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Paru dans la revue Déviance et société, vol. 47, n° 2, juin 2023, pp. 243-281.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Femme, Détenu, Enfermement, Genre, Représentation sociale, Stéréotype, Norme sociale, Dévalorisation, Image de soi, Belgique
Sur la base d’une recherche empirique, le présent article vise à documenter le traitement des femmes incarcérées dans les prisons belges. Des observations et des entretiens ont été menés avec des femmes détenues dans 7 établissements pénitentiaires du pays, ainsi qu’avec des membres du personnel tant de services internes qu’externes. Les auteures analysent d’abord les conséquences pour les femmes de leur statut de minorité en détention, combiné au principe d’incarcération séparée selon les sexes. Ensuite, elles montrent comment les représentations genrées à l’œuvre dans les pratiques carcérales confèrent aux femmes un statut inférieur et dévalorisé au sein d’une institution pensée par et pour les hommes.
Les femmes font l’objet d’une importante invisibilisation dans les études dédiées au monde carcéral. La présente étude s’intéresse au profil des femmes incarcérées en Belgique francophone. Le cœur de cet article consiste à dresser un portrait descriptif de l’ensemble des femmes condamnées et incarcérées au sein d’un établissement belge francophone entre 2019 et 2021 (N=261). Par la mobilisation d’une approche quantitative, les dossiers pénitentiaires des 261 femmes composant notre population ont été consultés et analysés de manière systématique. Les résultats révèlent que ces femmes condamnées sont, pour la majorité, incarcérées pour des infractions contre les biens et les propriétés – de nature non violente – et présentent par ailleurs une série de vulnérabilités sur les plans social, économique, individuel et relationnel (faible niveau d’instruction, précarité professionnelle et de logement, présence d’une consommation de substances psychoactives, relations sociales dysfonctionnelles, etc.), soulignant ainsi l’existence d’un lien indéniable entre vulnérabilités et délinquance féminine. La mise en évidence d’une série de caractéristiques propres aux femmes incarcérées vient alimenter les connaissances à propos des femmes délinquantes et établir un point de départ pour identifier les éventuelles spécificités relatives à cette population et offrir, à ce titre, une base comparative future avec la population masculine.
Article de Gilles Chantraine, David Scheer, Clément Beunas
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 46, n° 3, 2022/3, pp. 273-287.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prison, Administration pénitentiaire, Radicalisation, Religion, Intégrisme, Islam, Terrorisme, Détenu, Détention, Pratique religieuse, Prévention, Accompagnement, Belgique, France
À la suite des attentats djihadistes perpétrés durant la décennie 2010, la « lutte contre la radicalisation » s’est imposée comme une préoccupation majeure des États d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord, et a suscité le développement d’un vaste arsenal visant à endiguer ce phénomène. Au cœur de ces stratégies politiques, les administrations pénitentiaires occupent une place cruciale qui s’explique en partie par les critiques sévères qui leur ont été adressées quant à leur rôle supposé dans la radicalisation des détenus. Dans ce cadre général, ce numéro thématique de Déviance et Société vise à étudier ce que la lutte contre la radicalisation fait à la prison, et analyse, sur la base d’études de cas, les manières dont l’impératif de lutte contre la radicalisation a été décliné par les administrations pénitentiaires belges et françaises. Il relève, au-delà de leurs spécificités nationales, les multiples points de jonction, les paradoxes similaires et les tensions communes qui caractérisent la lutte contre la radicalisation en détention.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 45, n° 4, décembre 2021, pp. 581-611.
Mots clés : Justice-Délinquance, Prostitution, Milieu urbain, Environnement, Rue, Norme, Norme sociale, Déviance, Perception, Sexe, Sexualité, Liège, Belgique
À partir d’une enquête quantitative sur la population du centre-ville de Liège (n=557), cette contribution analyse les perceptions des habitants vis-à-vis des nuisances engendrées par la présence d’une activité prostitutionnelle, et plus largement de divers commerces à caractère sexuel. Les résultats, tendant à démontrer la coexistence a priori paradoxale d’une certaine tolérance abstraite vis-à-vis du phénomène et d’un rejet net de ses manifestations concrètes, sont interrogés à l’aune des logiques économique et morale qui les parcourent, puis discutés en regard du contexte néolibéral global et à la recherche d’attractivité qui caractérisent les grandes villes européennes.
Paru dans la revue Déviance et société, vol. 45, n° 2, 2021, pp. 289-318.
Mots clés : Justice-Délinquance, Peine de substitution, Contrôle judiciaire, Détenu, Contrôle, Prison, Expérience, Expérimentation, Responsabilité, Bracelet électronique, Belgique
La surveillance électronique, instaurée en Belgique à l’aube du XXIe siècle, est un mode alternatif de détention qui prive l’individu de sa liberté tout en s’exécutant en dehors de la prison. À partir d’une approche anthropologique du quotidien et sur la base d’une enquête de terrain combinant observations ethnographiques et entretiens compréhensifs, cet article tente de mettre en lumière, du point de vue des condamnés, les dessous de l’expérience de la surveillance électronique en Belgique francophone. À l’instar des recherches précédentes dans le domaine, l’article souligne le double rôle joué par le milieu d’accueil et le milieu de guidance qui entourent le détenu pendant la mesure, oscillant constamment entre aide et contrôle. Il prolonge les recherches existantes en mettant en évidence le caractère fragmenté et intermittent de cette forme particulière de surveillance qui rend partiellement visible l’individu surveillé et qui induit chez ce dernier une hyper-responsabilisation et un stress quasi permanent.
Paru dans la revue Pensée plurielle, n° 50, 2019, pp. 101-113.
Mots clés : Justice-Délinquance, Sanction pénale, Peine de substitution, Contrainte, Espace, Temps, Stigmatisation, Violence, Identité, France, Belgique, Suisse
Cet article examine le rapport à la violence de la peine de placement sous surveillance électronique sur le quotidien de ses porteurs. Il s’agit d’une mesure technologique qui renouvelle la finalité de la peine. La violence de la peine du bracelet électronique est proprement reconfigurée car elle concerne les supports de l’identité des porteurs. Durant la peine, le corps, l’espace privé et l’emploi du temps (des porteurs condamnés) deviennent des supports de contrainte et de peine. Ces différents supports engendrent ce que nous définirons comme la « peine de soi ».
Cet article présente quelques considérations méthodologiques, épistémologiques et éthiques concernant une utilisation « décalée » des statistiques en justice pénale. Un tel usage est qualifié de « décalé » en ce qu’il cherche à identifier, non pas les prédicteurs relatifs à la récidive des infracteurs, mais les prédicteurs relatifs aux activités (avis et décisions) des décideurs pénaux. Produire un tel type de données statistiques peut s’analyser comme une contre-conduite (de la part du chercheur) cherchant à en produire d’autres dans le chef des détenus et des décideurs. L’article illustre cet usage décalé à partir d’une recherche relative à la prise de décision en matière de libération conditionnelle en Belgique.
Paru dans la revue Les Cahiers dynamiques, n° 66, avril 2016, pp. 62-68.
Mots clés : Jeunesse-Adolescence, Justice-Délinquance, Enfance en danger-Protection de l’enfance, Justice, Mineur, Adolescent, Délinquance, Prévention, École, Acteur scolaire, Belgique, France, Wallonie
Si l’on compare la fédération de Wallonie Bruxelles et la France ; une différence saute aux yeux : dans cette communauté fédérée de Belgique on ne parle pas de délinquants mais de mineurs ayant commis un fait qualifié infraction... Et derrière ces mots, une différence d’approche. Pourtant, la rencontre avec divers acteurs de la justice de ce pays, magistrat, conseiller ou coordonnateur pédagogique, permet aussi de trouver bien des ressemblances. Parmi elles, la réflexion engagée sur la nécessité qu’il y aurait à intervenir dans les familles bien avant l’adolescence.