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Jusqu’où attendre son retour ? Le placement d’enfants ou la lente dépossession des parents de classes populaires

Article de Hélène Oehmichen

Paru dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales, n° 250, décembre 2023, pp. 40-57.

Mots clés : Enfance en danger-Protection de l’enfance, Enfant placé, Parentalité, Temps, Contrôle social, Placement, Durée

La loi prévoit aujourd’hui que, lorsqu’un·e enfant est retiré·e de sa famille pour être placé·e, le placement se termine dès que les institutions judiciaires et administratives actent la fin du danger au domicile parental. Le placement ouvre ainsi le temps d’une parentalité suspendue à l’attente du retour de l’enfant. À partir d’une enquête ethnographique et statistique sur les institutions de placement et sur les parents concernés, l’article explore la façon dont l’attente et la menace de sa prolongation sont utilisées comme levier de contrôle et de normalisation des classes populaires – et plus particulièrement des mères. Cela passe notamment par l’imposition d’attentes intermédiaires. Leur respect conditionne la durée du placement, ce qui participe à la reproduction de l’ordre social – ordre de classe, de genre et de santé. Pour la majorité la plus dominée des parents, le placement perdure. Face à ce provisoire qui dure, les parents – socialisés de façon différentielle par les attentes, intermédiaires et finale, et conscients de l’inefficacité des efforts accumulés – développent deux types stratégies de cessation de l’attente : la déparentalisation et l’institutionnalisation de leur parenté.

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La visite à domicile et ses déclinaisons : le chez-soi, territoire de l'action publique

Livre de Catherine Sellenet, édité par l'Harmattan, publié en 2021.

Mots clés : Accompagnement de la personne et identité, Intervention à domicile, AED, Aide à domicile, AEMO, Habitat individuel, Intimité, Contrôle social, Puéricultrice, Assistant maternel, Enquête sociale, Protection de l'enfance, Placement, Suppléance familiale, Soutien à la parentalité, Coéducation, Observation

Le domicile, lieu protégé par la loi, est aussi le lieu où s'invitent des professionnels de plus en plus nombreux. Leurs missions s'exercent sous le vocable "visite à domicile" , au coeur de l'intime, pour des raisons multiples. La gamme est variée de ces intrusions douces, demandées, ou contraintes. Cette intervention à domicile, qui peut être dérangeante, se fait au nom de l'enfant, de son bien-être.
Mais comment les intéressés vivent-ils cette incursion dans leur intimité ? Quelles stratégies d'accueil ou de protection de l'espace mettent-ils en oeuvre ? Quels avantages pour les professionnels à quitter leur lieu institutionnel pour ainsi s'aventurer en terrain inconnu ? D'une visite à l'autre, entrons dans l'espace préservé du chez-soi des familles.

Vagabondes, voleuses, vicieuses : adolescentes sous contrôle, de la Libération à la libération sexuelle

Livre de Véronique Blanchard, Frédéric Chauvaud, édité par Ed. François Bourin, publié en 2019.

Mots clés : Justice-Délinquance, Délinquance juvénile, Déviance, Violence, Jeune en difficulté, Fugue, Adolescent, Fille, Approche historique, Société, Représentation sociale, Stéréotype, Norme sociale, Discrimination sexuelle, Genre, Inégalité, Justice des mineurs, Délit, Sanction, Mesure éducative, Enfermement, Contrôle social, Placement, Psychiatrie, Violence institutionnelle, Révolte

Luce : « vagabonde » ; Adèle : « voleuse » ; Émilienne : « vicieuse ». Trois mots, qui valent rappel à l'ordre, réquisitoire, sanction. Ou comment le langage, le système éducatif, la psychiatrie et l'institution judiciaire construisent le féminin, en lui opposant des contre-modèles. Dans les années 1950 et 1960, une adolescente a tôt fait de virer « mauvaise fille » : un flirt, une sortie au bal ou au café, voire une simple fugue de quelques heures peuvent suffire à enclencher l'engrenage judiciaire, qui la conduit devant le juge des enfants. Beaucoup seront ensuite placées en internat, hospitalisées, ou emprisonnées. Un mécanisme que Véronique Blanchard dévoile à travers l'analyse de centaines de documents exhumés des archives du tribunal pour enfants de la Seine. Les voix des jeunes filles qui en surgissent racontent autant de trajectoires brisées, de rêves réprimés — et de révoltes indomptées. Elles nous plongent dans les coulisses de la fabrique du genre et des inégalités. Car si les lois ont évolué, si les regards portés sur le genre ont changé, si les adolescentes d'aujourd'hui ne portent plus les mêmes prénoms, certains mécanismes, eux, perdurent : ces voix n'ont aujourd'hui rien perdu de leur force subversive