L’objet de cet article vise à montrer combien le support de l’image photographique peut aider dans la démarche biographique souvent présente dans l’accompagnement en milieu ouvert. L’hypothèse ici est de développer une méthodologie pour que les recueils d’histoires ne soient plus seulement des bouts, des miettes, mais se constituent petit à petit dans une histoire plus large (familiale, sociale).
La posture clinique adoptée, spécifique aux « récits de vie », s’inscrit dans la tentation que chacun a de comprendre sa vie, d’en trouver le fil conducteur, pour « mettre en intrigue » des événements sélectionnés.

Pour des personnes ayant été adoptées, la consultation de leur dossier d’origines représente plus qu’une simple lecture de faits. Tout comme le roman familial qui marque une phase dans la structuration psychique, ce moment s’apparente à une étape existentielle durant laquelle le sujet va se retrouver confronté à une partie de lui-même. Divers mécanismes psychiques vont alors être mis en place pour y faire face. Des exemples cliniques illustrent ces réactions et montrent que seul un accompagnement psychologique avec une écoute permet une élaboration psychique singulière dans la construction de son propre récit de vie.

Ce texte est un très long segment, parfois intégral, d’un chapitre de livre intitulé « Pour une improbable méthode. Et si par hasard on se retrouvait dans des cartons : histoire familiale orale, archives et autres écrits ». Ce chapitre figure dans un collectif d’auteurs ayant pour titre Récits inachevés : réflexions sur la recherche qualitative en sciences humaines et sociales, publié aux Presses de l’université d’Ottawa (2016) sous la direction de Isabelle Perreault et Marie-Claude Thifault.