Refaire la cité implique d'en comprendre son histoire et son évolution. À partir d'un quartier de la banlieue d'Angoulême, le processus de ghettoïsation est appréhendé sous un angle sociohistorique et sociologique. La place de ceux qui y habitent met en exergue l'ambivalence des acteurs dans leurs rapports au quotidien du quartier. La question de l'institutionnalisation des territoires est passée au prisme goffmanien pour une lecture des capacités d'action en jeu dans certaines cités françaises.

Les structures de l'économie sociale et solidaire mettant souvent en avant leurs valeurs, cet article est centré sur le processus de transformation des valeurs en réalités, au cours duquel cinq phases sont repérables : l'évaluation, la concertation, le diagnostic, la prospective, la coordination. Cescinq phases permettent d'identifier cinq compétences-clés, de gestion,d'animation, de transmission, de développement et d'accompagnement. Avec la question des spécificités de l'ESS en termes de compétences, nous essayons de poser, au-delà, celle de ses différences avec le reste de l'économie et de souligner l'intérêt supérieur de la démocratie en économie.

Plus qu'un propos introductif, l'article pose le cadre des débats de ce numéro en inscrivant les enjeux actuels d'un rapprochement entre le travail social et l'économie solidaire comme essentiels. Confrontés à leurs limites, les deux champs peinent à construire ensemble, ceci entraînant même une certaine ambivalence dans les pratiques. Quel pont construire entre le travail social et l'économie solidaire ? Qu'est-ce qui pourrait animer ce lien pour conduire vers un travail social et solidaire ?

L'article rend compte des enjeux de l'économie sociale et solidaire à travers l'exemple d'une association. Sa dynamique propre témoigne d'une créativité institutionnelle et d'un anti-utilitarisme appliqué (dons, encastrement). Pour autant, elle tombe dans des écueils qui sont peut-être inhérents à l'économie sociale et solidaire : manque de conflit, infléchissement de la dimension politique. Peut-être qu'un détour vers l'associationnisme historique pourrait être une solution pour dépasser ces contradictions ?

Le développement du commerce équitable en France témoigne d'un élan de solidarité avec les pays du Sud. A travers l'étude de cas d'une association de commerce équitable, Artisans du monde, cet article montre comment les échanges économiques concrets peuvent être conciliés avec la recherche de l'établissement de règles de justice à un niveau international. Les motivations des membres de cette association sont analysées à travers une mise en perspective historique. Le contexte d'émergence d'Artisans du monde en France est présenté en lien avec les recompositions des courants tiers-mondistes. L'engagement dans ce mouvement s'avère porteur de recherche de meilleure connaissance des problèmes socio-politiques globaux, mais aussi d'une prise de conscience de la possibilité d'agir directement sur leurs causes.

S'appuyant sur une expérience de direction d'un centre social englobant une entreprise d'insertion et un réseau de circuit-court, une AMAP, l'article interroge les limites et les écueils des dispositifs de l'économie sociale et solidaire, sans pour autant renier l'enjeu politique de ceux-ci. Comment éviter le cloisonnement entre des activités d'économie sociale et les logiques économiques traditionnelles ? Les politiques compensatoires permettent-elles une émancipation durable des actions de l'économie sociale et solidaire ou participe-t-elle d'une marginalisation de celles-ci et de ses acteurs ?

Les profondes modifications des politiques publiques dans le champ social nourrissent le sentiment que les institutions actives dans le domaine du handicap et de l'insertion par l'économique deviennent des brancardiers de l'économie dominante. Ce qui a pu être perçu, durant une période, comme des innovations a pris progressivement une dimension palliative qu'il est devenu important de dépasser. Pour cela, il s'agit de pouvoir articuler un engagement à court terme dans les prestations nécessaires pour les bénéficiaires avec un engagement à long terme pour une économie plus sociale et plus solidaire. En tant que dirigeants d'organisations, dont les missions s'inscrivent pleinement dès l'origine dans ces valeurs, les auteurs déclinent leur prise de position au regard des processus de management et du développement de nouveaux projets.

Au vu de la conjoncture économique actuelle et du développement de l'Economie sociale et solidaire, les spécificités des Structures d'insertion par l'activité économique (SIAE) sont caractéristiques des enjeux qui animent le champ de l'ESS. En effet, prises en étau entre des logiques économiques et sociales, les SIAE tentent de trouver leur équilibre face à cette dualité. Après neuf mois d'enquête de terrain, nous avons pu constater que l'organisation financière peut être contraignante et que l'accompagnement professionnel et social est parfois difficile à mener. Nous apporterons des explications sur cette dualité qui nous paraît centrale au fonctionnement des SIAE et nous essaierons de mettre en relief les conséquences de ce système.

Le recours au travail bénévole, dans les associations relevant de l'action sociale, est un phénomène important qui permet d'affirmer que ses acteurs participent pleinement aux actions professionnelles des institutions. Dès lors, la question de l'articulation de leurs actions avec celles des salariés constitue une problématique centrale en matière de professionnalisation. Si les contours de ce groupe sont assez bien décrits dans la littérature scientifique et professionnelle, il n'existe pas, en revanche, de référence permettant de définir les grands enjeux de l'articulation entre ces deux catégories d'acteurs. En interrogeant des associations concernées par cette problématique, nous proposons d'alimenter le débat, relevant de la sociologie des professions, appliqué aux associations d'action sociale, en dégageant des modèles d'articulation, la catégorisation de différentstypes de bénévolat et une proposition de processus collectif de débat résolutoire.

Ces dernières années en Europe, un type spécial de bénévolat est devenu de plus en plus populaire : le bénévolat d'entreprise. Les employés de nombreuses entreprises se sont engagés dans des projets, à la fois sur le plan local et global. Alors que les organisations du secteur social font face à de sévères restrictions budgétaires dans de nombreux pays, les discussions ont porté sur l'engagement pour la société d'acteurs-tiers, tels que les entreprises, les établissements d'enseignement et de formation, et la montée en puissance de leur rôle pour « combler le vide ». Cet articleexplore les différentes perspectives théoriques sur le bénévolat d'entreprise à un niveau micro (bénévoles), méso (les entreprises et les organisations du secteur social) et macro (Etats, régions et communautés). Les matériaux empiriques sont tirés du niveau méso, à partir du point de vue des acteurs d'organisations du secteur social, en utilisant une recherche qualitative sur la situation Viennoise.