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Comment font les établissements qui recourent peu, voire pas, aux mesures d’isolement et de contention en psychiatrie ? Au quotidien, on observe que les pratiques reposent sur la disponibilité soignante, un solide collectif de travail, une libre circulation des usagers et un choix important d’activités. Plusieurs acteurs sont engagés dans ces changements : le patient, le soignant, le gestionnaire et le politique. État des lieux et retours d’expériences.
Ce dossier comporte les articles suivants :
- Isolement, contention : où en est-on ? ;
- « L’attacher au lit ? On essaie plutôt de l’attacher à nous ! » ;
- Quand le passé éclaire le présent… ;
- Un modèle pour prévenir la coercition ;
- De l’art d’« être avec » ;
- Un espace digne de confiance… ;
- « Nos portes restent ouvertes !… » ;
- Tenir bon avec « l’ingérable » Mouaad… ;
- « J’ai envie de tout défoncer… » ;
- Plaidoyer contre les soins « contraints et forcés » ;
- Moindre recours ou refus de la contention ?
Né d'une double interrogation soignante et éthique sur les enjeux relatifs aux usages de la contention, ce projet mobilise différentes compétences académiques, professionnelles et expérientielles pour imaginer et tester un dispositif de moindre recours et complémentaire à la contention involontaire. Pour renforcer l'autonomie du sujet pris en soin et faire de ce dispositif un outil de soin capacitaire, nous développons la notion de de contenance volontaire tout au long de la démarche recherche-action. Celle-ci est collaborative depuis ses débuts, impliquant usagers, soignants, directeurs hospitaliers, chercheurs et designers.
Depuis la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016, le cadre réglementaire légiférant le recours à l'isolement et à la contention ne cesse de se renforcer. Entre contraintes et opportunités, ce changement de paradigme continue d'interroger les professionnels de santé. Alors que certains utilisent quotidiennement le recours à des mesures coercitives, d'autres n'y recourent qu'exceptionnellement voire jamais. Ce constat questionne l'intérêt de ces pratiques dans les soins psychiatriques, notamment dans ses effets secondaires négatifs et potentiellement grave. Revues de littérature, recherches, programmes de réduction, expériences de terrain, efficacité, effets secondaires, vécus, alternatives : de nombreuses initiatives guident aujourd'hui les orientations internationales vers un moindre recours, voire dans certains pays, une interdiction aux mesures d'isolement et de contention. L'auteur convoque ici des éléments de la littérature internationale, que dit la science aujourd’hui ?
Paru dans la revue Santé mentale, n° 260, septembre 2021, pp. 28-33.
Mots clés : Santé mentale-Souffrance psychique, Citoyenneté, Contention, Isolement, Accès aux droits, Équipe soignante, Compétence, Psychiatrie, Approche historique, Pratique professionnelle
Depuis une quinzaine d'années, un cadre juridique s'efforce d'encadrer isolement et contention, dans la perspective du respect des droits fondamentaux du patients. Or il peine à être appliqué et malgré les années qui passent, les évolutions peinent à se faire, enclenchant des textes toujours plus détaillés, vers un "moindre recours" de ces mesures. De nombreux acteurs dénoncent "l'impossibilité" d'appliquer la loi. Dans une perspective historique, cet article présente les mouvements et courants qui ont tenté, à différentes époques, de soigner sans isolement/contention. Dans les années 1950-1960 puis les années 1990-2000 notamment, de nombreux établissements ont ainsi développé des pratiques de contenance psychique et de désamorçage de conduites d'agitation. Cette démarche permet de retrouver des savoir-faire qui permettront de redonner à chaque patient sa pleine citoyenneté.
Le problème de l'isolement et de l'usage des contentions en psychiatrie doit être pensé dans une perspective complexe. L'auteur postule ici que ces mesures relèvent d'habitus puissants des soignants, la socialisation professionnelle des soignants en psychiatrie étant fortement influencée par l'idéologie sécuritaire ambiante d'une part, et l'indigence des apports théorico-cliniques d'autre part. Réintroduire des compétences théorico-cliniques est essentiel, afin de favoriser la rencontre et soutenir les capacités de contenance psychique des soignants.
Article de Maïna Le Helley, Noémie Rapegno, Cécile Rosenfelder
Paru dans la revue Revue française des affaires sociales, n° 2, avril-juin 2021, pp. 57-75.
Mots clés : Santé-Santé publique, Santé mentale-Souffrance psychique, Épidémie, Habitat collectif, Psychiatrie, Maintien du lien, Prévention sanitaire, Pratique professionnelle, Autonomie, Isolement, Établissement social et médicosocial, Travailleur social, Liberté, Droits des usagers, Crise
Cet article propose de donner à voir la gestion de crise de Covid-19 dans quatre habitats collectifs et accompagnés en santé mentale. Il repose sur l’analyse d’entretiens réguliers réalisés avec des professionnels de ces lieux de vie, de mars 2020 à juin 2020. Les habitats ont suivi les directives destinées aux établissements médico-sociaux, cherchant un cadre de référence pour protéger les locataires du virus. Pendant le confinement, les accompagnements habituellement proposés dans ces habitats (et qui sont majoritairement pensés pour favoriser l’autonomie dans la vie quotidienne) ont été réduits et recentrés sur le maintien du lien avec les locataires et sur des actions de prévention. Le déconfinement a été placé sous le signe de la prudence et s’est effectué de manière progressive. Les professionnels, confrontés à de nouvelles épreuves et à de nouveaux dilemmes pour concilier les principes de protection et d’autonomie, ont dû redéfinir leurs pratiques.
L’utilisation de l’isolement et de la contention n’est ni une pratique récente ni une pratique rare dans les services de psychiatrie. ...Le but de cette étude est de voir comment, au travers d’une revue de la littérature, est abordé le sujet de la limitation des mesures de contraintes de par le monde et de définir une direction future de recherche...
L'isolement, et surtout la contention, font émerger de réelles questions éthiques, organisationnelles et cliniques. Ces mesures compromettent en effet souvent l'alliance thérapeutique et retardent le rétablissement. Mais, dans un contexte hospitalier "tendu", elles restent parfois nécessaires. Comment certaines équipes parviennent-elles à orienter leurs pratiques vers des alternatives plus humaines, pour les patients et les soignants ? Partage d'expériences.
"L'isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours." Cette injonction du législateur reste une notion floue pour des soignants qui parfois "n'ont pas le choix". Le dernier recours, c'est n'utiliser ces mesures que quand une relation d'apaisement empathique a échoué, quand un traitement médicamenteux adapté n'a pas été accepté ou n'a pas apaisé le patient, quand les techniques de désescalade n'ont pas eu de résultat et quand une analyse clinique laisse penser que ces pratiques sont proportionnées à la gravité des troubles et aux risques encourus.