette prise en compte évolue, un travail de lien est à réaliser, ce que l’auteure illustre par diverses situations issues de sa pratique.
Paru dans la revue Dialogue, n° 236, juin 2022, pp. 151-165.
Mots clés : Handicap-Situations de handicap, Psychologie clinique, Enfant handicapé, Fratrie, Éducation spécialisée, Souffrance psychique, Culpabilité, Honte, Relation familiale
"Ma connaissance des fratries comprenant un enfant ayant un handicap est issue de ma pratique de psychologue clinicienne dans un service de soins et d’éducation spécialisée à domicile. Elle vient aussi d’une recherche menée dans un cadre universitaire, qui s’appuie non seulement sur des analyses de livres, d’articles, de témoignages écrits, mais aussi sur des entretiens réalisés auprès d’adultes ayant un frère ou une sœur atteint d’un handicap et d’adultes de fratries « normales » servant d’échantillon-témoin. Pourquoi cette recherche ? C’est que, si de nombreuses études analysent les incidences de la naissance d’un enfant ayant un handicap sur la vie psychique des parents et proposent des moyens pour alléger leur souffrance, rien de tel n’existe pour la fratrie de ces enfants. Par ailleurs, les parents abordent le sujet avec beaucoup de réticences."
Si la plupart des personnes ayant subi des violences sexuelles dans leur enfance n’ont pas tous pour destin de devenir agresseurs sexuels à l’âge adulte, l’inverse n’est pas toujours vrai. Mais comment prendre en compte ce traumatisme dans la psychothérapie, alors que ces patients ont souvent mis en place tout un panel de mécanismes de défense ? Comment les aider à se reconnaître eux-mêmes comme victimes des violences subies dans le passé et prendre ainsi conscience de leur responsabilité dans celles qu’ils ont infligées ? Engager un travail sur la honte et la culpabilité semble être ici un levier thérapeutique intéressant.
Article de Lucie Kiledjian, Christelle Bilhou, Mathilde Heslon
Paru dans la revue L'Autre, vol. 22, n° 2, avril-juin 2021, pp. 211-220.
Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Mariage, Viol, Relation enfant-mère, Honte, Culpabilité, Réparation, Image de soi, Représentation sociale, Mayotte
Les vécus et conceptions du viol de jeunes filles à Mayotte sont le lieu de la construction d’intolérables contradictoires: si le statut de victime est attribué à l’adolescente par les professionnels, la mère le revendiquera également face à l’imprudence de sa fille. Face à ce constat, une anthropologue et deux psychologues cliniciennes apportent un éclairage en trois temps. La description anthropologique de la constitution de l’honneur féminin autour de la puberté et de la virginité montre une relation de dépendance entre mère et fille dans leurs rituels du cycle de la vie respectifs. L’analyse clinique des vécus subjectifs de ces intolérables sociaux révèle le risque de désarrimage social et symbolique que mères et filles expérimentent alors. Enfin, les intolérables existent aussi pour les professionnels qui mettent beaucoup d’espoir dans la judiciarisation des évènements. Bien que non privilégiée par les familles, cette dernière peut avoir différentes fonctions psychiques et sociales pour les filles et pour leurs mères.
Paru dans la revue Thérapie familiale, vol. 42, n° 2, juin 2021, pp. 89-111.
Mots clés : Courants de pensée en sciences humaines, Abus sexuel, Inceste, Pédophilie, Répétition, Thérapie, Approche systémique, Prise en charge, Honte, Culpabilité, Victime, Identité sexuelle, Enfant maltraité, Thérapie familiale, Traumatisme, Image de soi
La pratique clinique avec les auteurs d’abus sexuels se révèle riche d’enseignements utiles à l’accompagnement thérapeutique des victimes. Je voudrais ici nuancer certaines idées reçues et m’affranchir d’une vision manichéenne auteurs-victimes qui s’avère contre-productive sur le plan clinique. Diaboliser l’agresseur, présenté comme entièrement mauvais, n’aide pas la victime à élaborer ses pénibles sentiments de honte et de culpabilité, aussi infondés soient-ils, en partie liés à la relation complexe et ambivalente qui a pu se nouer entre eux. Des pistes cliniques intégrant cette complexité seront suggérées.
En 2013 la réalisatrice Alexe Poukine rencontre une jeune femme, Ada, qui lui raconte un viol qui lui est arrivé neuf ans plus tôt. Des comédiennes, mais aussi des psychologues, des avocats, des prostitués, ou encore ses amis proches, des femmes et des hommes, de tous âges, s'emparent des mots d'Ada en y mettant un peu de ce qu'ils sont. Puis ils commentent, expriment ce qu'ils ressentent et comprennent (ou pas) de ce récit. Puis le texte d'Ada les emmène peu à peu vers leur propre vécu, leurs propres expériences, douleurs et hontes enfouies, qu'ils soient femmes ou hommes, agresseurs ou agressés. En complément : Trois entretiens : "La prise en charge médico-légale" (19 min), "La dissociation" (15 min) et "La culture du viol" (16 min).
"Tout enfant grandit au milieu des secrets, simplement parce qu'il est confronté à des mots, des mimiques et des attitudes d'adultes dont il ne comprend pas le sens. Bientôt, il questionne. Parfois on lui répond, ou on lui sourit en lui disant qu'il le saura quand il sera plus grand. D'autres fois, ses questions suscitent chez ses parents des réactions de colère, de tristesse ou de gêne incompréhensibles.
Ces réactions, qui sont les « suintements » d'un secret de famille, incitent l'enfant à penser qu'on lui cache quelque chose de grave, et l'invitent à le deviner tout en lui interdisant tacitement d'y parvenir. De cette injonction contradictoire naissent des troubles dans sa construction psychique : le traumatisme vécu et tu caché par la première génération « ricoche » sur la deuxième, voire sur la troisième.
Pour en guérir, il faut commencer par accepter que ces secrets s'opposent moins à l'idée d'une Vérité qu'il faudrait découvrir qu'à la communication entre les membres de la famille. Et la première chose à dire à un enfant pour commencer à l'en libérer est : « Tu n'y es pour rien ». " (4ème couv.)