« Nous sommes passés de la logique d'entraide à la logique d'accompagnement. Le résidant doit aussi se prendre en charge. Aide-toi, le ciel t'aidera » . Depuis quelques années, le secteur du travail social subit de nombreuses transformations liées notamment à un processus intense de rationalisation...

Les mecs se trouvent aujourd'hui confrontées à la question de leur propre « adaptation ». Le caractère « collectif » de leur modalité d'accueil est de plus en plus pointé comme une limite et l'individualisation de l'accompagnement du jeune devient un principe obligé. Ce changement d'orientation est déployé dans une relative confusion conceptuelle qui a renforcé le trouble des identités de métier présentes dans ce champ d'intervention, singulièrement la fonction éducative. Cet article revient sur cette dernière par un effort de définition qui montre les tensions qui y sont nécessairement à l'ouvre, entre intervention directe sur l'usager et intervention indirecte sur le cadre, entre omniprésence du collectif et prise en compte du sujet dans sa singularité, posant son rapport à l'institution comme un objet à travailler.

Les maisons d'enfants à caractère social, souvent issues des orphelinats, ont été longtemps considérées comme un lieu de substitution par rapport aux familles. Dans les années 1980, leur place était quasiment inexistante dans le travail éducatif en internat. C'est avec la dimension éloignée des représentations parentales que la pratique éducative dans les placements s'y développait. L'accompagnement des enfants y était souvent pensé sans lien avec elles, parfois pensé contre elles. Aujourd'hui, un changement est amorcé dans le secteur de la protection de l'enfance. Mon propos vise à rendre compte, à partir de mon expérience, des moments clés qui permettent d'associer les parents dans la prise en charge à des étapes « charnières » comme l'admission, le séjour, la sortie.