"Dans les institutions, la mort par maladie, la mort violente, la mort inattendue ou non d'un enfant, d'un parent, d'un collègue laissent, le plus souvent, les équipes, les familles, les usagers, désemparés. Les directions, les personnels se trouvent dans la nécessité de gérer ces situations et sont parfois contraints de se défendre face à la Justice tout en devant, dans le même temps, expliciter la situation et accompagner les enfants et adolescents accueillis et leurs familles. Culpabilité et responsabilité sont alors aux prises avec la problématique du risque à prendre et de ses limites dans l'éducation et le soin. La mort n'est pas une question exclusivement individuelle ; c'est une question qui traverse la famille, les groupes et les institutions. Le souci des professionnels est de lier la mort à la vie afin de favoriser toute possibilité de travail de deuil, de tenter d'en faire une issue créatrice où héritage et transmission organisent la temporalité inventive des espaces de langage, de la mise en récit et en sens."

"En raison des troubles perturbant son fonctionnement intellectuel et l'empêchant de faire des apprentissages, l'adolescent malade quitte le système scolaire pour être hospitalisé en hôpital de jour. Comment raccommoder ces deux temps désormais disjoints de la maladie et de l'école ? Il s'agit ici de présenter un dispositif de soins-études élaboré à l'hôpital de jour du Parc à Bordeaux depuis une vingtaine d'années et visant à créer une véritable interaction entre la prise en charge médicinale et la prise en charge scolaire.
À travers la présentation générale du dispositif et l'exposé d'une étude de cas, les auteurs, enseignants dans cette institution, proposent une réflexion sur leur identité d'enseignants confrontée, au fil des années, aux exigences du travail thérapeutique. Une identité métissée nourrie des tensions entre soin et étude, une pratique pédagogique ouverte à la question thérapeutique." [Présentation de l'éditeur]

Face à la violence de certains jeunes, les équipes professionnelles peuvent avoir du mal à trouver des réponses adaptées. Bien souvent, ces réponses sont données dans l'urgence, évacuant par là-même le temps d'élaboration nécessaire pour comprendre la demande de ces jeunes.
Une recherche-action, à destination des responsables des structures travaillant avec ces jeunes, a pour objectif de clarifier les missions de chacun, de croiser les regards sur un quartier et de mettre en commun des stratégies et des actions pouvant être complémentaires. Revenir vers les jeunesses, pour comprendre et prendre en compte leur demande, permet de travailler avec elles à développer des outils et à les mettre en ouvre dans des actions transversales au quartier, au collège et aux structures qui les connaissent. Dans un deuxième temps, il est possible de revenir vers le réseau professionnel, avec des outils de réflexion et d'analyse.[présentation de l'éditeur]

Parcours d'une personne centrale, Jean Plaquevent, créateur d'établissements pour enfants et adolescents dans le Sud de la France dans le contexte de l'après-guerre de 1939-40.

Les contraintes sont toujours censées venir d'ailleurs : des autres, d'Amérique du Nord, de l'industrie... Elles brutalisent les aidants et les aidés, les travailleurs sociaux et les « travaillés » par le social... Qu'en est-il du « sujet » qui perd sa souveraineté aujourd'hui, qu'il soit dans un Foyer, en prison, à l'école, à l'hôpital, au pôle Emploi, ou devenu une ombre silencieuse dans les rues ? Pris dans la tourmente d'une activité professionnelle dite « contrainte » par des réalités institutionnelles nouvelles, les acteurs d'aujourd'hui sont soumis à des injonctions paradoxales répétées : principe de précaution et obligation de prendre des risques par exemple. Les « demandes » évoluent, réponses rapides et résultats exigés. La technologie confondue avec la science incite à demander la maîtrise de la maladie, la mort, la sècheresse, les inondations, le chaud, le froid, l'angoisse... La rationalité des contraintes et des mesures rassure certains, tandis que d'autres défendent le « tout subjectif » sans mesure et sans compte-rendu. Le social est-il encore un travail ? Y a-t-il encore des travailleurs sociaux ? Ce numéro rassemblera témoignages et approches de ces réalités par ceux qui les vivent et ceux qui essayent de les penser.

Nous assistons, depuis de nombreuses années, à un changement du paysage social qui interroge nos pratiques professionnelles et, plus radicalement, le fondement institutionnel de nos établissements sociaux. Les politiques sociales, et notamment celle de 2002-2, pas seulement autour du droit des usagers, mais sur la police des établissements, les évaluations internes et externes, les incitations aux mutualisations de moyens, les regroupements_, sont inscrites dans une période traversée par une crise de l'institution en général, par des contraintes économiques, une évolution des populations accueillies, de l'articulation complexe du collectif et de l'individu, et la perte de la fonction d'autorité : autant d'éléments qui nous convoquent à re-penser le territoire d'hospitalité que nous sommes en devoir d'offrir aux jeunes et à leurs familles. La proposition de ce texte s'attache délibérément à questionner, plutôt que de poser la question de l'autre, à formuler la problématique, ou plutôt la dialectique qui est à l'ouvre dans notre rencontre à l'autre, obligée pour lui et qui nous oblige.

Les mecs se trouvent aujourd'hui confrontées à la question de leur propre « adaptation ». Le caractère « collectif » de leur modalité d'accueil est de plus en plus pointé comme une limite et l'individualisation de l'accompagnement du jeune devient un principe obligé. Ce changement d'orientation est déployé dans une relative confusion conceptuelle qui a renforcé le trouble des identités de métier présentes dans ce champ d'intervention, singulièrement la fonction éducative. Cet article revient sur cette dernière par un effort de définition qui montre les tensions qui y sont nécessairement à l'ouvre, entre intervention directe sur l'usager et intervention indirecte sur le cadre, entre omniprésence du collectif et prise en compte du sujet dans sa singularité, posant son rapport à l'institution comme un objet à travailler.

L'auteur propose une réflexion autour de l'éducation à la spiritualité pour des enfants accueillis en mecs. La liberté, l'égalité et la fraternité, triptyque républicain, sont autant de voies possibles à emprunter pour envisager un éveil et une prise en compte de la dimension spirituelle d'un enfant. L'hypothèse de l'auteur est de considérer que la dimension spirituelle ne doit pas être négligée dans une mecs, si l'on prétend que ces institutions ont pour ambition d'accompagner des enfants à devenir des hommes libres et responsables.

Notre mecs est une petite structure. Il semble logique que le quotidien, proche d'une « vraie vie », soit favorable à un travail éducatif de qualité. Mais le fait de le penser ne le justifie pas, on est simplement dans un imaginaire d'idéal institutionnel. Nous observons que les adultes qui travaillent dans cette mecs sont arrivés avec des projections positives qui donnent consistance à un Autre. Les enfants sont dans une position diamétralement opposée. Comment créer un quotidien où chacun va concilier avec un semblant, savoir s'y prendre avec l'Autre pour « renégocier » son a priori de départ.

Les trajectoires des jeunes qualifiés d'« incasables », semble-t-il aujourd'hui relativement nombreux, viennent interroger la notion de continuité éducative. Ces jeunes qui passent d'un établissement à l'autre mettent en lumière ce qui peut sembler insuffisant en matière d'articulation des diverses interventions. Le lien entre continuité éducative et contenance sera ainsi interrogé, au regard des évolutions contemporaines du travail social.